Avant l’oeuvre

Parcourir un carré de toutes les manières possibles

par Esther Ferrer

Dans les années quatre-vingt, j’ai décidé d’ajouter une action de plus dans la série Parcours. L’idée m’est venue de le faire sur une figure géométrique très ordinaire. Le carré, c’était pour moi ce qu’il y avait de plus quotidien, et j’ai commencé à travailler sur le sujet. La première chose que j’ai faite était un texte suivi de croquis de toutes les figures que j’avais à parcourir dans l’action nommée Parcourir un carré de toutes les manières possibles.

Ressources graphiques pour perforateurs en création

par Alvaro Terrones

Pour se familiariser avec les ressources de visualisation graphique et sentir qu’elles font partie de l’art action, il faut d’abord de se mettre d’accord sur le sens du terme performance. La performance est un processus artistique complexe qui a lieu sur scène, un événement qui implique des éléments corporels, temporels et spatiaux. Le processus de création de la performance basé sur la planification diagrammatique est constitué de différentes phases qui interagissent et se rétroalimentent mutuellement : l’idéation, la projection et l’expérimentation.

Au-delà du croquis

par Carla Roca Mora

Approche des processus de création performatifs avant la présentation publique.

Dans l’atelier du performeur

par Jonathan Lamy

Nous avons peu d’occasions d’entendre parler les artistes de performance à propos de leur travail. Leur démarche, souvent, participe d’une réflexion soutenue. J’ai voulu entrer dans l’« atelier » de quelques performeurs pour en savoir un peu plus au sujet de ce qui se passe, du côté du créateur, avant la réalisation d’une oeuvre d’art action. Plutôt qu’un questionnaire strict, j’ai soumis à tous une même série de questions. J’ai ensuite relancé chacun et chacune avec une question particulière. Je voudrais ici remercier encore une fois Christian Messier, Martine Viale, Karine Turcot, Thierry Marceau, Michelle Lacombe, Étienne Boulanger, Victoria Stanton et Sylvie Tourangeau pour leur contribution. Le caractère extrêmement généreux de leurs réponses nous offre une véritable plongée dans l’intimité du processus de création. Il me donne également envie d’affirmer que, si la performance est un art de la présence, elle est aussi un art de la générosité.

Le scénario et le ce qui arrive

par Francis O'Shaughnessy

De nos jours, de nombreux artistes réalisent des performances à partir de scénarios préétablis. Paradoxalement, la performance est une activité qui se développe par rapport à ce qui arrive. L’imprévu est un élément incontournable dans l’art action puisque la volonté ne suffit pas. Dans mes haïkus performatifs, l’événement accompli miroite rarement l’événement annoncé ; la duperie n’est pas du côté de l’événement, mais du côté de l’« attente ».

Flaque et performance à Wolfenbüttel

par Lucie Mercadal

Il arrive de plus en plus que j’écrive, avant de réaliser une performance, un texte poétique (lettre d’invitation, description, etc.). L’écriture d’un texte peut aussi me servir pour constituer un compte rendu de l’action. Dans les deux cas, les textes ont un caractère volontairement subjectif et souvent ironique. Bien qu’ils soient liés à la présentation d’une performance, il s’agit pour moi de documents que je travaille de manière indépendante et qui existent de façon autonome. À ce jour, le meilleur exemple reste l’ironique lettre ouverte d’invitation que j’ai écrite en 2012 pour la présentation à la fois officielle et secrète de la performance Flaque et performance au Kunstverein de Wolfenbüttel en Allemagne. La lettre était disponible dans les locaux du Kunstverein, et il était prévu qu’elle soit publiée dans un journal local, mais le journal a refusé de diffuser l’information parce que je ne souhaitais pas communiquer une date précise pour la réalisation de la performance. t

2 600 grammes de papier

par Tom Johnson

Quand j’ai reçu l’appel à contributions pour ce numéro d’Inter sur l’avant-oeuvre, j’étais sur le point de jeter complètement un projet qui m’avait occupé depuis plus d’une année. Une oeuvre carrément ratée. C’était un bon « paquet ». Pour être exact, il s’agissait de 2600 grammes de papier – je ne sais pas combien de pages. Mais tout n’était pas perdu parce que, quand j’ai lu la lettre de Richard Martel, je me suis rendu compte que ce paquet était un superbe exemple d’avant-oeuvre, un travail qui représentait beaucoup d’idées, beaucoup d’espoir, avec en plus beaucoup de dessins en chiffres qui pourraient embellir très bien une édition, même si la musique qu’ils représentaient ne valait pas grand-chose. Pourquoi ne pas transformer tout cela pour une contribution à Inter ? C’est une très bonne revue, avec une longue histoire très respectable, et je n’y ai jamais contribué avant. C’était le moment.

