L’enfer

"Élie Faure l'annonçait dans son Histoire de l'art reprise par Godard dans la bouche de Ferdinand-Pierrot : « Un roi dégénéré, des infants malades, des idiots, des nains, des infirmes, quelques pitres monstrueux vêtus en princes qui avaient pour fonction de rire d’eux-mêmes et d’en faire rire des..."

"Il y a dans le vice, l'abjection, l'ordure, un plaisir, une ivresse, un défi où l’on se déchire avec le dessein d'écœurer le monde, les hommes, Dieu, la vie, les prétendues valeurs morales qui fondent la civilisation et causeront sa perte. Se livrer au mal pour le mal, retrouver les remugles du..."

" - Comment tu vas ? / - Bien (doomscrolling doom destin imminence apocalypse scrolling défilement tourbillon fuite gouffre à mes pieds y aller ? flammes dans l’obscurité mystère effroi fin il n’y a pas d’autre solution que de se coudre un stylo dans la main de s’arracher la langue et d’étaler des..."

"I. Préface à l’effacement / J’ai glissé hors du monde sans bruit. Pas un cri. Pas un drame. / Juste une fatigue grise, une lente disparition des contours. / Je suis devenue translucide à l’intérieur. / Un verre lavé mille fois. / Un miroir qu’on n’interroge plus. / Les mots ont..."

"Ils hurlent dans la nuit, et la nature de leurs cris ne laisse place à aucun doute, ce sont des cris de douleur, de torture, des hurlements stridents et sourds qui s’effondrent sur des parois noires, sous un ciel noir, sur un sol noir, un sol brûlant, liquéfié, qu’ils foulent, tous, déambulant dans..."

"1 / Je reviens, presque un an après, jour pour jour / C’est froid, c’est blanc, ça n’a pas changé / Je tends le bras, abattu / Les larmes coulent devant l’aiguille qui rentre, puis qui sort / La seconde aiguille pénètre l’épiderme, s’enfouit dans la chair, le muscle, puis la veine / Le cathéter..."

"il disait / écoutez c’est moi qui raconte / il fallait se taire / il parlait // on était assis en cercle / comme les pierres du feu du soir / c’était le matin / le café au lait les tartines / clapotaient / dans nos ventres en cage // ferme la porte / il disait au dernier/ qui tirait dans son dos / un fagot de..."

"Cercle des incrédules / Le futur s'évanouit soudain. / Tes métacarpes dessinent toujours des sentiers sous ta peau, / mais tes mains tremblent comme celles d'un alcoolique en manque. / Sur la face supérieure du dé géant qui vient de s'immobiliser, / ton nom est inscrit. // Cercle des luxurieux et des..."

"Ça va ? // C'est l'enfer. Pas possible d'avoir une conversation de plus de 40 secondes avec un adulte. Je crois que personne n'a réussi à finir une phrase depuis que je suis arrivée. Et toi ? // Pire que l'enfer. // Pire que l'enfer ? Vous parlez modèles de tondeuses à gazon ? // Prêts immobiliers. // Ah merde. // Et..."

"Je ne sais pas comment je suis arrivé là. Il n’y a pas eu de chute, pas de hurlement céleste, pas d’éclairs dans le ciel. Seulement un silence si épais qu’il m’a déchiré les tympans, suivi d’un froid si noir qu’il m’a brûlé la chair. Puis cette porte. Haute comme un souvenir d’enfance mal enterré. Sculptée non..."

"enfermée dans le mot / le mot dans la bouche / la bouche dans le silence / le silence dans la pièce / la pièce dans l'immeuble / l'immeuble dans la ville / la ville dans la tête / et la tête / dans l'enfer / je m'enferme / tu t'enferres / il déferle / nous nous référons / vous préférez / ils s'..."

"8 h 39 avale un café avant de démarrer tremble déjà / une clope que je tète à donf / Gaza des brasiers des ruines / (si au moins j'avais un caillou de crack mon intifada à moi) // 8 h 51 me lance un grand défi tenir jusqu'à 9 h putain je réussis je gagne je jubile je mérite le trophée j'attrape le..."

"Vous auriez pu le voir venir. Peut-être un jour au supermarché. Poussant votre caddie entre les rayonnages, évaluant rapidement votre richesse et vos possibilités. Au rayon des viandes et volailles, parmi les animaux transfigurés, à vous demander combien vous pouviez vous en offrir, de ces..."

"Le sol ne saigne pas, il mâche / des claviers calcinés sous les pas, / et les ombres se penchent sans couvercle ni / écumoire de répit. // Un drone pend, inerte, à la voûte de cendre. / Le cri d’un criquet rouillé s’effondre dans l’huile. // Ici, nul cri, / seulement le silence râpé comme..."

