La quadrature du sexe

DSK : le crime était presque parfait

par Elisabeth Lévy

Si Dieu existe, je lui remets l’Oscar du meilleur scénariste du monde. Quel talent ! Le plus audacieux des faiseurs de succès hollywoodiens n’aurait jamais osé inventer les derniers rebondissements de l’affaire DSK. D’ailleurs, dans un film, on aurait trouvé à la fois incroyable et de mauvais goût qu’une telle tragédie s’achevât par un happy end. En attendant, je me plais à imaginer le héros injustement diffamé savourant l’honneur et la liberté retrouvés comme il a enduré l’opprobre et s’amusant, tel Edmond Dantès concoctant le plan parfait de la vengeance, des visages blêmes de ceux et surtout de celles qui l’avaient enterré vivant – plus confortablement qu’au château d’If mais dans une solitude tout aussi effroyable.

Entretien avec Henri Guaino

par Daoud Boughezala, Élisabeth Lévy, Isabelle Marc handier, Gil Mihaely · visuels: Hannah Assouline

Le conseiller spécial du Président de la République est un ami – le seul que j’aie dans le premier cercle du pouvoir. Contrairement à nombre de nos camarades de feue la Fondation Marc Bloch où il s’engueulait déjà avec Emmanuel Tod sur le protectionnisme, je ne crois pas qu’il soit l’alibi républicain du Président. Certes, il lui est arrivé de manger son chapeau et, plus souvent encore, de se retenir de faire un esclandre. Mais il faut mal connaître ce personnage que Nicolas Sarkozy disait, selon Yasmina Reza, « un peu fêlé », pour le soupçonner d’insincérité.

La France en deuxième division ? Pas sûr...

par Jean-Luc Gréau

On me pardonnera de recourir à une métaphore sportive pour traiter un sujet grave et complexe, obsédant et à juste titre pour les quelques économistes qui s’attachent à discerner le futur sans se laisser aveugler par une idéologie prémâchée. Acteur majeur des économies occidentales pendant les Trente Glorieuses et encore après, la France sera-t-elle reléguée dans l’obscurité d’une deuxième division économique ou reviendra-t-elle dans le peloton de tête de la compétition mondiale?

Maltraitance de sous-traitants

par Luc Rosenzweig

Le mieux est l’ennemi du cost-killer

Endettez-vous qu’ils disaient !

par Georges Kaplan

Si l’industrie financière et le marché immobilier états-uniens sont de véritables barils de poudre, c’est d’abord à l’intervention de l’État qu’on le doit : soutien à l’accession à la propriété – principalement orchestrées par les opérateurs parapublics Fannie Mae et Freddie Mac –, garantie implicite des dettes des banques par le gouvernement fédéral et réglementation bancaire mal pensée se sont conjugués pour rendre la situation explosive.

FN : un colloque new-look

par Nathalie Krikorian-Durons oy, Daoud Boughezala

Quelques badauds, des familles venues avec leurs enfants, des jeunes en nombre, style bobo ou, plus inattendu, des éphèbes en habits moulants : malgré la présence de militants au style « crâne rasé », on avait du mal à reconnaître le traditionnel public du Front national dans ce meltingpot de looks. Ce petit monde hétéroclite s’est pourtant retrouvé un jeudi après-midi de juin pour écouter les proches de Marine Le Pen plancher sur « La République et les zones de non-droit ». Organisé par le Club Idées Nation du frontiste Louis Aliot, ce premier colloque devait valider la nouvelle identité politique « mariniste » du Front national.

République, politique, schmilblick

par François Marchand · visuels: Nicolas de Courteille

S’il y a un bien un mot démonétisé (pour reprendre l’expression d’Aragon), c’est « République ». En son nom prospèrent théories, anathèmes, revendications, péroraisons, invocations d’à peu près tout ce que ce pays compte d’esprits creux. « République » est le schmilblick de notre temps, joker universel qui permet de compléter n’importe quelle phrase un peu vague. Mais l’unanimité qu’il suscite justifie qu’on regarde un peu sous le tapis, rien que pour être désagréable.

Mélangeons les genres !

par Elisabeth Lévy

Je vous le concède, la ficelle est un peu grosse. Parler sexe pour appâter nos lecteurs et concitoyens au moment où ils s’adonnent à la religion de la mer et du soleil, cela semble assez convenu. Croyez-le ou pas, en choisissant cette « une », nous n’étions pas seulement animés par de basses (mais légitimes) préoccupations mercantiles, mais par le souci de coller à « l’actualité ». N’ayez crainte, nous n’allons pas vous infliger nos dernières divagations sur les rebondissements de l’affaire DSK, aussi fertiles soient-ils pour l’imagination. Que chacun se sente libre d’écrire la fin de la pièce à sa guise, cela fera un épatant devoir de vacances, valable de 7 à 77 ans.

L’égalité dans le désir : une revendication déplacée

par Claude Habib

À l’évidence, toutes les femmes doivent quelque chose au féminisme : le droit d’étudier, le droit de vote, le droit de travailler sans l’accord de qui que ce soit, père ou mari, le droit à la contraception et à l’avortement… Ces gains de liberté ont façonné nos vies. Cette situation produit une difficulté pour qui veut tenir une position critique. La dette étant évidente, toute dissidence a l’air d’une ingratitude.

Délit conjugal

par Cyril Bennasar

« Nous sommes toutes des femmes de chambre abusées!», bramait une poignée de féministes il y a peu. « Nous sommes tous des Nafissatou Diallo ! », lisait-on sur le site du comité de défense d’« Ophelia » (son pseudonyme dans son job). Depuis, si l’on croit les dernières révélations venues d’Amérique, la mère de famille noire, prolétaire et méritante s’est révélée prostituée occasionnelle en relation avec un escroc.

