Les Gaulois. La fin d’un mythe

Les gaulois. La fin d’un mythe

par MALRAIN (F.), POUX (M.)

Dévoreurs de sangliers, assoiffés de vins, bagarreurs et indisciplinés, rustiques et arriérés : autant declichés qui caractérisent, pour nombre d’entre nous, les Gaulois et leur civilisation encore largement méconnue du grand public. Cette image des peuples vaincus par Jules César qui occupèrent la Gaule avant les campagnes militaires de César (58/52 av. J.-C.) dans les années 50 av. J.-C. n’est pourtant plus d’actualité. Assenée à maintes générations d’écoliers sous la IIIe République, puis ancrée dans nos cerveaux par les aventures humoristiques et palpitantes d’une bande dessinée à succès, elle reste accrochée à notre mémoire collective. Mais les découvertes sont telles, qu’elles nous imposent de repenser le passé : ce numéro propose donc un petit tour d’horizon afin de corriger cette vision déformée en présentant au passage quelques résultats inédits fournis par l’archéologie préventive et programmée.

Le sanctuaire gaulois de Tintignac

par MANIQUET (Ch.)

En septembre-octobre 2004, les archéologues ont fait une découverte sensationnelle dans le sanctuaire gaulois de Tintignac à Naves (Corrèze). Pendant cinq semaines, d’une petite fosse située dans un angle de l’espace cultuel, ils ont extrait un à un près de 500 fragments d’objets en fer et en bronze. Les archéologues ont reproduit, mais avec le même soin, les gestes exécutés plus de 2 000 ans plus tôt.

Le mormont (Suisse)

par KAENEL (G.)

La colline du Mormont, située entre le pied du Jura et le Léman, dans la partie occidentale du Plateau suisse, à mi-chemin entre Yverdon-les-Bains et Lausanne, s’affirme sans conteste comme un site majeur dans la géographie de l’Europe laténienne, vers 100 av. J.-C.

Saint-Just-en-Chaussée

par MALRAIN (F.), Pinard (E.)

Sur plus de 2,5 ha, les archéologues ont fouillé une partie d’un très vaste sanctuaire gaulois sur la commune de Saint-Just-en-Chaussée (Picardie). D’importants dépôts de céramiques, de métal, de faunes ainsi que des sépultures singulières caractérisent ce lieu de culte et offrent des enseignements parfois inédits sur les pratiques cultuelles. Occupé pendant plusieurs siècles, avant et après la conquête romaine, quels savoirs nous apportent cette opération sur la période gauloise ?

Mandeure et ses sanctuaires gaulois

par BARRAL (Ph.), THIVET (M.), NOUVEL (P.)

L’agglomération gallo-romaine de Mandeure se trouve en Franche-Comté, dans la vallée du Doubs, à quelques 60 km de l’oppidum principal et chef-lieu de cité des Séquanes, Vesontio-Besançon. Alors qu’elle porte un nom typiquement celtique, Epomanduodurum, ses origines gauloises restent mal connues. Les recherches réalisées depuis 2001 sur le secteur sud-ouest de la ville antique, aux abords du théâtre remarquablement conservé, ont révélé la présence d’un complexe religieux, qui se développe à partir du IIe s. av. J.-C. et connaît une romanisation progressive.

Paule et l’évolution de son habitat

par MENEZ (Y.)

Le camp de Saint-Symphorien à Paule, dans les Côtes-d’Armor, est localisé au centre de la péninsule bretonne. La partie la plus densément occupée de ce site ainsi que quelques espaces à la périphérie ont été fouillés de 1988 à 2006, sur une superficie cumulée de 5 ha. Trois années d’études ont ensuite été nécessaires pour restituer l’apport de ces recherches à la connaissance de l’aristocratie de l’âge du Fer, dans le cadre d’une thèse soutenue en 2009 à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Ouessant, un passage obligé

par LE BIHAN (J.-P.)

À la pointe de l’Europe, la route maritime qui frôle la côte d’Ouessant est l’une des plus importantes du monde ; elle relie le golfe Persique et l’Amérique aux grands ports de l’Europe du Nord et le rail d’Ouessant supporte un trafic quotidien de plus de 3 millions de tonnes de marchandises. Quelle était la situation de la Protohistoire à l’Antiquité et quel fut le rôle joué par l’île sur la route atlantique entre le nord et le sud de l’Europe ? Les vestiges découverts à Mez-Notariou et les conditions de navigation suggèrent des réponses.

Colmar-Houssen

par ROTH-ZEHNER (M.)

La recherche sur la période gauloise en Alsace est récente. Démarrées timidement vers 1980, les découvertes d’établissements de La Tène finale (180/170 - 40/30 av. J.-C.) s’accélèrent dans les années 2000, relançant l’intérêt des chercheurs pour cette époque. Une abondante documentation s’offre à nous aujourd’hui permettant de brosser une image de la campagne gauloise, le long de la rive gauche du Rhin. Dans ce paysage rural, le site de Colmar-Houssen fait office d’exception par la nature de ses découvertes.

Moulay, ville gauloise fortifiée

par LE GOFF (E.)

