Roger Vailland

Ou de s’y perdre

par René Ballet

L'un des méfaits de la mort est de rendre respectables ceux qu'elle frappe. L'écrivain disparu cesse de provoquer des polémiques pour susciter des études froides et lisses — polies — comme le marbre. Même Roger Vailland, une fois mort, est devenu respectable. C'est la pire chose qui pouvait lui arriver.

Chronologie de Roger Vailland

Roger Vailland, la transparence et le masque

par Max Chaleil

Si, comme l'écrit Shakespeare dans Richard II, « nulle pensée n'est en soit satisfaite », Roger Vailland, qui meurt le 12 mai du printemps 1965, « un printemps blanc » sonnant déjà la saison d'été, Roger Vailland est mort inachevé. Sans doute en est-il de lui comme de tout individu dont la fin marque moins la rage à ne plus être que le désespoir à laisser en chantier toutes les possibilités que la vie semblait encore offrir. Mais que dit ce regard qui, une fois ôtés les artifices et les fards qui sont autant de protections inhérentes au créateur ou à l'artiste, taraude le visage maigre et sec ? Visage à l'emporte-pièce, buriné et aigu comme une lame, qui vous fixe et se fixe, impitoyablement.

La rupture avec surréalisme et grand jeu

par Alain, Odette Virmaux

Anatomie d'un "procès" 11 est communément admis que Roger Vailland fut exclu du surréalisme en 1929, à la suite d'un retentissant « procès » organisé par Breton et son groupe. La rupture ultérieure de Vailland avec ses amis du Grand Jeu — et peut-être vaudrait-il mieux parler d'une distance progressivement prise que d'une rupture — fit en 1930 moins de bruit : elle parut découler peu ou prou du scandale antérieur.

Jeu de la passion et passion du jeu

par René Ballet

Roger Vailland et les femmes « Elles allaient bras dessus, bras dessous, par rangs de cinq ou six, et quelquefois de dix, douze ou quinze, qui tenaient alors toute la largeur de l'avenue ; les voitures se rangeaient pour leur faire place, et elles lançaient au passage des plaisanteries aux chauffeurs... » On croirait lire le récit d'une manifestation.

De la souveraineté selon Vailland

par Jean Senegas

La souveraineté selon Vailland s'inscrit dans une logique du non. En 1918, Vailland est un enfant ; il a onze ans. Il a participé à la fièvre patriotique des années de la Grande Guerre. Déjà, il a beaucoup lu ; des récits tournent dans sa tête : il est le chevalier d'Assas, le petit tambour Bara, et le Petit Poucet ; saint Georges il terrasse le dragon alboche. Devant un parterre de soldats fatigués, envoyés à l'arrière après de trop durs combats, Vailland pense être applaudi.

Un homme du peuple sans la révolution

par Jean-François Hirsch

Vailland, dans son Éloge du Cardinal de Bernis (p. 76) : « Bernis était né trente ans trop tôt pour être un révolutionnaire, comme le furent Laclos, ou Saint-Just et Robespierre, qui commencèrent aussi par écrire de mauvais petits poèmes... » Aussi mauvais que celui-ci ?

Le voyageur de la nuit

par Frédéric Chaleil

Sur la carte mouvante des nuits parisiennes, les plaisirs d'hier valent bien ceux d'aujourd'hui. Ce sont d'ailleurs les mêmes. Si les bars ont parfois changé de nom et les boîtes de style, les scènes qui s'y composent, restent, elles, immuables. Alcool, amour, danse ou drogue, l'ivresse a toujours le goût violent de la vie. En studieux oiseau de nuit qui passa avec succès ses divers examens de noctambulisme, de l'âge d'or de Montparnasse à l'heure fiévreuse de Saint-Germain-des-Prés, Roger Vailland s'il revenait parmis nous continuerait sans nul doute la ronde des lieux voués au vertige.

Les trains et les ys

par Alain, Odette Virmaux

Un inédit de jeunesse de Vailland présenté par Robert Brasillach Il s'agit d'un texte que Vailland avait écrit à dix-sept ans (1924), mais qui est considéré comme perdu. On ne l'a pas retrouvé dans ses archives, et cette disparition intriguait, parce que le titre de l'oeuvre est connu — les Trains et les lys — et que maintes allusions y sont faites dans sa correspondance et dans celle de ses amis. Il en avait parlé un peu à tout le monde, mais d'abord à René Maublanc, ce professeur qui faisait figure de mentor du petit groupe « simpliste » et avait fait publier dans une revue locale les premiers vers de Lecomte et de Vailland.

