Numéro 49

Gina Pane

par Richard Martel

L'approche corporelle de Gina PANE a d'emblée été matérielle. Tandis qu'elle oeuvrait encore à la réalisation d'environnements à résonance sociologique, elle avait déjà entrepris depuis deux ans la création de pièces plus secrètes qui ont consisté, par exemple, à enfermer un dessin dans une boîte en fer soudée ou à en jeter d'autres dans un torrent, à déplacer des pierres d'un lieu humide et ombragé afin de leur faire connaître le soleil ou, plus tardivement, à protéger une parcelle de terrain en la recouvrant de son corps étendu. Elle a ainsi appris à nier progressivement l'esthétisme au profit d'un geste de réconciliation entre l'artiste et la nature que la société détruit. C'est à travers cette découverte qu'elle a entrepris ses premières actions corporelles, ses Projets de silence, puis la blessure, qui est apparue la première fois dans son travail en 1 970, d'abord sous une forme théorique, qui était une réflexion sur la lame de rasoir qu'elle utilisait habituellement pur couper du papier et, un peu plus tard, dans Escalade sanglante, action conçue en 1 970 et réalisée l'année suivante lorsque l'objet qui en est le support lui a été livré. Dans cette action où elle gravissait pieds et mains nus une échelle métallique aux arêtes acérées, elle répondait par une souffrance volontaire à la terreur, à la torture et à la montée de tous les périls sociaux. Comme dans toutes ses actions futures, cette escalade non anesthésiée est un symbole immédiatement perceptible et adaptable à tous les errements de la société. Comme l'étreinte sexuelle, la douleur communique avec une force exemplaire. Elle interroge en profondeur le spectateur sur son comportement individuel.

Fluxus à Venise

Escalade-assaut d'une position au moyen d'une échelle. Stratégie qui consiste à gravir les « échelons ». L'escalade américaine au Vietnam. Artiste — les artistes aussi grimpent. Douleur — douleur physique à un point ou plusieurs points du « corps ». Douleur interne, profonde, souffrance. Douleur (morale) le contraire d'une escalade anesthésiée.

L’art de l’implicite et de l’implication sur le terrain de la séduction

par Pierre André Archamd

Après avoir circulé de pavillons nationaux en pavillons nationaux cette année à la Biennale de Venise ', après ou avant ou sans y être allé c'est selon, vous pouviez prendre le vaporetto pour Le Zitelle sur l'île de la Giudecca, marcher quelques centaines de mètres vers la gauche le long du canal et arriver à l'Ex Granai délia Repubblica où se tenait la manifestation Ubi Fluxus ibi motus.Trois espaces d'exposition immenses : dalles irrégulières au plancher, murs de vieilles briques rouges et poutres apparentes sous le toit élevé. Les volumes impressionnants et la rugosité des surfaces conviennent parfaitement à la nature et à l'ampleur de l'événement.

Interscop

par Johanne Chagnon

Johanne CHAGNON veut bâtir. La question qu'elle se pose : « Quel moyen d'action est assez solide aujourd'hui pour avoir un impact sur le monde dans lequel nous vivons ? » Ce monde est celui qui sous ces yeux, continue de se démolir avec les événements et dont la fragilité semble irresolvable. Ce monde qu'elle a tenu à dénoncer de façon très claire est celui d'un quartier où se situe son atelier ; le quartier centre-sud de Montréal. Ce secteur (particulièrement la rue Ontario Est) est depuis quelques années soumis à la « démolition en masse, à l'exode d'une partie de la population, à la spéculation, la rénovation et l'expulsion. »

Ecart

par Clive Robertson · visuels: Norbert Koman

La performance a-t-elle livré sa qualité avant-gardiste3 qui, exploitée à fond s'épuise, se répète ou mute4 ? Tente-t-elle d'entrer dans la récente histoire de l'art ? Ou bien poursuit-elle une trajectoire parallèle à l'art institué mais en se déplaçant de l'Ouest vers l'Est5. À la lumière d'Interscop cinq considérations performatives se redéploient.

Sound Symposium

par Guy Durand, Richard Martel · visuels: Pierre Monat

Un schéma représentatif du Sound Symposium 90 peut être ainsi dessiné, gardant en mémoire la nécessité d'abandonner le linéaire en faveur des dimensions tangentielles, à cause d'oppositions telles que le silence face au vacarme, l'intelligence contre l'absurdité, l'humain confronté à la barbarie et enfin la connaissance versus l'inconnu. Au centre de ce même schéma, nous trouvons comme noyau et point de départ, Don WHERRY, l'organisateur de ce festival mais aussi accomplissant plusieurs tâches, toutes relatives à la place de chaque unité de l'événement. Nous traçons autour de lui un cercle dont les points principaux sont les différentes manifestations de sa personnalité : hôte, organisateur, éducateur (il est professeur de musique à l'Université Memorial) ; il est aussi compositeur, percussionniste, environne-mentaliste, inventeur d'instruments de musique ; ontarien transplanté à Terre-Neuve depuis 1974, il est aussi musicologue, improvisateur, amateur de musiques contemporaines, à la recherche de musiques diversifiées et « internationalisantes ». À partir de chacun de ces points se situent les tangentes représentant les nombreuses activités et performances qui ont été proposées pendant les onze jours du festival.

Chronique de l’Abominable Homme de Lettre

par Jean-Claude Gagnon

Cette chronique-ci sera plus brève car une partie de son espace est cédée à Yawn, un magazine (editorial) d'une page, publié par Llyod DUNN. Le reste de son territoire sera accordé à la couverture habituelle de l'art postal, de la poésie visuelle, du copy art etc.

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