L’écoute première

par Baudouin Oosterlynck

« L’artiste me prend pour un collectionneur. Le collectionneur me prend pour un artiste. Le dessinateur me prend pour un sculpteur. Le compositeur me prend pour un plasticien. Et quand je dis que je suis prof de gym, tout le monde rigole. » Cette « non-définition » que Baudouin Oosterlynck donne de lui-même sur son site Internet résume bien son parcours et son positionnement singulier dans le champ artistique contemporain. Considéré aujourd’hui comme un pionnier des arts sonores dans sa Belgique natale et au-delà, invité tant dans les institutions muséales que les festivals ou les lieux plus intimes, Baudouin Oosterlynck est avant tout un explorateur de l’écoute, une pratique qu’il réinitialise sans cesse et qui est, chez lui, une philosophie de vie régénérante et généreuse tant il est aussi un formidable médiateur de ses oeuvres qui ouvrent plus grand nos oreilles. Rencontre avec un créateur-chasseur de silences et de découvertes soniques.

Invitation à la population

par Patrick Dionne, Miki Gingras

Depuis 1999, nous créons des oeuvres photographiques qui s’inspirent et témoignent de la relation de l’individu avec son milieu et de sa capacité à générer des changements dans son environnement. Comme des témoins privilégiés, nous abordons visuellement ces réalités en explorant différentes formes de présentation du photographique afin de mettre en relief la dimension narrative de l’image. Autant d’un point de vue technique que relationnel, nous questionnons l’objectivité du documentaire ainsi que le rapport à la réalité du procédé photographique.

Les écritures sauvages

par Cindy Dumas

Consigner. Consigner pour ne pas perdre. Tout écrire et ne rien perdre. Je ne sais pas perdre car je thésaurise chaque instant. Je suis malade de la consigne.

La conquête

par Richard Martel

Issue d’une synthèse entre le performatif, l’installation et la vidéo, La conquête a présenté un lien historique entre la période amérindienne, l’arrivée des colons français et la réalité dans la ville de Québec qui fêtait en 2008 son 400e anniversaire de fondation. La colonisation, l’utilisation du territoire et la présence de la langue française se sont côtoyées dans ce projet où la parole questionnait l’action et où le nomadisme interrogeait la sédentarité.

Un oeil de verre pour capturer des prévisualisations

par Michaël La Chance

Vivre…, pour nous c’est, constamment, transformer en lumière, en flamme, tout ce que nous sommes ; tout ce qui nous touche, aussi. Regarde la lumière et considère sa beauté.

Avorter : l’oeuvre ou le procès ?

par Karine Turcot

Il y a de cela près d’un an, un jeune étudiant de l’Université Laval en arts nommé David Dulac était arrêté, incarcéré (avant et jusqu’à la fin de son procès du 26 mars au 19 juillet 2013, jour du jugement), soumis à des examens psychiatriques (pendant plusieurs jours consécutifs), puis condamné pour menace de mort suivant une proposition de performance qu’il avait faite dans le cadre de l’exposition de fin d’année du baccalauréat en arts visuels et médiatiques.

Le cadeau suprême pour Jeff Koons

par Monty Cantsin

Cher Jeff, Je suis Monty Cantsin, néoïste et star-de-la-pop-libre-dedroits. C’est avec un grand plaisir que je souhaite t’offrir «le don suprême », une surprise à ajouter à ton exposition monumentale ainsi qu’un signe de la haute estime que j’ai pour ton travail exceptionnel. J’espère que tu l’aimeras. Tu mérites ce cadeau parce que tu es un artiste éminent présenté par les musées les plus importants du monde, contrairement à moi, qui suis un criminel de l’art hérétique et récidiviste, banni de la plupart des musées

IRL vs AFK

par Alain-Martin Richard

La 15e édition du Carrefour international de théâtre, mai 2014, présentait deux productions1 pour alimenter la théorie des multivers, mondes parallèles, espaces virtuels et autres états seconds qui s’interpénètrent continuellement en une forme complexifiée du monde. Avec Cinq visages pour Camille Brunelle et iShow, la communication occupe l’espace central de la société. À partir de ces deux pièces, observons comment nous avons inversé le point de vue : ce que nous nommions jusqu’à récemment In Real Life (IRL) pour distinguer l’univers virtuel du monde « réel » est devenu Away From Keybord (AFK). Ainsi, c’est désormais le virtuel qui constitue la référence de base pour parler du monde et non plus le monde biologique.

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