À Moulay, en Pays de la Loire, vient de s’achever l’une des plus importantes fouilles menées à ce jour en Europe sur l’un des grands oppida de la Gaule. Les informations recueillies permettent de porter un regard nouveau sur la nature de ces grandes agglomérations fortifiées qui jalonnent l’Europe celtique des IIe et Ier s. av. J.-C., de l’Atlantique à la Hongrie, et qui marquent l’émergence de ce que l’on considère être les premières grandes villes de l’espace nord alpin.

Agglomérations gauloises

par RAMONA (J.)

On a longtemps considéré l’agglomération gauloise comme une sorte de forteresse haut-perchée, ceinte de fortifications. Dans la littérature ancienne, l’oppidum matérialise les velléités identitaires et les valeurs morales du peuple gaulois : force, fierté, résistance, indépendance… C’est pourquoi on s’est surtout intéressé à son seul rempart. Jusqu’à une date récente, on ignorait presque tout de la vie qui l’animait. Cette vision restreinte de la «ville» celtique peut aujourd’hui être complétée, grâce aux découvertes de l’archéologie préventive et programmée.

Le trophée de Corent

par GARCIA (M.)

Un projet de mise en valeur du sanctuaire de Corent, porté par le conseil général du Puy-de-Dôme, a donné lieu à une campagne de surveillance de travaux. De nouvelles observations ont pu être effectuées en divers points du sanctuaire, fouillé entre 2001 et 2005 sous la direction de M. Poux (université Lumière Lyon 2).

Un édifice de réunion d’époque gauloise à Corent

par POUX (M.)

En l’espace de dix ans, les fouilles de l’oppidum de Corent (Puy-de-Dôme) ont mis au jour les vestiges d’un sanctuaire gaulois inscrit au centre d’une vaste agglomération, occupée durant près d’un siècle et abandonnée dans le contexte de la guerre des Gaules. De la ville, il ne subsiste plus à l’époque romaine que le sanctuaire, reconstruit plusieurs fois entre le Ier et le IIIe s. ap. J.-C.

Outillage et agriculture à l’époque gauloise

par NILLESSE (X.)

À la fin de la période de La Tène, l’agriculture se développe intensément et la typologie de ses outils se fixe. Elle n’évoluera plus guère jusqu’à la mécanisation de la campagne. La plupart des instruments que nous utilisons aujourd’hui sont les mêmes que les Gaulois connaissaient ; c’est le cas des forces ou ciseaux à mouton, des houes ou encore des serpes à élaguer

Architecture gauloise

par MAGUER (P.)

«Vous n’aimeriez pas habiter de pareilles cabanes. La fumée vous piquerait les yeux et vous ferait pleurer». C’est ainsi que le fameux manuel scolaire de Ernest Lavisse de 1917 décrivait les maisons gauloises. Les centaines de fouilles menées depuis près de 30 ans sur les sites de l’âge du Fer en France montrent pourtant une réalité toute autre.

Lacoste et des productions artisanales

par SIREIX (Ch.)

Le site gaulois de Lacoste, à Mouliets-et-Villemartin (Gironde), occupe le replat légèrement surélevé d’une terrasse alluviale de la vallée de la Dordogne, et s’étend sur une superficie d’une vingtaine d’hectares à moins de 2 km au sud de la rivière. Son implantation n’est pas due au hasard. En effet, dans ce secteur situé à la charnière des territoires de plusieurs peuplades gauloises – Pétrucores, Nitiobroges et Santons – la rivière est encore sous l’influence des marées, ce qui place le site en zone de rupture de charge, position exploitée par l’intersection de deux importants axes de circulation.

Canal Seine-Nord-Europe

par PRILAUX (G.), TALON (M.)

Les fouilles entreprises sur le tracé du Canal Seine-Nord Europe ont livré aux archéologues de l’Inrap des témoignages saisissants sur l’occupation du sol depuis la Préhistoire jusqu’aux Temps modernes. Parmi ces découvertes, plusieurs tombes gauloises relevant de la sphère aristocratique qui permettent de relancer les problématiques sur la définition de cette strate de la société celtique.

Les Gaulois de Saint-Roch à Toulouse

par LEMAIRE (A.), JUD (P.), ALCANTARA (A.), ROUSSEAU (C.), VERRIER (G.), GASC (J.)

Depuis quelques années, les fouilles archéologiques préventives ont permis un renouvellement de la connaissance sur l’occupation gauloise de Toulouse et notamment du quartier Saint-Roch. La fouille actuelle de la ZAC Niel, menée par Archeodunum, apporte une vision à grande échelle d’une partie de l’agglomération protohistorique du IIe s. av. J.-C. On y retrouve tous les éléments constitutifs d’une agglomération laténienne auxquels s’ajoutent de nombreuses traces de contacts avec la Méditerranée.

La nécropole d’Attichy “Le Buissonnet”

par DESENNE (S.)

La nécropole d’Attichy «le Buissonnet» se localise sur une terrasse alluviale en bordure de l’Aisne entre Soissons et Compiègne, dans le département de l’Oise. Implantée sur une légère butte sableuse, l’occupation funéraire s’étend sur une surface d’environ 1 300 m2. L’intervention archéologique menée par l’Inrap à Attichy s’intègre dans le programme de surveillance des carrières de granulats des vallées de l’Aisne et de l’Oise, mené depuis les années 1970.