Paul Ricœur, la pensée sans nostalgie

Ne soyons pas dupes du soft power des régimes autoritaires !

par Alice Béja

Ce n'est pas un hasard si le concept de soft power a été formulé en 1990, peu de temps après la chute du mur de Berlin, par le politologue américain Joseph Nye. La "puissance douce " - qui s'oppose au hard power, le pouvoir de coercition politique et militaire - existait déjà avant, bien entendu, mais c'est avec la fin de la guerre froide et l'affirmation de l'hyperpuissance américaine qu'elle devient non seulement un concept d'analyse mais aussi un modèle d'influence attractif pour de nombreux États.

L’inflation sans bornes du patrimoine

par Olivier Mongin

Les dernières Journées du patrimoine, en septembre, ont connu un succès inégalé : on a parlé de treize millions de visiteurs qui se sont succédé dans les allées du pouvoir, au Conseil d'État ou au Conseil constitutionnel, avant de se perdre dans celles des musées. Mais tout ne va pas pour le mieux dans le meilleurs des mondes du patrimoine, puisque le ministère de la Culture et les institutions concernées sont mis à la diète et doivent opérer des choix drastiques.

Les Roms et le silence du président

par Philippe Cibois

Le drame du naufrage du 3 octobre 2013 au large de Lampedusa, qui a provoqué la mort de 360 migrants, met en relief la différence de comportement du pouvoir politique en France et en Italie. Le président de la République italienne a immédiatement réagi en déclarant : Le pape François a parlé de "honte" je peux ajouter "honte et erreur". (...) je crois qu'il faut rapidement vérifier si les lois en cours ne font pas obstacle à une politique d'accueil digne de notre pays.

Les Grecs de Paul Ricœur

par Michaël Foessel

" C'est en vertu seulement de la force suprême du présent que l'on a le droit d'interpréter le passé. " Issue de considérations qui, au XIXe siècle, se voulaient "intempestives", cette phrase de Nietzsche semble épouser à merveille l'esprit de notre temps. Un esprit qui se caractérise par l'amnésie et le déni de l'histoire. les accélérations techniques, l'adhésion à l'actualité la plus proche, les succès de l'histoire du temps présent : tout indique que notre époque s'est arrogé le droit d'interpréter la passé à son propre bénéfice. Au point de le refouler lorsqu'il inquiète certaines évidences dont on préfère penser qu'elles sont de tous les temps.

Vers la Grèce antique. De la nostalgie au deuil

par Paul Ricœur

Reprenant les catégories nietzschéennes d’histoire monumentale, antiquaire et critique, Paul Ricœur analyse la manière dont l’histoire répond à une « demande du présent », demande qui peut se traduire par la nostalgie ou l’oubli.

Des usages de l’Antiquité dans l’histoire

par François Hartog

Le passé antique a souvent participé à la définition d’identités nationales ou politiques. Ainsi, l’Allemagne du XIXe siècle fait de la Grèce son modèle, et de la philologie sa discipline reine.

Le rêve grec de la philosophie allemande. Entretien

par Jacques Taminiaux

Hegel, Heidegger, Arendt : les philosophes allemands se sont souvent appuyés sur la Grèce, comme idéal et comme modèle.

La Grèce avant la raison

par Marcel Hénaff

L’archaïque n’est pas simplement un antécédent, qui annoncerait l’avènement du classique. Pour mieux comprendre ce qu’est la Grèce archaïque, il faut renoncer à la nostalgie du classique, comme le dit Ricœur, mais aussi se demander, avec les anthropologues, ce qu’est une culture « archaïque »....

Grèce archaïque, Grèce classique : artifices d’une opposition. Entretien

par Pierre Judet de la Combe

L’opposition entre une Grèce classique rationnelle et sans dieux et une Grèce archaïque dominée par le mythe et la pensée pré-logique est une construction datée : les Présocratiques, les Tragiques décrivent déjà un monde « moderne » et pensent en termes mondiaux....

De l’utilité de la tragédie pour la vie

par Myriam Revault d'Allonnes

Ricœur met en avant la manière dont la Grèce a été utilisée, notamment par les philosophes allemands, pour comprendre et donner forme à leur présent. Mais comment les Grecs eux-mêmes interprétaient-ils leur passé ? La tragédie, en faisant servir le passé à la vie, est l’une des modalités...

Le retour du capital et la dynamique des inégalités. Entretien

par Thomas Piketty

On a pu croire, pendant les Trente Glorieuses, que l’évolution du capitalisme allait vers une réduction des inégalités. Or on constate aujourd’hui que la période de convergence des revenus au XXe siècle n’était qu’une parenthèse ; l’accumulation du patrimoine s’accentue depuis une trentaine...

L’Université de tous les savoirs à l’heure de Wikipédia, de Youtube et des MOOCs

par Yves Michaud

Le projet de l’Université de tous les savoirs, lancé en 2000, prend fin aujourd’hui, du moins dans sa forme actuelle. Yves Michaud explique comment la diffusion massive des savoirs en ligne a changé la donne, et analyse l’avenir de l’esprit généraliste face à l’abondance des contenus disponibles et à la...

Négociations internationales : la fin du multilatéralisme

par Zaki Laïdi

De plus en plus, les grandes négociations internationales, dans les domaines par exemple du commerce ou de l’environnement, se font au détriment du multilatéralisme. Ce ne sont plus les organisations internationales qui imposent des normes, mais les États qui décident souverainement de leur degré d’engagement. Les accords bilatéraux se...

Fabienne Courtade. Le choix de disparaître. (Poèmes)

par Jacques Darras

Ce qui frappe chez Fabienne Courtade, c'est l'effacement. L'effacement des données biographiques pour commencer mais aussi bien de tout autre signe de présence au réel. Tout juste des dates figurent-elles entre parenthèses, à la parution de chaque livre. Ainsi le premier, Nous infiniment risqués (1987). Quant au plus récent, le Même Geste, publié dans la collection "Poésie" chez Flammarion, il porte la mention 2012.