Textes de Roger Vaillant

Un sale oiseau - Texte manuscrit et non daté François de Champel - Texte inédit Saint-Tropez - Texte inédit

Vailland, l’homme et l’oeuvre ?...

par Michel Picard

Des critiques en quête de père Des personnages en quête d'auteur ?

Roger Vailland dans le réalisme socialiste

par Christian Petr

Si la question de la relation de Roger Vailland à la politique culturelle du PCF mérite d'être posée, c'est que, restée peu étudiée, elle fait l'objet de réponses contradictoires : pour certains, l'écrivain s'est fait le défenseur des thèses du réalisme socialiste, et y a soit gagné soit perdu sa qualité de romancier, pour d'autres, il les a condamnées. Qu'en est-il en réalité ?

Les amis restent toujours avec nous

par Tamara Balachova

Dans un texte que l'on peut lire aujourd'hui dans Chronique d'Hiroshima à « Goldfinger »', Roger Vailland mentionne une discussion littéraire qu'il avait eue avec « les érudits de l'Institut de littérature mondiale ». Ce fut un grand bonheur pour moi d'être parmi ceux que Vailland appella « érudits » avec une ironie qui lui était bien propre.

Le sud dans La Loi

par James Dauphiné

Le Sud de l'Italie, dans l'univers sociologique, culturel, historique et mythologique a toujours occupé une place privilégiée. Lieu d'exil ou terre d'élection, porteur d'un passé inoubliable, il ne peut pas laisser indifférent celui qui prend le temps de l'observer.

Le cinéma - Une autre forme du métier d’écrivain

par Alain, Odette Virmaux

L'excellente Chronique des Années folles à la Libération donnée par René Ballet (Messidor, 1984) aura révélé, au passage, une facette peu connue de l'activité journalistique de Vailland : la critique de cinéma.

Témoignages - François Leterrier

par Alain Virmaux

Les Mauvais Coups était un de mes livres préférés, et je m'étais dit depuis longtemps que j'en ferais un film. Pour avoir donné, dans la revue la Nef, un article sur la Loi, j'ai fait la connaissance de Vailland. Nous avons sympathisé et c'est ce qui m'a incité à lui proposer de tirer moi-même un film — mon premier film — des Mauvais Coups. Propos recueillis pas Alain Virmaux

Témoignage Alberto Lattuada

par Jean-Baptiste Para

La collaboration avec Roger Vailland pour le film Lettere di una novizio (la Novice), tiré du roman homonyme de Guido Piovene, a été un moment particulièrement passionnant de ma longue carrière de metteur en scène. Traduit par Jean-Baptiste Para

Adapter 325 000 Francs

par Daniel Besnehard

325 000 Francs a été présenté au TEP du 17 avril au 8 juin 1984. Trente ans après sa publication, adapter 325 000 Francs au théâtre nous obligeait à regarder avec la plus grande attention une oeuvre beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Très vite, elle se montre rebelle à tout schématisme, à toute réduction « socio-dramaturgique ».

Jacques Werup ou l’enthousiaste désillusionné

par Alain Gnaedig

Si Jacques Werup est une nature heureuse, il est cependant un sceptique sans illusions. Né le 14 janvier 1945 à Malmô, il vit aujourd'hui à Lôvestad, à la campagne, en Scanie, loin de la ville et de l'agitation, et à Paris, à Belleville plus précisément, là où, selon lui, on peut encore trouver des « êtres vivants ». A son grand-père paternel bulgare, aventurier, arrivé en Suède lors de l'exposition baltique à Malmô en 1911, il a consacré un roman : les Nostalgies de Shimonoff (1983). L'une des conséquences de cet héritage est que l'écrivain se sent chez lui dans de nombreux pays. + Textes de Jacques Werup

Marc Soriano - La tour Eiffel en robe du soir

Nouvelle

André Pieyre de Mandiargues ou le regard de Méduse

par Etienne Bastiaenen

Jusqu'en 1963, André Pieyre de Mandiargues, fabricant d'horlogerie littéraire, ciseleur de phrases, n'était apprécié que de quelques amateurs avertis.

Le voyageur du métro aérien - Le métro des miracles

par Fancis Combes

Le métro a lui seul est une sorte de métaphore urbaine. Pas uniquement au sens où ce serait, comme l'entendent les Grecs, un moyen de transport, mais aussi parce qu'il nous présente une certaine image de notre société. Avec son côté pile et son côté face, son côté cour et son côté jardin, son versant de lumière et son versant d'ombre.

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