Depuis une quinzaine d’années, Yann Guyonvarc’h collectionne avec passion et méthode la peinture d’Eugène Boudin après être tombé amoureux d’une vue de Deauville de l’artiste. Les deux cents œuvres qu’il a réunies, avec pour projet de les présenter à terme dans le cadre d’une fondation, suivent toute la carrière du peintre des premiers paysages normands aux tardives marines peintes en 1895 à Venise. Quatre-vingts d’entre elles sont accueillies ce printemps au musée Marmottan Monet, près des toiles du plus célèbre élève du peintre de Honfleur. Laurent Manœuvre, éminent historien d’Eugène Boudin qui assure le commissariat de l’exposition, évoque les singularités de cette collection et éclaire, à travers elles, la vie et la quête obstinée du « roi des ciels ».
Eugène Boudin
Eugène Boudin
Eugène Boudin raconté par lui-même
Prosateur simple, mais non dénué de charme, Boudin a abondamment documenté sa propre existence. Épistolier, auteur de « carnets », diariste, il a laissé, en outre, une autobiographie sommaire livrant le récit, fragmenté, d’une vie d’artiste talentueux et opiniâtre.
Eugène Boudin au défi de la marine
Homme de « l’humidité saline » des grèves, Boudin fut contraint, par les nécessités marchandes, à la fréquentation assidue des ports (qu’il n’aimait guère, les grands surtout) pour réaliser un type de marines mettant en scène des navires dans un cadre portuaire, genre pictural ancien qui conservait une clientèle importante.
La figure et l’horizon
Projet « opportuniste » répondant néanmoins aux aspirations de l’artiste de représenter des figures « actuelles » inscrites dans les nouveaux usages de la société du Second Empire et surtout de transcrire l’état fugace du ciel dans tous ses états observables, les scènes de plage de Boudin sont à la fois des revers commerciaux et des réussites artistiques fécondes.
Nager en plein ciel
S’assigner un objectif simple… et démesuré. Boudin, dès le milieu des années 1850, exprima ce qui sera le projet d’une vie dans un passage célèbre, à juste titre, de son journal : « Nager en plein ciel. Arriver aux délicatesses du nuage. Suspendre ces masses au fond, bien lointaines dans la brume grise, faire éclater l’azur. Je sens tout cela venir, poindre dans mes intentions » (3 décembre 1856). Il avait trouvé son élément.
Dialogue : Monet
Monet a reconnu, notamment après le décès de Boudin, sa dette envers celui qui emmena ce jeune talent prometteur travailler avec lui sur le motif, créant ainsi les conditions d’une « révélation ».
Les tableaux de Greco pour Santo Domingo el Antiguo réunis au Prado
Le Prado accueille le Martyre de saint André de Rubens
Pendant les travaux du siège madrilène de la Fundación Carlos de Amberes qui en est propriétaire, les visiteurs du Prado pourront admirer, dans la salle 16 B du bâtiment Villanueva, un impressionnant tableau religieux tardif de Rubens pourvu, ce qui ne gâte rien, de son cadre d’origine.
Ruhlmann : dans l’atelier du décor
Dès sa fondation en 1864, le futur musée des Arts décoratifs de Paris avait pour ambition de fournir des modèles et des sources d’inspiration aux ouvriers, aux artisans et aux artistes, dans tous les domaines de la création. C’est pour présenter ces très riches collections que le MAD inaugure ce printemps son Cabinet des dessins, papiers peints et photographies. Sa toute première exposition est consacrée à un pan méconnu de la carrière de Jacques-Émile Ruhlmann : la création de revêtements muraux et de tissus.