Les Antilles après le cyclone social

Ciel, un des joyaux du dernier Festival d’Avignon

par Pascal Sevez

Avec cette pièce, Wajdi Mouawad clôt son quatuor intitulé Le Sang des promesse. Mais si les trois premières pièces – Littoral (1999), Incendies (2003) et Forêts (2006) – renouaient avec la nuit des tragédies généalogiques des Grecs, tentant de piéger la question de l'identité dans les méandres d'une mémoire familiale, Ciels intervient comme un contrepoint, comme une mise en garde. Le sang continue à crier entre les générations mais pour laisser ici entendre une promesse d'avenir, une autre temporalité : « Le temps des revendications est passé, voici le temps hoquetant », redit le poème (...)

L’introuvable Etat palestinien

par Gilles Paris

Alors qu’au terme d’un long cheminement, le fait national palestinien est désormais reconnu et accepté par tous, la terre sur laquelle il entend s’ancrer semble se dérober. L’unanimité, étendue désormais au principal parti de la droite nationaliste, le Likoud, se heurte à un profond pessimisme concernant les modalités de sa réalisation. Un Etat palestinien «viable et continu» est-il encore possible ?

Les Antilles, après le cyclone social

par Daniel Maximin

C’est souvent ainsi aux Antilles : les cyclones n’entraînent pas une comptabilité des pertes mais remettent en question les mauvaises façons de bâtir. Cet hiver, un cyclone social s’est produit et a ouvert une réflexion approfondie sur la gouvernance, sur la place de l’Etat, sur le rôle des collectivités locales et sur la refondation d’un développement plus équilibré et durable.

Les mots pour se dire

par Michaël Foessel

L’envie de faire récit de soi s’exprime partout : de la psychologie commune à la mode de l’autofiction, en passant par la toile, la presse, l’école ou le tribunal. Le problème ne vient pas de ce que les histoires racontées sont de « petites histoires », mais de ce qu’une vie ne semble plus avoir d’autre légitimité que celle conférée par le récit. Gagne-t-on quelque chose à rappeler l’écart qui sépare une vie des récits que l’on peut en faire ?

Intégrisme catholique et politique

par Florian Michel

La liturgie est-elle un trompe-l’oeil ? La question intégriste serait-elle d’abord, dans son essence même, politique ? Une lecture de l’ouvrage de Mgr Lefebvre intitulé Ils l’ont découronné (1987), et de quelques-uns de ses sermons, montre que les enjeux politiques sont constitutifs de l’intégrisme ; ils se structurent autour d’un refus de la pensée politique de Jacques Maritain, dans la filiation directe de l’Action française.

La prison et ses aumôniers

par Jean Cachot , Jean-Louis Reymondier

Grâce à une bonne connaissance des détenus et du personnel pénitentiaire, les aumôniers entendent participer au débat sur la prison et sa finalité. Leur contribution se veut sans complaisance, constatant une surpopulation carcérale qui rend difficile tout travail de réinsertion. En dépit de ce contexte de promiscuité et de violence, ils témoignent de la nécessité de poursuivre un travail de responsabilisation et de pardon.

Débat sur l’anthropologie

par Pierre de Charentenay

Durant cette année 2009, des états généraux de la bioéthique ont été organisés à l’occasion de la révision en 2010 de la Loi relative à la bioéthique. Nous en avons parlé ici à plusieurs reprises, et nous venons récemment de publier un Hors-série qui retrace trente ans de discussions sur ce sujet. Les états généraux ont été l’occasion d’un vaste débat sur la vision de l’homme que chacun défend et veut promouvoir en raison. Des arguments multiples sont utilisés pour justifier des changements dans des questions aussi fondamentales que celle de la naissance ou de la mort. Tout le monde s’appuie sur la notion de dignité humaine, c’est déjà un point commun. Mais les conceptions de la dignité peuvent être diamétralement opposées. Pour certains, la dignité s’exprime par un refus de la dégradation de son apparence physique et de ses facultés intellectuelles. Pour d’autres, elle correspond précisément au contraire à la prise en compte de la vulnérabilité humaine dans le respect des personnes atteintes de handicaps ou de grandes maladies comme Alzheimer. De telles épreuves touchent les capacités d’autonomie et les compétences des individus, sans amoindrir leur part irréductible d’humanité.