Numéro 38

Robert Filliou

par Robert Filliou, Charles Dreyfus, Alain Gibertie, Ann Noel

Ce dossier sur Robert FILLIOU est un relevé des principales réalisations, textes théoriques et énoncés qui donnent l'essentiel de la pensée du phénomène FILLIOU. On pourrait discuter durant de lonque heures au sujet de son apport au développement de l'activité artistique, poétique, alternative. Il atoujours été marginal, à cheval entre la « poésie » et les « arts visuels ». Déjà en 1970 il publie «Teaching and Learning Performing Arts », livre dans lequel le « lecteur » est amené à jouer une part active. Il amène la notion d'« Eternal Network », le réseau éternel, celui des artistes de l'artenative, et ce, sous toutes ses formes. Il est aussi l'initiateur de la Biennale de la Paix, dont la deuxième édition se tiendra en août 88 à Amsterdam. C'est également de lui qu'est issu le thème « La Fête permanente», qui fut la problématique d'ensemble de pratiques artistiques performatives à la toute dernière dokumenta 8 de Kassel en Juin dernier. La disparition de FILLIOU n'en est pas une réelle car sa démarche créatrice est toujours actualisée par les artistes du réseau, particulièrement ici au Québec et au Canada...

(Rendezvous ou 28 juillet 1987) (La Société de conservation du Présent)

Le,(rendez-vous du 28 juillet 1987), c'était une manoeuvre télématique, une commémoration nouveau genre initiée par, (la Société de Conservation du Présent) (cf. INTER 36) pour fêter le centième anniversaire de naissance de Marcel DUCHAMP. Un réseau interactif de micro-ordinateurs reliait, depuis le Philadelphia Museum of Art où était postée la.(S.C.P.), plusieurs villes (Tokyo, Baltimore, Londres, Toronto, New York, Mexico, Montréal, Québec, Blainville en France) durant les 24 heures de leur fuseau-horaire respectif. (On pouvait aussi offrir ses souhaits de bonne fête de partout dans le monde en appelant tout simplement au Musée). Le Lieu à Québec fut particulièrement séduit par le projet qui devint le jour-dit une véritable opération discrète. Nous présentons dans ces pages des extraits des interventions du , (rendez-vous) et le plan de l'installation informatique réalisée par la ,(S.C.P.) au Musée de Philadelphia lors de l'événement. Vivement le posthume!

La fondation danae

par Charles Dreyfus, Acindino Quesada · visuels: Pierre-André Arcand, Carl Zimmerling, Bernard Heidsieck, Charles Dreyfus

Sur deux années,1986 et 1987, les événements D.A.N.A.E. ont matérialisé le projet L'espace / le temps mis en place pour amener l'idée, la consideration du concept, la capacité de la main (l'intelligence) à d'autres considérations, qui mettent en évidence les bouleversements opérés par la pratique artistique à partir principalement des années 1970. L'année 1986 avait déjà été dense en actions, interventions, performances, indications et installations. La diversité des participants a permis également l'échange d'abondantes informations. En 1987, une participation plus forte (une cinquantaine d'artistes) a offert un panorama très actif sur le plan international. es événements ont été constitués essentiellement d'actions, 'd'interventions dont le but dans l'ensemble portait sur la mo-i bilité du corps dans l'espace. Textes en action, gestes, paroles, espaces ouverts à travers des installations, participation du spectateur, ouverture d'un "espace autre". Participation collective, participation sociale. Il est clair qu'une telle démarche qu'on peut appeler ici "opérationnelle" ouvre la pratique artistique à une action capable d'amorcer un processus de modification dans l'espace-temps d'un petit village: Pouilly. Déplacement du centre vers la périphérie, mobilité de l'espace, du temps, du comportement.

U2. Bono. Vaillancourt

visuels: Real Capuano

Le sculpteur Armand VAILLANCOURT s'est rendu à San Francisco le week end du 14 novembre dernier pour donner un appui inconditionnel à Paul « Bono » HEWSON, leader du populaire groupe rock U2. Rappelons que lors d'un concert surprise que U2 donna, le 11 novembre, au benefice des « yuppies » écrases par le krach du 19 octobre, au Justin Herman Plaza de l'Embarcadero Center où se trouve la sculpture de VAILLANCOURT, devenu un point de repère important de San Francisco, Bono couronna son spectacle en grimpant sur la sculpture pour y inscrire avec Bono à la peinture «Stop the Traffic— Rock and Roll ». La performance a choqué la mairesse de San Francisco. Mme Dianne FEINSTEIN, qui se bat depuis plusieurs années pour que les jeunes n'écrivent plus de graffiti sur les murs et monuments de la municipalité.

