Zoroastrisme. Le rite pour l’éternité

Le zoroastrisme à travers les siècles

par KELLENS (J.), AZARNOUCHE (S.)

Les seules religions d’origine indo-européenne qui aient subsisté jusqu’à nos jours sont celles du domaine indo-iranien. L’exemple indien inviterait à y voir un effet de l’évolution en vase clos si la religion iranienne ne démentait à l’évidence cette représentation. Car elle-même n’a cessé, au cours de son histoire, de côtoyer les cultes les plus divers et les plus imposants, à commencer, aux confins de la Perse, par ceux du Proche-Orient mésopotamien ou élamite, pour finir par le judéo christianisme des philologues qui s’emparèrent de ses textes. Nous savons par ailleurs qu’il faut relativiser la notion de religion indo-européenne. La restitution d’un panthéon commun donne des résultats incontestables, mais faibles et d’emblée teintés par la différenciation, et celle d’un «esprit» commun reste spéculative et contestée. Quand elles produisent les premiers textes qui attestent leur existence, la religion védique, qui deviendra l’hindouisme, et la religion avestique, qui deviendra le zoroastrisme, sont déjà marquées par des innovations profondes aux sources inconnaissables. De ses origines à nos jours, le zoroastrisme n’a cessé de changer, c’est-à-dire d’oublier et de créer, mais il a survécu à toutes les influences par sa fidélité paradoxale à ce qui fait la singularité de son premier développement: une puissante philosophie du rituel.

Le document des origines : l’Avesta

par KELLENS (J.)

L’Avesta est le texte de fondation du mazdéisme ou zoroastrisme. Ce document bien plus ancien que tous les autres est le seul qui témoigne des premiers ébranlements de la pensée qui différencièrent inéluctablement la religion iranienne primitive de l’indienne. Il importe donc avant tout de bien se représenter ce qu’il est.

Les études zoroastriennes

par HERRENSCHMIDT (C.)

L'Europe commence à s'intéresser à Zoroastre et à sa religion à la Renaissance. Les textes bibliques et classiques, les récits de voyageurs ouvrent la voie dans laquelle s’engagent les premières études des textes avestiques découverts à la fin du XVIIIe siècle. Durant ces cinq siècles, les perspectives ont évidemment varié, tant il est vrai que la recherche est tributaire du contexte où elle s'élabore.

La biographie de Zarathushtra. Formation d’une légende sassanide

par AZARNOUCHE (S.)

Une poignée de textes en moyen perse (pehlevi) et en persan nous a conservé une légende prophétique de Zarathushtra dans des versions relativement proches les unes des autres. Grâce à une lecture attentive, ce qui s’apparente au premier abord à une geste de héros épique révèle peu à peu le schéma du parcours religieux et du devenir de tout homme zoroastrien placé au sein d’une histoire mythique caractérisée par le millénarisme et l’omniprésence du rituel.

Une religion redistributive

par HENKELMAN (W.)

Il est difficile de connaître la religion de la Perse achéménide. Toutefois, un remarquable ensemble de tablettes administratives découvert dans les murailles de la grande terrasse de Persépolis permet de mettre en lumière la diversité des influences religieuses à l’œuvre dans le jeune Empire achéménide de Darius Ier, et de démentir certaines spéculations hasardeuses largement répandues.

Les arts visuels du début de l’ère achéménide ont-ils représenté l’autel du feu et le feu sacré zoroastriens?

par GARRISON (M.)

Les témoignages visuels du rite religieux qui nous sont parvenus depuis la période achéménide sont extrêmement fragmentaires. Pendant plusieurs années, les chercheurs ont tenté d’y reconnaître une représentation du culte du feu et/ou du feu sacré afin de pouvoir attester l’existence de croyances zoroastriennes.

Le zoroastrisme a-t-il été l’une des religions de l’Asie centrale?

par GRENET (F.)

Le zoroastrisme a eu le statut de religion d’État dans l’Empire sassanide, et plusieurs données suggèrent fortement que sous les précédents Empires (achéménide puis parthe) ayant dominé le plateau iranien, il était au minimum la religion de la famille royale et de l’aristocratie dirigeante. En revanche, on s'accorde aujourd'hui à dire que l’Avesta a d’abord été constitué dans un ensemble régional correspondant aux actuels Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Afghanistan et nord-ouest du Pakistan. C’est à ces pays que renvoient tous les noms géographiques identifiables, et non au plateau iranien où ces textes et les rituels qu’ils accompagnaient pourraient n’avoir été introduits que plus tard, sous les premiers Achéménides. Dans ces conditions, on peut se demander si l'Asie centrale a été elle aussi zoroastrienne. Malgré la rareté des sources disponibles, l'archéologie nous fournit quelques éléments de réponse.

