Walid Raad

Walid Raad - Inside information

par Antoine Marchand

On peut voir dans la démarche de Walid Raad, artiste libanais aujourd’hui installé entre Beyrouth et New York, de nombreuses accointances avec ces artistes chercheurs, à la frontière entre historiographie, archéologie, sociologie et anthropologie, ceux qui tentent de réécrire l’histoire, d’en offrir une version alternative, par l’exhumation d’informations et de documents oubliés, négligés ou mal interprétés. Toutefois, une seconde lecture dévoile un processus de travail extrêmement précis et bien plus complexe. Walid Raad mêle à ses investigations et recherches une pratique du storytelling, de la mise en récit, qui donne toute sa singularité à son oeuvre. Son projet le plus connu, intitulé The Atlas Group (1989-2004), revient sur l’histoire tourmentée de son pays d’origine. Cette archive, accumulée au fil des années et désormais achevée, même s’il se réserve le droit d’y adjoindre sporadiquement de nouveaux éléments, explore les dimensions sociales, politiques, psychologiques et esthétiques des guerres au Liban. The Atlas Group se veut également une réflexion sur le statut même des documents compilés et sur la transmission de l’Histoire, la manière dont celle-ci peut parfois être manipulée et l’impossibilité d’un récit unique, définitif. Balayons d’emblée la dichotomie fiction / réalité, maintes fois évoquée au sujet de l’Atlas Group, puisque Walid Raad lui-même n’a jamais caché l’inclusion d’éléments totalement inventés dans ses installations. Il s’est emparé de ce procédé pour capter l’attention du regardeur, attiser sa curiosité pour qu’il se renseigne sur la provenance de ce qui lui est donné à voir, les modalités de dévoilement des informations qui lui parviennent. Si les documents de l’Atlas Group ne reflètent pas toujours fidèlement la réalité, c’est bien qu’elle est elle-même suspecte et qu’il n’existe de fait pas une seule version de l’Histoire. En jouant du spectaculaire et de notre propension à l’empathie – chaque série est accompagnée d’un texte qui la contextualise et nous indique sa source –, il parvient à modifier sensiblement notre manière d’aborder ces documents et nous entraîne à rester vigilants au flux permanent d’information.

Jason Loebs, Pamela Rosenkranz, Cheyney Thompson

par Aude Launay

Des peintures et des hommes

David Lamelas

par Patrice Joly

Entretien

Guillaume Leblon

par Anne Bonnin

Le théâtre de la décrépitude

Georges Adéagbo : L’artiste dans l’écriture

par Gauthier Lesturgie

« Qu’est-ce que l’histoire sinon une reconstruction. » Simon Njami

voir également

Multitudes Inséparation · philanthropie · séparation · melik ohanian · la chapelle · world vision · mamamouchi
#72
2018-10
12 €