Marques et contrastes

par Andrée Savard · visuels: Paul Cimon

Marques et Contrastes s'est tenu les 27 et 28 novembre à Chicoutimi, colloque sur la photographie appuyé par une exposition en deux lieux, la Galerie de l'U.Q.A.C. à Chicoutimi et la Galerie Séquence à Jonquière. Cette dernière était d'ailleurs responsable de l'organisation de l'événement. L'expo du 8 au 29 novembre proposait des extraits de la production de quatorze photographes du Québec et du Canada, choisis par un jury de trois personnes. «Nous avons voulu cette exposition représentative des diverses tendances en photographie au Canada », précise Gilles SéNéCHAL - coordonnateur de Marques et Contrastes et membre du jury. Je souligne entre autres : les tirages de Mireille LAGÙE sur lesquels elle intervient pour en quelque sorte camoufler et isoler son personnage, les espaces eux restant très précis : les surprenantes photos couleur de Paul CIMON, obtenues à l'aide de boîtes d'allumettes entre autres, appareils fabriqués selon la technique du sténopé et le coloriage à la main. De mystère sont empreints les montages de Cheryl SOURKES, chargés par exemple de la symbolique de civilisations anciennes. Autres photographes du Québec : Michel CAMPEAU. Daniel DION. Normand RAJOTTE, Lucie LEFEBVRE, et du Canada : Ingrid DINTER. EVERGON, Martha HENRICKSON. Henri ROBIDEAU. Kiku HAWKES, Patrick NORMAL et Geoffrey JAMES.

Les expositions du lieu: L’oeuvre offerte, De Clive Robertson

par Patrice Loubier · visuels: François Bergeron

L'installation de Clive ROBERTSON au Lieu se présentait d'emblée comme un dispositif de production où il y avait moins un objet à voir qu'une expérience à tenter. Une collection d'objets des plus banals — chaise, journal, outils, pots, bouteilles, etc. — se proposait au spectateur comme une occasion d'explorer des propriétés acoustiques généralement négligées dans la vie quotidienne, en improvisant une trame sonore inédite sur une boucle à déroulement continu. On trouve ici un détournement ludique où l'intérêt des objets, déplacé, tient à leur possibilité sonore plus ou moins étendue, un détournement qui affecte aussi les sons produits. puisqu indifférents et banals en eux-mêmes, c'est leur passage dans le médium et leur accumulation répétitive sur la boucle qui en faisait, peu à peu. une construction imprévisible au départ.

Sous reserve. De lise labrie

par Guy Durand · visuels: François Bergeron

La rencontre du public avec l'installation fut d'abord une écoute de l'artiste, qui dissertait sur son oeuvre le soir du vernissage au Ueu, le 28 octobre dernier. Respectant les formes triangulaires de la tente, habitat de l'Amérindien, lesquelles se faisaient face sur deux des murs opposés de la salle, et utilisant des projecteurs de diapositives pour dévoiler les sols pleins des triangles (mousses séchées collées sur styrofoam) devenus écrans, Lise LABRIE a commenté de nombreuses images de la vie amérindienne. L'installation de Lise LABRIE s'appliquait à détruire l'usage anthropologique des codes : à démanteler celui des Blancs qui transforment en marchandises de foire (le musée de cire reconstitution grandeur nature à Banff), qui folklorisent comme on emprisonne dans des réserves et, par opposition, à rappeler la vitalité des authentiques rituels et festivités autochtones en cours.

Bijoux de famille, de Guy Blackburn

par Guy Durand · visuels: François Bergeron

En entrant dans le local du Lieu, le regardeur est olfactivement sollicité : une odeur de cèdre enveloppe subtilement la pièce. L'odeur, cette "émanation volatile provoquant une sensation aromatique n'est pas visible mais existe, tout comme les bactéries (le dispositif évoqué de l'installation) ou la souvenance (référence à la famille). Il ne s'agit là que du "support", du dispositif d'où émane un précaire équilibre sur toute la superficie de la salle : cordes tendues d'un mur à l'autre retenant plus d'une centaine de petits plats scellés. « Bijoux » fait penser à l'éclat et aux choses précieuses. Or. il n'y a rien de tout cela dans l'installation. Ni pierre précieuse ni évocation familiale. Sinon l'opposé : l'artiste imagine et « répand » dans la salle du Lieu une « fiction » qui, si elle devenait efficiente, élimineraitàtout jamais la vie familiale et ses traces, si précieuses soient-elles. Guy BLACKBURN nous plonge esthétiquement et dramatiquement dans la manipulation génétique, sujet concret de son "installation".

