Indignations

La couleur de l’indignation

par Marie-Ève Charron, Thérèse Saint-Gelais

Le printemps au Québec a été marqué par l’effervescence d’une indi- gnation partagée par des centaines de milliers d’étudiant.e.s en grève, un geste collectif de résistance contre la hausse drastique des droits de scolarité. Notable par son ampleur historique, le mouvement s’est manifesté par une pléthore d’actions de protestation dont la particularité indéniable fut l’originalité de leur signature visuelle. Dans un contexte de révolte citoyenne, ces tactiques ont encouragé des subjectivations politiques qui ont permis de redéfinir de manière inédite les usages de la démocratie dans la société québécoise.

Pussy Riot, la haine

par Annie Gérin

Ceux qui, comme moi, connaissent bien le climat social et politique actuel en Russie ont sursauté lorsqu’ils ont lu dans un article publié dans La Voix de la Russie du 23 mai 2012 que le gouvernement de Vladimir Poutine condamne la violence exercée par le Québec à l’égard de ses citoyens. Faisant référence à la répression policière des manifestations qui ont eu lieu en mai dernier à Chicago (dans le cadre du Sommet de l’OTAN) et à Montréal (en opposition à la loi 78), Konstantin Dolgov, chargé des Droits de l’HommeauministèrerussedesAffairesétrangères,déclaraitque«malgré le fait que les actions étaient pour la plupart des cas pacifiques, les mesures des forces de l’ordre étaient des fois disproportionnées ». Cynisme ?

La liberté perdue: crise économique et répression de la dissidence

par Michael Dirisio

L’instabilité de l’économie mondiale, combinée à la précarité croissante des travailleurs salariés à l’époque moderne, a entraîné une vague de dissidence et de résistance qui s’exprime sous la forme de soulèvements de masse et, chez les artistes canadiens, d’une production à caractère politique de plus en plus critique. Carole Condé et Karl Beveridge sont des artistes importants à cet égard, car leur intérêt de longue date pour les enjeux liés au travail assure l’expression d’une dissidence par ailleurs souvent muselée. L’œuvre Liberty Lost (2010) aborde un certain nombre des enjeux politiques les plus importants auxquels doivent faire face les Canadiennes et les Canadiens dissidents à l’heure actuelle. Une analyse critique de l’œuvre effectuée en reprenant certains des concepts politiques et esthétiques formulés par le philosophe français Jacques Rancière permet d’y distinguer des voix qui se prononcent sur des enjeux politiques précis et sur les divisions ontologiques qui déterminent qui peut parler et ce qui peut être dit.

Rendez-Vous sur Facebook: Foundland et la guerre electronique syrienne

par Vanessa Morisset

Les artistes se sont-ils impliqués dans les soulèvements populaires que l’on a vus éclore depuis le Printemps arabe ? Ces événements ont-ils donné lieu à un renouveau de l’activisme en art ? Au cours du 20e siècle, l’engagement des artistes dans des mouvements ou des partis politiques a causé bien des désillusions, soit que leur initiative n'ait consisté finale- ment qu’en une posture artistique, ou au contraire que leur intérêt pour la politique ait pris le pas sur la création. Ces expériences passées font penser que la conciliation entre art et engagement est difficile. Pourtant, aujourd’hui, on assiste semble-t-il à un renouveau de l’art engagé, motivé par le besoin de soutien de peuples en révolte contre les dirigeants de leurs pays.

Carrés rouges sur fond rouge

par André-Louis Paré

Le titre de ce texte est bien sûr un clin d’œil au célèbre Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch. Réalisée en 1918, cette œuvre donne à voir la fin de la représentation en art, le désir d’un absolu qui rime avec le rien, l’inobjectif – elle voulait faire apparaître la non-figuration des objets. Et elle n’est pas la seule, puisqu’elle appartient à une série de carrés peints par l’artiste russe : on trouve dans sa production un Carré noir sur fond blanc ainsi qu’un fameux Carré rouge sur fond blanc. Ces toiles suprématistes annoncent pour Malevitch un nouveau commencement.

Les ingouvernables

par Marie-Ève Charron

Si la seconde édition de la triennale du New Museum s’est avérée si attrayante, c’est que sa thématique, The Ingovernables [Les ingouverna- bles], coïncidait parfaitement avec des préoccupations vives du moment. À tout le moins, pour moi, qui étais en visite à New York alors que la grève étudiante entrait dans sa quatrième semaine au Québec. Les événements qui allaient suivre ici – la mobilisation populaire élargie à une contestation du régime néolibéral – allaient aussi montrer la filiation moins souterraine qu’il n’y paraissait avec le mouvement Occupons qui, du square Victoria (rebaptisé place des Peuples) à Montréal au parc Zuccoti à New York, a marqué l’automne 2011. Malgré l’interdiction d’occupation des lieux par les autorités locales, l’indignation, même en sourdine, résonnait finalement encore et trouvait peut-être d’autres occasions de se manifester.

La politique de l’indignation: Ai Weiwei, l’art et l’acitvisme

par Alice Ming Wai Jim

Ai Weiwei (Beijing, 1957-) est un symbole vivant de la lutte pour les droits de la personne. Artiste, architecte et activiste réputé, il est devenu une personnalité planétaire malgré son confinement en sol chinois. En mai 2012, il faisait partie des trois récipiendaires du prix Václav-Havel de la dissidence créative accordé par la fondation Human Rights, et en octobre, la première rétrospective consacrée à son œuvre aux États-Unis, According to What?, prenait l’affiche au musée Hirshhorn de l'institut Smithsonian. Au vernissage, Ai brillait toutefois par son absence, son passeport étant retenu par les autorités chinoises depuis sa détention d’avril 2011 et sa subséquente assignation à demeure, sur des allégations d’évasion fiscale.

Portfolio

par Clément de Gaulejac

L'école de la Montagne Rouge

Chronique affaire de zouave

par Michel F.Coté

Minéralisation

Minéralisation

par Michel F. Côté

Les pierres sont objets de longues rêveries, de méditations, d’hypnoses. Elles sont support d’extase, moyen de communication avec le Vrai Monde. Le sage les contemple, s’y aventure et s’y égare : il s’y abîme. La légende veut qu’il ne revienne pas alors dans l’univers humain. Entré dans le séjour des Immortels, il est devenu Immortel lui-même. Se rapprocher du minéral, c’est peut-être la solution.

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