"Tu sais. / Le bois. / La nuit. / Le bois la nuit est un tout autre bois. // Tant d’arbres poussent à voûte noire, troncs pressant contre ton dos, écorces inconnues sous ta paume aveugle, racines enflées qui te poursuivent comme vipères grosses de leur géniture, branches cinglant ton front, griffant ta..."

"Lundi. Elle a beau se pincer les pommettes, appuyer sur le coin intérieur puis sur le coin extérieur de l'œil. Masser soigneusement comme elle l’a vu en vidéo sur son téléphone. Rien à faire. Ses cernes sont toujours là. Elle ouvre le tiroir, sort les fioles, cotons, crèmes et commence à se..."

"Quand tu avances dans le boyau / sous les barrages d’artillerie qui ponctuent / d’hématomes le ciel suffoqué / le pied glisse indifféremment / sur une flaque de boue ou un corps sans vie // Quand tu ne sens plus l’odeur de charogne / parce que tu portes sur toi la puanteur / et que tes mains n’..."

"né d’une double hiérarchie comment choisir du vice / ou de la vertu ce qui fait de toi / {l’ange} / jamais saint mais saisi d’une grâce / jusqu’à ce que tu sois déchu / ébranlé / grand tremblement / d’un trou noir sous les pas // longues habitudes du corps / l’haleine / dans l’ombre maline / sa bouche / d’..."

"(géhenne) // cendres consumées / sacrifice urbain / vallée d'ombre, vallée d'oubli / déchet/immolation / moloch gobe / les vestiges d’un feu (perpétuel) // (fosses communes des âmes réfractaires) // fumée, ordure, supplice / un murmure de soufre dans la gorge / métaphore charbonneuse / chaleur et ruines / le..."

"8 janvié 2055 / sa yé y zavé bien di ksa alé arivé ! on ni croié pas sé loreur tout sé arété dun cou il y a une semène plu de conexion plu dacsè au zapli plu dacsè a internet on a plu klé zapel et lé sms jsui restée dans l'inconpréhensible jé cru ksété une blague et puis vite la panic total pas de..."

"« Votre ego d'écrivaine vous gêne-t-il pour marcher ? » Parfois je le pense : Milène arrête d’écrire, vis. Vraiment vis. Et même si c’est un conseil pour, en fait, écrire plus, écrire mieux, plutôt que pour vivre. Je crois que l’ego d’écrivaine gêne pour écrire, encore plus que pour marcher. L’..."

"Dans le décor funèbre, croulant, déliquescent, de la zone portuaire d'une ville tropicale qui n'est jamais nommée mais dont bien des aspects désignent La Havane, un jeune homme échoué erre, se perd et se dissout, de plus en plus hagard, flottant et décharné, comme contaminé par le chaos ambiant, dans la..."

- Jacques CAUDA : "Pronostic vital engagé" (éd. Sans crispation) - Sophie COIFFIER : "L'éternité comme un jeu de taquin" (éd. L'Oeil ébloui) - Gabrielle FILTEAU-CHIBAT : "Louve en juillet" (éd. Dépaysage) - Pierre GONDRAN DIT REMOUX : "Poèmes dévalés" (éd. PhB) - Adrien LE BOT : "Tu cherches quoi ?" (éd. Allia) - Rémi LETOURNEUR : "L'odeur du graillon" (éd. Cheyne) - Franceska POLLOCK : "Ferdinand des possibles" (éd. Verdier) - Laura TIRANDAZ : "J'étais dans la foule" (éd. Héros-Limite)

- Neama HASSAN : "Sois Gaza" (éd. des Lisières) - Dorothy B. HUGHES : "Un homme dans la brume" (éd. Rivages) - Abdellatif LAÂBI & Yassin ADNAN : "Gaza : y a-t-til une vie avant la mort ?" (éd. Points) - Aidan TRUHEN : "Allez tous vous faire foutre" (éd. Sonatine)

"Il est difficile de dire d’où venait le surnom d’Anita Lane, « Dirty » (« La sale » ou, dans un langage d’un autre siècle, « La souillon »). Toujours est-il qu’elle le revendiquait, ayant nommé son premier album solo « Dirty Pearl » (« Perle sale »). Aucun désir d’une vie relâchée pourtant. Elle fut un..."

"1er mars : C'est l'anniversaire de ma mère (ce devrait donc être la fête) mais elle est morte l'an passé (qui en a été très affecté) et je regarde en boucle la vidéo virale de l'ahurissante braque de ce pauvre Zelensky par Trump et Djaydee Vance dans le Bureau Ovale où ils l'ont piégé hier : me reviennent les..."