Steven Soderbergh

Emmanuelle Bercot

par Jean-Dominique Nuttens

Si certains cinéastes occupent dans le cinéma une place plus que proportionnelle à la qualité de leur oeuvre, la situation semble être inverse pour Emmanuelle Bercot. Peut-être parce qu'elle est moins prolixe que d'autres, ou qu'elle ne recherche pas d'abord la lumière, elle reste, comme ses films (dont les passionnants Clément et Backstage), trop méconnue. En cela, elle ressemble à ces institutrices qu'elle fut chez Claude Miller (La Classe de neige) et Bertrand Tavernier (Ça commence aujourd'hui), qui change la vie en demeurant dans l'ombre. Souhaitons que ce relatif anonymat prenne fin avec Elle s'en va, son meilleur film, si ce n'est l'un des meilleur de l'année.

Entretien avec Emmanuelle Bercot

par Olivier Curchod, Philippe Rouyer

Pour Catherine

Arnaud Desplechin

par Nicolas Bauche

Jimmy P. relève d'un cas cinématographique complexe. Film anglophone d'un réalisateur français pétri de philosophie et de littérature européenne, mise en scène de la cure psychanalytique et des apories du somatique, le dernier long métrage d'Arnaud Desplechin cristallise et dépasse les inquiétudes d'un réalisateur fasciné par la mort et la psyché.

Entretien avec Arnaud Desplechin

par Élise Domenach, Jean-Christophe Ferrari

La rencontre d'un mauvais juif et d'un mauvais indien.

François Ozon

par Ariane Allard

Jeune et jolie... En voilà un titre lisse, bien formaté, à la manière de ceux qui, souvent, tapissent la une des magazines destinés aux adolescentes! Sauf qu'il nous propulse dans un film de François Ozon, cinéaste qui donne rarement à voir une histoire polie, au sens propre comme au sens figuré. Méfiance, d'emblée... Ce clin d'oeil serait-il une fausse piste? Aussi jeune et jolie soit elle, son héroïne de 17 ans reste en effet très mystérieuse. Lisse, en apparence, mais vertigineuse... terriblement.

Entretien avec François Ozon

par Fabien Baumann, Yann Tobin

Je voulais une fille qui nous échappe.

Woody Allen

par Franck Garbarz

À ses merveilleux portraits féminins des années 1980 (Hannah et ses soeurs, Une autre femme), Woody Allen ajoute aujourd'hui celui de Jasmine et de sa soeur Ginger. Le cinéaste poursuit ainsi sa réflexion sur la dichotomie de l'existence. Si, dans de précédents opus (Crimes et Délits, Melinda et Melinda), un demi-film s'avérait enjoué, Allen explore ici le registre de la fatalité, sous l'influence assumée de Tennessee Williams. L'atmosphère européenne de San Francisco, que Allen n'avait habité que le temps de Tombe les filles et tais-toi, rapproche aussi Blue Jasmine de la série entamée avec Match Point. Notre soutien indéfectible à Woody Allen, que certains considéraient fini il y a une dizaine d'années, se trouve une fois de plus justifié. D'autant que le cinéaste, directeur d'acteurs hors pair, offre à Cate Blanchett l'un des sommets d'une carrière déjà brillante.

Le Cirque

par Jean Prévost

Avant d'aller voir Le Cirque, j'en entendais beaucoup parler; je supposais, d'après ce qu'on m'en avait dit, un retour de Chaplin au gros comique de ses débuts. Je ne sais rien de si âpre et de si lugubre que ce film. Pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, je préviens tout de suite que ce n'est nullement le couplet de Paillasse; rien de l'amour grave et romantique caché sous le masque du bouffon.

Fukushima en cinéma

par Élise Domenach

Des tas de débris envahissent l'écran, bousculent l'ordre du visible. Bateaux échoués sur des autoroutes, camions propulsés sur le toit des écoles. De quoi affoler notre schéma perceptif, plus de soixante ans après les explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki : " J'ai tout vu à Hiroshima/Tu n'as rien vu", disaient les amants de Resnais.

Steven Soderbergh à 50 ans

par Michel Ciment · visuels: Christian Viviani

Le paradoxe est que Steven Soderbergh ait annoncé au dernier festival de Cannes qu'il faisait ses adieux au cinéma pour ses 50 ans en présentant en compétition Ma vie avec Liberace réalisé pour la télévision! Le film néanmoins sort en salle dans le monde entier, mais dans son pays natal il n'a été diffusé que sur petit écran par son producteur HBO. Il nous a donc paru opportun de revenir sur le parcours d'un metteur en scène qui nous a toujours passionnés. Vainqueur de la Palme d'or en 1989 à l'âge de 26 ans (le plus jeune lauréat cannois) pour son premier film Sexe, Mensonge et Vidéo, il a réalisé vingt-cinq films en un quart de siècle.