Les Parsis, zoroastriens de l’Inde

par ZETLAOUI (M.)

Le fait est souvent méconnu, mais le zoroastrisme, une des plus vieilles croyances de l’humanité, est bel et bien une religion vivante. Deux communautés, celle des Zartushtis d’Iran et celle des Parsis de l’Inde, continuent de professer la foi de leurs ancêtres.Formant un groupe uni dont la forte conscience identitaire n’a pas entravé l’intégration socio-culturelle ni la réussite économique, les Parsis nous offrent la possibilité d’observer la pratique actuelle d’une religion millénaire.

Saint Martin de Tours

par BASQUIN-MATTHEY (C.)

La figure de Martin (316/17-397), évêque de Tours, est certainement l’une des plus représentatives de l’évolution de la pensée chrétienne du IVe au VIe siècle. Tout d’abord païen, il se convertit au christianisme avant de devenir moine puis d’accéder à l’épiscopat. Il contribue dès lors à la christianisation de l’Occident romain et surtout au retour des miracles parmi les chrétiens.

Mgr Delay, un Juste à Marseille?

par KLOTZ (R.)

Dans un discours prononcé le 2 novembre 1997 lors de l’inauguration de la clairière des Justes à Thonon-les-Bains, Jacques Chirac, alors président de la République, dit : «“Justes”, ceux qui protestèrent contre les persécutions frappant les Juifs. “Justes”, ces prêtres qui délivrèrent des certificats de baptême pour leur venir en aide. “Justes”, Mgr Saliège à Toulouse, Mgr Delay à Marseille, le pasteur Bœgner et tant d’autres qui, profondément blessés dans leur foi et leur dignité de chrétiens, réagirent publiquement et tentèrent d’intervenir auprès des autorités de Vichy.» Mgr Delay, évêque puis archevêque de Marseille de 1937 à 1956, n’a en fait jamais reçu le titre de Juste parmi les nations, bien qu’il se soit inscrit dans le sillage de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, dont la protestation contre la déportation des Juifs, le 23 août 1942, lui valut d’être honoré à l’institut Yad Vashem de Jérusalem.

Eckhart et la mystique rhénane

par VANNIER (M.-A.)

Eckhart est l’une des grandes figures du christianisme médiéval. Frère prêcheur et maître en théologie tout à la fois, mystique et spéculatif, il a laissé une œuvre dont l’influence fut déterminante pour nombre de penseurs occidentaux. Si sa biographie reste à écrire, on peut retracer le cours de la vie spirituelle, riche et complexe, de celui qui prônait l’union à Dieu dans l’action.

La déesse Iemanja, de l’Afrique au Brésil

par FARGUES (C.)

L’histoire de la déesse Iemanja se confond avec l’épopée des Africains du groupe ethnique yoruba, réduits en esclavage et expédiés vers le Nouveau Monde dès le XVIe siècle. Simple divinité secondaire à l’origine, Iemanja acquiert de l’importance en traversant l’Atlantique avec ces esclaves. Parvenue sur le sol américain, elle finit même par s’imposer comme la grande déesse-mère que vénèrent des millions de per­sonnes, pas forcément d’origine africaine.

Jean de Damas (vers 655 - vers 745)

par BASTIT (A.)

«Partout nous proposons à la perception sensible la forme – je veux dire celle du Verbe fait chair – et nous sanctifions le premier des sens qui est la vue, de même que l’ouïe pour les paroles – car l’image est un mémorial. Ce qu’est la Bible pour ceux qui ont appris les lettres, l’image l’est pour les illettrés, et ce que la parole est à l’ouïe, l’image l’est à la vue.» (Jean de Damas, Discours contre ceux qui rejettent les images saintes) Avec Jean de Damas dont l’activité religieuse occupe la première moitié du VIIIe siècle, nous parvenons au dernier des Pères de l’Église d’Orient, dans un cadre où le califat omeyade, de culture islamique, côtoie l’empire grec de Byzance, et à la querelle sur la vénération des images dans le christianisme dont Jean, on le voit par cet exergue, fut le défenseur et le théoricien.