Teotihuacan, cité des Dieux

La trame urbaine de Teotihuacan

par Acosta Nieva

Teotihuacan, ville cosmopolite située dans le bassin de Mexico, à 40 km à peine de la capitale, fut la principale métropole de l’aire méso-américaine pendant la période Classique (300 à 900 ap. J.-C.). En raison de son importance économique, politique et religieuse, cette cité attirait une population nombreuse et éclectique qui évoluait dans un cadre urbain rigoureux, mais non dépourvu d’esthétisme. Tout au long de son histoire, Teotihuacan garda son tracé orthogonal et une claire division entre secteurs public et résidentiel.

L’inévitable et inépuisable question de la chronologie

La datation de tous les épisodes qui composent l’histoire de Teotihuacan est impérative si l’on veut comprendre les modalités de croissance, d’apogée et d’effondrement de ce qui fut, à une époque, la plus grande cité de Mésoamérique ainsi qu’un foyer d’influences sur une aire énorme. Cela implique la mise en place d’une chronologie relative détaillée et toujours perfectible, arrimée à l’échelle du temps par des dates chronométriques précises. En dépit des efforts déployés en la matière, les cadres dans lesquels placer l’histoire du site ne peuvent être encore considérés comme totalement satisfaisants et définitifs, ainsi que le démontrent les ajustements récents proposés pour la datation des événements violents qui marquèrent le début de sa fin.

Les palais et résidences de Teotihuacan

par L. Manzanilla

Teotihuacan : ville multicolore, accueillante, multiethnique ; établissement urbain planifié à partir d’un quadrillage qui régit l’orientation des rues et des édifices ; cité qui monopolisait l’obsidienne grise veinée d’Otumba et verte de la sierra de las Navajas, à Pachuca, Hidalgo ; gigantesque concentration de personnes, de biens somptuaires, de langues et d’idées?; centre sacré du Haut Plateau mexicain. Elle a probablement été la ville archétypique que les Mexicas1 imitèrent. Elle n’a pas laissé de registres écrits comme les Mayas du sud-est de la Mésoamérique : c’est pourquoi déchiffrer sa structure représente un grand défi intellectuel.

La cosmologie, le militarisme et le régime politique à Teotihuacan

par S. Sugiyama

La pyramide de la Lune est le deuxième plus grand bâtiment de Teotihuacan. Cependant, elle ne fut l’objet de fouilles archéologiques, réalisées de façon méthodique, qu’entre 1998 et 2004. Les fouilles extensives autour de la pyramide et l’ouverture de tunnels ont permis de découvrir une séquence architecturale élaborée, cinq complexes mortuaires emplis d’individus sacrifiés et d’animaux sacrés mais aussi de riches offrandes. Les contextes des fouilles indiquent que ces dépôts dédicatoires étaient des symboles de l’idéologie religieuse de l’État et communiquaient des informations sociopolitiques venant des élites. Un grand nombre de ces offrandes est imprégné d’une forte connotation guerrière et sacrificielle.

Rituel et économie à Teotihuacan

par D.M Carbalio

À l’apogée de Teotihuacan, la ville était le point de convergence des rituels les plus grandioses et du système économique le plus solide de Mésoamérique. Des dizaines de milliers d’individus se rassemblaient régulièrement autour de cérémonies publiques afin de soutenir le cosmos et le temps lui-même. Il semble également qu’ils se soient réunis avec la même affluence sur les marchés qui proposaient des produits venant des quatre coins de la Mésoamérique.

La société de Teotihuacan

par E. Taladoire

Si Teotihuacan est, morphologiquement, une ville, il est possible de s’interroger sur les activités déployées par ses habitants?: quelle part de la population participe véritablement à la vie urbaine ? Les informations disponibles à ce jour permettent d’esquisser une vision de l’organisation sociale, mais bien des questions restent à résoudre.

Les pratiques mortuaires à Teotihuacan

par G. Pereira

C’est des « fouilles » réalisées, entre 1857 et 1870, par l’explorateur français D. Charnay que datent les premières mentions d’inhumations contenant des restes humains à Teotihuacan. Depuis, les connaissances sur les pratiques mortuaires de l’ancienne cité n’ont cessé de s’enrichir au gré des recherches régulières dont le site fait l’objet depuis plus d’un siècle.

Stratégies et héritage de Teotihuacan sur le Haut Plateau mexicain

par G. Urunuela, P. Plunket

Au-delà des confins du bassin de Mexico, Teotihuacan employa des stratégies diverses pour obtenir le contrôle des routes commerciales et canaliser l’exploitation des ressources nécessaires à sa vie urbaine. Sa suprématie inhiba le développement d’autres centres majeurs proches, à l’exception de Cholula située dans la vallée voisine de Puebla. L’empreinte de la domination de Teotihuacan survivra à son déclin, puisque plusieurs nouvelles cités, qui profitèrent du vide du pouvoir dans le Haut Plateau, incorporèrent son patrimoine iconographique.

Quartiers d’étrangers à Teotihuacan

par J. Gazzola, S. Gomez

La métropole de Teotihuacan regroupait principalement des populations du Mexique central, dont les origines ethniques pouvaient fortement varier. Les fouilles et recherches réalisées dans la cité ont permis d’identifier jusqu'à maintenant trois groupes ethniques étrangers, d’origine plus lointaine, les régions de Oaxaca, du Michoacán, de la côte du Golfe et de l’aire maya. Ces individus se sont regroupés en quartiers à la périphérie de la ville de façon à conserver leurs coutumes et leur identité ethnique.

Sculpture et peinture à Teotihuacan

par J. Patrois

Teotihuacan – site monumental et imposant – a produit un art qui est le fidèle reflet de sa grandeur et de sa complexité. Alors que ses sculptures en pierre impressionnent par leur majesté et leur massivité, ses fresques ravissent le spectateur par leur apparente légèreté et leur «?insouciance?». L’ensemble n’a pourtant qu’un seul but, servir la communauté en évoquant et en célébrant les dieux, tout en glorifiant le pouvoir en place et le militarisme.

Teotihuacan en pays maya

par E. Taladoire

Si l’existence de liens entre Teotihuacan et les cités mayas est indéniable, c’est leur nature qui fait l’objet d’un débat entre partisans d’une intrusion de la métropole dans les basses terres tropicales, et tenants d’une relative autonomie maya. Il ne fait pourtant plus guère de doute que des guerriers venus de la métropole du centre du Mexique soient parvenus à s’implanter dans plusieurs cités importantes et à imprimer une marque durable de leur présence prestigieuse.

La cité où meurent les hommes et où naissent les dieux

par E. Taladoire, L. Lopez Lujan

Après plusieurs siècles de prospérité et de rayonnement, Teotihuacan disparaît dans la violence, sans que l’on puisse encore affirmer l’identité des aggresseurs. Mais si son pouvoir temporel est réduit à néant, son prestige perdure jusqu’à l’apogée des Mexicas, dont les mythes conféreront à la métropole abandonnée le statut prestigieux de lieu d’origine du monde connu.