Maisons urbaines au Proche-Orient

Les débuts des maisons urbaines

par Jean-Claude Margueron

On ne peut définir la possibilité d’une “maison urbaine” que lorsqu’il y a ville. Aussi la question des débuts des maisons urbaines est-elle directement liée à la question de la naissance des villes.

La maison urbaine palestinienne au Bronze ancien

par Deborah Sebag

La première période urbaine du Levant sud se déroule au troisième millénaire avant notre ère, soit à l’âge du Bronze ancien. Dès leur apparition à la fin du Bronze ancien I, et ce malgré leur modeste superficie, les villes palestiniennes sont fortifiées et leur urbanisme est dense. La tendance remarquable à la fortification des sites est due certainement à un contexte d’insécurité et de guerre qui tranche avec la situation du Bronze ancien I, où les villages non fortifiés renfermaient un groupement lâche d’habitations. Le passage du stade villageois au stade de ville s’accompagne de modifications profondes de la société tant au niveau de son fonctionnement que de son architecture.

Les maisons du Levant au bronze moyen

par Nicolò Marchetti

Les données disponibles sur l’architecture domestique du Bronze moyen (première moitié du IIe millénaire av. J.-C.) ne sont pas très nombreuses. Les cas les plus significatifs se trouvent en effet en Syrie septentrionale intérieure et en Palestine. On peut cependant parvenir à esquisser un tableau cohérent de cette époque, qui témoigne de développements unitaires et de liens étroits entre Bronze moyen et Bronze récent (deuxième moitié du IIe millénaire av. J.-C.).

Les villas de marchands de Larsa

par Yves Calvet

Au début du IIe millénaire av. J.-C., Larsa connaît une prospérité extraordinaire grâce à son importance politique et à son rôle commercial dans le pays sumérien, au sud de la Mésopotamie. Avec Isin, Larsa domine le pays et contrôle les échanges entre les lointains pays du Golfe et même de l’Inde avec les dynamiques royaumes mésopotamiens. Le commerce est effectué par des marchands qui ont laissé, dans les documents archéologiques et épigraphiques, des témoignages de leur intense activité. Ils ont donné aux villes de la région une nouvelle physionomie. À Larsa en particulier, ils ont construit des villas sur de vastes terrains à la périphérie de l’ancienne cité. C’est là le seul exemple de tels édifices fouillés jusqu’à présent en Mésopotamie, alors que l’on connaît, pour la même époque, des maisons et des quartiers au cœur de nombreuses villes dans un tissu urbain étroit (Ur, Nippur, Sippar...) ou dans des villes “nouvelles”, mais insérées dans un système de fortification contraignant (Haradum, Shaduppum...).

Les maisons d’Ougarit

par Olivier Callot

Les maisons d’Ougarit au Bronze récent (XIVe-XIIe siècles) étaient des réalisations à la fois simples et complexes. Simples parce que, d’une part, elles faisaient appel à peu de matériaux de base et à des techniques largement éprouvées et que, d’autre part, elles comportaient des aménagements caractéristiques que l’on retrouve dans la plupart des maisons. Complexes, parce que leurs dimensions, très variables, étaient liées au statut social de leurs occupants, allant de la petite maison relativement modeste, à de majestueuses résidences que certains n’ont pas hésité à appeler “palais”.

Les maisons à l’âge du Fer en Palestine

par Michaël Jasmin

Au cours de sa longue histoire, l'architecture domestique au Levant va adopter des formes diverses, évoluant entre tradition et innovation, tout en répondant aux besoins parfois nouveaux des populations. Durant l'âge du Fer (ca. 1200-586), on constate au Levant sud, le développement puis l'instauration d'un plan architectural fixe, à l'organisation intérieure modulable, qui connaîtra une grande prospérité.

Les maisons mésopotamiennes vues par les scribes

par Pierre Villard

Dans les langues du Proche-Orient ancien, il n’existe pas vraiment de terme spécifique pour désigner la maison. L’akkadien bitou, comme le sumérien é peuvent aussi bien se rapporter à un temple, conçu comme la “maison du dieu”, à un domaine rural, à une pièce dans un bâtiment ou à un local quelconque. Néanmoins, la découverte et l'étude des tablettes notariales permettent de se faire une certaine idée du marché de l'immobilier mésopotamien aux IIe et Ier millénaires av. J.-C.

La maison dans les contrats

par Olivier Rouault

En Mésopotamie ancienne, la maison constituait un élément important du patrimoine de l'individu et de sa famille. Elle faisait l'objet de transactions ou de transmissions, souvent enregistrées sur des tablettes inscrites en écriture cunéiforme*. Il pouvait s'agir de transmissions vente-achat entre particuliers ou d'héritages. Certains contrats de transmission immobilière sont en fait des donations royales, attestées, comme les autres types de contrats, dès le IIIe millénaire av. J.-C.

Des maisons et des hommes à Ougarit à l’âge du Bronze

par Valérie Matoïan

Le tell de Ras Shamra, localisé sur la côte syrienne au nord de la ville moderne de Lattaquié, est l’un des sites de référence pour l’étude de la civilisation urbaine et palatiale de l’âge du Bronze au Levant. Les fouilles archéologiques menées depuis 1929 ont révélé les ruines de l’antique Ougarit, cité florissante du IIe millénaire av. J.-C. et capitale d’un royaume du même nom.

Les maisons le jour et la nuit

par Laura Battini

La maison était le cadre de vie le plus commun : toutes les activités domestiques et une partie des activités économiques s’y déroulaient. Le soir, une fois la journée terminée, la famille du maître et les esclaves y trouvaient le repos.

Les cultes domestiques

par Pierre Villard

La présence de chapelles à l’intérieur des maisons privées fut longtemps admise par les archéologues. Sir Leonard Woolley, fouillant dans les années 1920 les quartiers d’habitation du début du IIe millénaire de l’antique Ur crut, par exemple, avoir identifié de très nombreuses chapelles domestiques. Il estimait que la majeure partie des grandes demeures à espace central en disposait, de même que certaines plus modestes. Ses critères de reconnaissance étaient la présence d’“autels”, de “foyers à encens”, de “niches” ou de tombes. Un élément supplémentaire en faveur de cette identification était la mention, dans les recueils d’omina d’ashirtou (“sanctuaires”) domestiques.

Un caveau à demeure pour les habitants d’Ougarit

par Sophie Marchegay

À partir du XVIIIe et jusqu’au début du XIIe s. av. J.-C., les pratiques funéraires du site de Ras Shamra-Ougarit se caractérisèrent par un usage généralisé de la tombe à chambre construite en pierre, placée sous un habitat contemporain. Ce type de tombe, connu en Mésopotamie dès le début du IIIe millénaire, au Levant et à Chypre à la même époque qu’Ougarit, est particulièrement bien représenté sur ce dernier site : avec plus de deux cent tombes à chambre construite intégrées à l’habitat, l’architecture funéraire d’Ougarit constitue un ensemble unique au Proche-Orient.

La maison dans la ville

par Paolo Matthiae

Dans les civilisations du Proche-Orient ancien, l’espace de la ville ne s’articulait pas entre sphères publique et privée, puisque la catégorie “publique” ne correspond pas à la réalité historique proche-orientale ancienne. Il y avait trois espaces urbains : un public, occupé en grande partie par le palais royal, un religieux et un domestique.