Festival de musique actuelle de Victoriaville

par Gilles Arteau

Pour cette cinquième edition, 120 artistes d'Australie, du Portugal, du Canada, de la France, des États-Unis, du Danemark, d'Allemagne, de la Belgique, d'Angleterre, du Québec et de la Suisse, venus offrir l'essentiel de leurs fabrications musicales sous les formes diversifiées du jazz, du rock d'avant-garde, des sonorités électro-acoustiques, de l'improvisation, et des « écritures/gestuelles » contemporaines. Jazz de Montréal ou le Festival d'été de Québec, le FIMAV réalise à leur différence une action notoire de décentralisation de la culture en prenant appui sur la région du Québec où l'on trouve la plus forte concentration de groupes associatifs et d'organismes communautaires. Est-ce là la seule différence ? Et la base de la réussite ? Cinq années de programmations équilibrées pendant lesquelles ce festival aura mis à l'avant scène des courants musicaux péniblement diffusés par Ambiances magnétiques, Recommended Records, Rift, Parachute, ZOAR, Lumina, Incus, etc. : et se sera gagné la présence fidèle d'un personnage comme Fred FRITH, associé à une foule d'explorations sonores audacieuses des quinze dernières années. Présence qui indique une constance qui étonne, tout en permettant de comprendre que Victoriaville est devenue, pour les artistes, non seulement un élément de leur calendrier de performances, mais aussi un lieu de rencontres et de découvertes.

L’embuscade du récital poétique

par Guy Durand · visuels: Patrick Altman

Le collectif d'artistes INTER/LE LIEU propage, on le sait à la lumière de ses nombreuses prestations antérieures, une poésie-performance aux antipodes du récital traditionnel, de la stricte lecture de poèmes. Dans un petit bar des Trois-Rivières, ville hôtesse du Festival national de poésie, une vigoureuse et joyeuse soirée de ces performeurs poétique aura pris par surprise le protocole souvent trop connu des manifestations publiques de tels festivals — lancement de plaquette, nuit de récital, tour de chant poétique, colloque, etc. Pierre-André ARCAND a donné le coup d'envoi avec une tirade énergique, à rétro-action sonore, des références à quelle poésie recourt INTER/LE UEU. Jean-Yves Fréchette et Louis Haché ont témoigné, le premier de manière éclaboussante (la lecture sous l'eau d'un poème en hommage à Gatien LAPOINTE) et le second par le déplacement grave, à réfléchir, de la non-présence dans le temps (les pré-enregistrements), l'écran et la scène, de ce rapport des mots justes pour le dire propre aux poètes et aux Trois-Rivières.

Reçu au Lieu

par Richard Martel, Guy Durand · visuels: Vedute

MONTRÉAL POÉSIE L'imagination de souche francophone hors du Québec n'en est pas qu'une de folklore, de survivance. Le livre/revue, étonnament éclaté visuellement d'une part, et en contenu par l'exploration des rapports au langage poétique, aux mots, à l'éros, fait plaisir à manipuler. En effet, ce livre-magazine étonne. Il y a là une filiation directe avec l'esprit « Intervention ». GRUPO TEXTO POETICO Bartolome FERRANDO, nous a envoyé une bonne documentation au sujet de leurs «activités poétiques » en Espagne, spécifiquement àl Valencia. VEDUTE Ce livre de près de 700 pages contient des textes écrits entre 1976 et 1987 et quelques inédits. Ceci eprésente la synthèse des écrits de René PAYANT au sujet des multiples réflexions sur l'oeuvre d'art, sa fonction, la perspective, la couleur, l'art pris sous plusieurs facettes.

Les dessous de Maria

par Andrée Savard · visuels: Steeve Tremblay

Rares sont les sculpteurs qui peuvent se vanter d'avoir eu la «une» d'un journal au Saguenay-Lac-Saint-Jean, si local soit-il. Maintenant qu'il vit et travaille à Montréal, Ronald THIBERT a reçu cet hommage le 24 novembre dernier. L'édition hebdomadaire du quotidien régional, le Journal Extratitrait alors «Péribonka . La sculpture prendrait le bord de la rivière». Le maire de Péribonka, Paul-Arthur GOULET, est responsable de cette célébration sur le tard. Novembre 1986 : La sculpture de Ronald THIBERT est mise en pIace devant le nouvel édifice du musée Louis-Hémon accordé à l'information par la direction, à Péribonka, localité sise au nord-est du Lac-Saint-Jean, dans le cadre du programme d'intégration des arts à l'architecture. Elle porte le titre : Femme et terre.

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