La formation des comédiens en Europe occidentale

Allemagne

par Barbara Engelhardt

Une des comédies allemandes à succès des années quatre-vingt-dix avait pour trame le parcours de trois apprentis comédiens, courant les auditions d’entrée dans les écoles à travers le pays. Beaucoup partagent aujourd’hui ce sort : chaque année, des milliers de jeunes posent leur candidature dans des institutions réparties aux quatre coins de l’Allemagne, prennent sur eux de voyager durant plusieurs années d’entretien en entretien, travaillent et retravaillent leurs rôles, scènes et numéros de chant pour des sélections qui ne durent souvent que quelques minutes. Des écoles privées apparaissent régulièrement à côté des institutions nationales ou municipales, accueillent et forment ceux qui ont été rejetés ailleurs pour un « marché » plus que précaire, puisque le nombre des comédiens au chômage augmente rapidement.

Autriche

par Barbara Engelhardt

Dites-vous que vous venez d’entrer dans un ordre », peut-on lire dans le hall du Séminaire Max Reinhardt de Vienne. Telle était, en 1929, la conception du fondateur : un cercle de jeunes artistes choisis se regroupe autour de professionnels du théâtre expérimentés et acquiert durant la formation le bagage nécessaire à la pratique future « dans le vaste monde ». Max Reinhardt, acteur, directeur de théâtre et metteur en scène à Berlin et à Vienne, voyait dans la jeunesse la chance pour le théâtre de se renouveler, et son programme pédagogique visait à un apprentissage le plus large possible de compétences vocales, physiques et musicales qui se réaliserait à travers le travail d’interprétation.

Belgique

par Maïa Bouteillet

Impossible de se livrer à l’examen de la formation de l’acteur en Belgique, sans avoir à l’esprit la complexité politico-administrative du pays. Nous n’entrerons pas dans des détails qui n’auraient pas leur place ici, mais rappelons simplement que la Belgique, jeune nation d’une dizaine de millions d’habitants, est une entité multiculturelle, régie par plusieurs parlements, comprenant au moins deux communautés majoritaires. Les Flamands, néerlandophones et majoritaires, soit un peu plus de 6 millions de citoyens, et les Wallons, francophones, qui représentent, eux, à peu près 4,5 millions d’habitants. Chaque communauté gère en propre son système éducatif et sa politique culturelle. On ne peut donc traiter globalement de la formation de l’acteur en Belgique.

Espagne

par Maïa Bouteillet

En Espagne, la formation de l’acteur, dans sa forme d’organisation actuelle, est assez récente. Depuis 1990, les études d’art dramatiques pratiquées dans les écoles supérieures d’enseignement artistique sont officiellement reconnues et, au bout de quatre ans, elles s’achèvent sur un diplôme de licence universitaire (licenciatura universitaria). Elles sont encadrées au niveau national par une loi qui prévoit la programmation générale, la délivrance et l’homologation des diplômes. Le Ministère de la Culture et des sports se pose en garant de la cohésion du système éducatif dont la gestion est assurée par les dix-sept communautés autonomes espagnoles qui assurent le financement des écoles.

Finlande

par Jukka-Pekka Pajunen

I l y a quelques années, un critique de théâtre d’Europe centrale assista au Festival International de Théâtre de Tampere en Finlande. Le critique fut surpris par la vitalité et la qualité du théâtre finlandais, et publia dans l’une des plus grandes revues théâtrales d’Europe un article très élogieux sur la scène théâtrale finlandaise. Le titre de l’article, « La Finlande – un pays de théâtre qui n’existe pas », exprimait bien sûr un paradoxe. En examinant celui-ci, nous comprendrons ce que voulait dire le critique étranger par ce titre. La Finlande, avec sa petite population de 5,2 millions de personnes, a élaboré un système de théâtre qui repose sur des institutions culturelles subventionnées. En 2002, il y avait 59 théâtres subventionnés, dont 6 de langue suédoise.

France

par Chantal Boiron

La formation de l’acteur en France se caractérise par sa diversité. C’est ce qui fait sa richesse mais en rend l’approche complexe. Quand on analyse le curriculum vitae des acteurs français, de ceux du moins qui ont la chance de vivre de leur métier, on s’aperçoit qu’ils ont suivi des voies très différentes. Certains ne sont même pas passés par une école : ils se sont formés « sur le tas » ou bien en travaillant dans une compagnie.

Grèce

par Dio Kaguelari

Au début du troisième millénaire, l’une des questions auxquelles le théâtre grec fait face est celle de la nécessité de redéfinir la formation du comédien. Parmi les multiples écoles de théâtre – qui fonctionnent essentiellement à Athènes – il y en a deux qui sont des établissements entièrement financés par l’État et qui relèvent de deux grands organismes de théâtre : l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre National de Grèce, située à Athènes, et l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre National de la Grèce du Nord (T.N.G.N.), située à Thessalonique.