Jouir à Kaboul

par Paulina Dalmayer

Kaboul, de notre envoyée spéciale • Cela s’est passé à la sortie du « Table Talk », un restaurant situé au cœur du quartier des expatriés à Kaboul. À peine son arme récupérée du casier de consigne et placée dans le holster, à peine le seuil du sas franchi, E. me touche les fesses. Je me retourne et l’embrasse à pleine bouche, tout en arrangeant mon voile de façon à ce qu’il couvre mes avant-bras dénudés.

Éloge des plaisirs démodés

par Isabelle Marc Handier

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Libertin: les infortunes

par Jérôme Leroy

Il y a des mots qui n’ont pas de chance. Libertin, libertinage sont de ceux-là. Ils ont été victimes d’un détournement de sens. Près de quarante ans de pornographie institutionnalisée dans le cinéma, dans la pub puis sur les sites internet, sans compter les cahiers estivaux des magazines féminins sur le « baiser mieux » ont totalement dévasté une belle idée, annexée par les exigences du commerce.

De DSK à l’aspirateur en passant par le clito

par Coralie Delaume, David Desgouilles

Sans Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo, on n’aurait sans doute jamais vu Caroline de Haas à la télévision, Jamais le collectif Osez le féminisme ! n’aurait supplanté ses glorieuses aînées les Chiennes de garde sur la scène médiatique. Chargée de la communication de Benoît Hamon au Parti socialiste, cette jeune femme trentenaire a intelligemment profité des trois jours qui ont suivi le coup de tonnerre de New York − et des maladresses de bonshommes qui défendaient leur copain − pour aller porter la bonne parole sur les plateaux de télé. Avouons-le : nous avons bien ri en imaginant Caroline donnant aux mâles récalcitrants des cours d’aspirateur et des leçons d’anatomie féminine devant une affiche sensément représenter un clitoris mais où nous ne distinguions, pour notre part, qu’une sorte de dindon.

Oui au mariage, non au partage !

par Sophie Flamand

Il n’est pas dans mes habitudes de parler de ma vie de couple, mais la déesse qui commande aux jours et aux nuits de Causeur a émis le souhait que nous causions des rapports entre les hommes et les femmes pour égayer vos transhumances estivales.

Le Moyen Âge est l’avenir de la femme

par Jacques de Guillebon

Moi, je suis désolé, mais c’est le Moyen Âge. Et pas n’importe lequel, s’il vous plaît : celui du XVe siècle. Ce dernier instant d’un très jeune et très ancien monde, proche de verser dans l’infecte modernité, ce dernier instant quand les femmes furent libres avant que d’être condamnées à l’incapacité juridique pour cinq très longs siècles. Ce dernier rougeoiement de plaisir, de bonheur, un rougeoiement que l’on croyait encore être celui du matin toujours nouveau de ce qui est éternel, quand il était déjà vespéral et qu’on ne le savait pas.

Dieu aime le sexe

par Frigide Barjot

Mais c’est compter sans notre « dua » de choc, Caroline et Fiammetta1, qui, avec l’aide active d’Act Up et apparentés, prônent désormais une société où il n’y aurait qu’un sexe pour deux. Voire plus de sexe du tout, sous la feuille de vigne du «genre», promu aujourd’hui enseignement biologique (sic) obligatoire pour nos lycéens de première. Le moment est choisi : ne sont-ils pas en pleine construction de leur identité sexuelle et affective ? Et qui dit genre dit transgenre !

Entretien avec Alexandre Astruc

par Patrick Mandon 

Mandon  À 88 ans, Alexandre Astruc ne prétend pas à l’optimisme indécrottable de nos élites prolongées et ne se prend nullement pour une valeur morale incarnée. Il se contente d’être lucide, sobre comme un mathématicien. Cet artiste précis qui fut un jeune homme athlétique a reçu, lors du dernier Festival de Cannes, un prix spécial attribué par France Culture. Nous le connaissons depuis longtemps et nous l’avons rencontré, pour Causeur, au début du mois de mars. Comme toujours en hiver, il est arrivé vêtu d’un superbe manteau de cachemire un peu usé, ainsi qu’il convient à un dandy ou à un vieil adolescent aimable.

Quoi de neuf, Woody Allen ?

par Éric Vartzbed

Lors d’un récent séjour à Paris, j’ai vu le dernier film de Woody Allen, Midnight in Paris. Une subtile récréation, une parenthèse enchantée. Comme le disait Cioran, cette ville est en effet devenue un « garage apocalyptique ». Outre l’agressivité des Parisiens, partout l’encombrement, la tension, le bruit. Probablement sous l’influence du film, je bus un peu, me baladai dans les rues, rêveur, jusqu’à ce qu’un taxi, une Citroën DS noire (tirée d’un film de Melville) m’emmène dans les années 1960.

Israël pour les nuls !

Sarah Glidden est une jeune dessinatrice américaine qui vit et travaille à Brooklyn. D’un séjour en Israël, organisé dans le cadre du programme Taglit (visant à faire connaître la « Terre promise » à des jeunes Juifs du monde entier), elle a rapporté un carnet de voyage dense et passionnant sous la forme d’un magnifique roman graphique de plus de 200 pages. Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) nous fait vivre chronologiquement et en sept chapitres, ouvert chacun par une carte de la zone couverte, l’aventure de ce voyage initiatique prenant parfois – pour le plus grand dam de Sarah ! – des allures de simple virée touristique de jeunes en autocar.

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