Irlande

par Garry White

L’Irlande possède une très longue et très riche tradition théâtrale, et pourtant, curieusement, les écoles nationales d’art dramatique n’ont été créées que très récemment. Elles sont au nombre de deux, et toutes deux situées à Dublin : la Gaiety School of Acting fondée en 1986 par le metteur en scène Joe Dowling et la School of Drama – Samuel Beckett Centre en 1984. Cette dernière fait partie du Département d’études théâtrales de la plus ancienne université irlandaise, Trinity College.

Italie

par Céline Jacq

Le statut régional de l’Italie implique une décentralisation des écoles de théâtre. En fait, il n’existe qu’une seule école publique : l’Accademia Nazionale d’Arte Drammatica Silvio d’Amico, à Rome, la seule à délivrer un diplôme d’État en fin de cursus, correspondant à une maîtrise. Les autres écoles, de droit privé mais financées par des fonds publics provenant principalement des Régions, délivrent un certificat de qualification professionnelle. Trois de ces écoles sont intégrées à un théâtre : la Scuola di Teatro del Piccolo de Milan, la Scuola del Teatro Stabile de Turin et la Scuola del Teatro Stabile de Gênes. Quant à la Scuola de Bologne, l’Accademia d’Arte Drammatica della Calabria de Palmi et la Scuola d’Arte Drammatica Paolo Grassi de Milan, ce sont des écoles entièrement indépendantes. Toutes sont reconnues par le Ministère de la Culture italien.

Norvège

par Jean-Pierre Han

Sur l’échiquier théâtral international, la Norvège a compté et compte encore quelques pièces maîtresses. Henrik Ibsen hier, Jon Fosse aujourd’hui, pour aller vite et être très réducteur. Ce qui est loin d’être évident pour un pays grand comme un peu moins des deux tiers de la France avec une population plus faible de moitié que l’Île-de-France. Mais, surtout, la Norvège a connu une histoire ne l’autorisant guère à développer une véritable (en tout cas ancienne) tradition théâtrale. Qu’on en juge : jusqu’en 1814, elle a vécu sous la dépendance du Danemark qui a imposé sa langue comme langue officielle. Si par la suite, le norvégien put être parlé, il ne fut guère pratiqué par les comédiens professionnels.

Pays-Bas

par Mike Sens

Que diriez-vous si votre enfant déclare vouloir devenir comédien ? Même si votre sensibilité culturelle est très développée, vous allez sans doute tout de suite penser au taux de chômage parmi les comédiens. Une formation en art dramatique n’est pas une garantie absolue pour une carrière réussie, donc ne ferait-il pas mieux d’apprendre d’abord un métier avant de se tourner vers ses préoccupations artistiques ? Une fois que le jeune est mordu par les feux de la rampe, la désintoxication du milieu du spectacle est quasiment impossible. Lui s’en sortira, contrairement à un millier d’autres candidats : « If I can make it there, I’ll make it anywhere », chantait Sinatra, et depuis l’enseignement établi dans chaque pays cherche à soutenir ces apprenti-Icares avec plus ou moins de succès.

Portugal

par Marina da Silva

La formation théâtrale au Portugal est principalement dispensée par les écoles publiques de Lisbonne et Porto, liées aux établissements polytechniques d’enseignement supérieur professionnel. D’autres écoles, publiques et privées, existent à travers le territoire, parmi lesquelles celle d’Evora qui est la plus significative. Nous avons donc pris le parti de découvrir Lisbonne et Evora, deux expériences à la fois très différentes et très proches.

Royaume-Uni

par Ian Hebert

L’histoire de la formation institutionnelle de l’acteur au Royaume-Uni ne remonte guère à plus d’un siècle – en fait, l’établissement professionnel le plus célèbre du pays, la Royal Academy of Dramatic Arts, fêtera son centenaire en 2004. Les études académiques d’art dramatique sont encore plus récentes, le premier département Théâtre n’ayant été fondé qu’en 1946 à l’Université de Bristol. On peut encore aujourd’hui entrer dans le milieu professionnel du théâtre britannique sans passer par une école, et de nombreux acteurs parmi les plus célèbres viennent du théâtre amateur ou de troupes étudiantes, qui n’existent pas nécessairement au sein d’universités possédant un département d’études théâtrales.

Enquête sur l’enseignement. Constats et réflexions

par Radu Penciulescu, Georges Banu

Vakhtangov s’interroge sur « les cours de théâtre » déjà mis en doute à l’époque. Avec une phrase lumineuse, le jeune artiste, confiant, lui, dans les ressources de la pédagogie dont les échecs s’expliquent, selon lui, par un mauvais usage, propose le changement d’approche : éduquer et non pas enseigner. Enseigner, dans le domaine artistique, suppose la volonté de communiquer un savoir, de fournir des réponses, tandis qu’éduquer implique une formation à partir des questions et problèmes auxquels l’élève est confronté afin de trouver des réponses.

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