Raymond Roussel

Impressions d’Europe

par Patrick Besnier, Pierre Bazantay

Près d'un siècle après son apparition — quatre vingt-douze ans pour être précis — l'étoile scintille encore au front de Raymond Roussel. Toutefois, en confirmant ses rêves de gloire, la postérité ne lui a ménagé ni quiproquos ni simplifications.

La lumière, l’extase et le sang ou la dernière machine de Raymond Roussel

par Giovanni Macchia, Jean-Baptiste Para

Même la vie, chez Roussel, ne dédaigne pas les énigmes. Et la dernière de ses énigmes, léguée à la postérité sans le secours d'aucune herméneutique, sans la clé qu'il avait fournie pour la lecture de certains de ses livres, n'est pas la moins inquiétante. Chacun de nous prépare sa propre mort. Traduit de l'italien par Jean-Baptiste Para

Faut-il avoir lu Schopenhauer pour lire Roussel ?

par Pierre Bazantay, François Caradec

Entretien avec François Caradec Propos recueillis par Pierre Bazantay

L’oeil de l’ethnographe

par Michel Leiris

Nous publions ici avec son aimable autorisation ce texte de Michel Leiris datant de 1930. Il avait paru dans la revue Documents à la veille du départ de la mission Dakar-Djibouti. On se souvient que Michel Leiris participa à cette expédition en qualité de secrétaire-archiviste. «L'oeil de l'ethnographe » complète en quelque sorte le recueil des articles de Leiris consacrés à l'auteur d'Impressions d'Afrique (Roussel l'Ingénu, éditions Fata Morgana, 1987).

Comment naissent les mythes

par Patrick Besnier, Gian Carlo Roscioni

C'est sur un ton presque solennel que, dans Comment j'ai écrit certains de mes livres, Roussel annonce son intention d'expliquer les secrets de sa technique : «... ce procédé, il me semble qu'il est de mon devoir de le révéler, car j'ai l'impression que des écrivains de l'avenir pourraient peut-être l'exploiter avec fruit1.» Traduit de l'italien par Patrick Besnier

Roussel, Forban

par Lanie Goodman

Dans "Comment j'ai écrit certains de mes livres", Roussel prétend que malgré toutes les ressemblances, il n'existe aucun rapport entre La Doublure, « qui est absolument étranger au procédé », et le conte des « textes-genèse », « Chiquenaude ». ' En revanche, si l'insuccès de La Doublure rappelle douloureusement la chute « d'un prodigieux sommet de gloire», «Chiquenaude» se distingue par un statut privilégié : « Aucune de mes oeuvres ne me satisfit, sauf " Chiquenaude", que je publiai vers 1900. » Roussel n'offre point de raisons pour cette préférence, ni d'indices quant à un rôle éventuel de « texte-genèse ». Pourtant, en toute apparence, le procédé poétique employé dans « Chiquenaude » (une substitution métagrammatique du « b » au « p ») est identique à celui de « Parmi les Noirs », si méticuleusement expliqué dans le testament, où il s'agit d'un rapprochement entre « les bandes de pillards » et « les bandes de billard ».

“Locus Solus”, une apothéose de l’adjectif

par Michèle Noailly

Lire Raymond Roussel est un exercice captivant pour le grammairien, qui ne cesse de s'étonner, de s'émerveiller, de s'agacer devant la permanence inlassable et maniaque, chez cet auteur, de certains usages stylistiquement marqués. 11 serait possible, ainsi, de disserter quelque temps sur les emplois que fait Roussel du pronom dont. On pourrait de même s'attarder (s'attendrir ?) assez longuement sur son affection pour certains déterminants indéfinis relevant d'un parler très soutenu {tel, certain et quelque dans des exemples comme telle bibliothèque, p. 9 ; certaine relation, p. 11 ; quelque station, p. 9).

Souvenirs de Byzance

par Patrick Besnier

Au septième chapitre de Locus solus, Noel lit à la loupe une page choisie par le coq Mopsus dans un curieux recueil d'éphémérides — la lecture devant révéler son avenir à la danseuse Faustine.

Montesquiou, lecteur sans procédé

par Pierre Bazantay

Proust — le moins odieux de ses contempteurs — a trop loué le poète et le « professeur de beauté » : ses jugements sur Robert de Montesquiou exhalent une fine (et cruelle) ironie. En 1894, c'est le dithyrambe : « M. de Montesquiou ne se contente pas d'être le plus raffiné des sensitifs, c'est aussi un des seuls poètes penseurs du 19e siècle. C'est un intellectuel avant tout.»

Deux chroniques retrouvées

Ces deux Chroniques ont été découvertes par Jeanine Plottel, dans le Figaro illustré de février et avril 1933. Ce sont les derniers écrit publiés par Roussel de son vivant. Pendant symétrique aux Chroniquettes données au Gaulois en 1897, elles révèlent un Roussel critique à ce jour inconnu.

Roussel, les écrivains et les livres

par Jean Parisier-Plottel

Amenée par de tout autres recherches à consulter la collection du Figaro et de ses suppléments dans les années trente, j'ai pu découvrir — avec stupeur — les deux chroniques publiées ci-dessus, figurant dans le Figaro illustré de février et d'avril 1933. Naturellement, j'ai recherché si d'autres numéros de ce périodique contenaient des textes de Roussel : ce fut en vain.

Quatre critiques retrouvées

par Pierre Bazantay

A prendre à la lettre les propos amers de Raymond Roussel dans Comment j'ai écrit certains de mes livres, nul ne se serait intéressé à son oeuvre (ou à peu près) avant que le scandale des pièces ait éclaté. Est-ce si vrai ?

La mort et le temps

par Raymond Roussel, Camille Flammarion

Dans son oeuvre, Raymond Roussel traite rarement de sujets astronomiques et, à première vue, il peut sembler bizarre de placer son nom à côté de celui de Camille Flammarion. Toutefois, la thématique astronomique est présente dans les deux pièces de Roussel : l'Étoile au front et la Poussière de soleil

Romans d’aventures et aventures du roman roussellien

par Anne-Marie Amiot

Pour tout lecteur de Roussel, le désir de gloire universelle qui motive son oeuvre paraît incompatible avec l'hermétisme qui, communément, la caractérise. La critique n'a cessé de relever cette contradiction primordiale sans peut-être en tirer les conséquences éclairant tant le psychisme de Roussel que certains aspects de l'oeuvre restés jusqu'à ce jour à peu près inexplorés

Raymond Roussel et le récit d’énigme

par François Raymond

On s'imagine fréquemment aujourd'hui que Roussel n'est lisible, entendons : digne d'être lu, que grâce au « procédé » — nouveau s'il en fût — dévoilé dans Comment j'ai écrit certains de mes livres.

Entre Graphe et scope - Roussel au cinéma

par Michel Rebourg

« On connaît le goût de Roussel pour le théâtre populaire, mais on ignore tout à fait ce qu'il pensait du cinéma, et s'il est même jamais entré dans une salle de projection... » telle est l'unique allusion qu'on peut relever à la lecture de la Vie de Raymond Roussel de François Caradec.

Raymond Roussel, presque

par Philippe G. Kerbellec

La liste des médications, tenue à jour par Charlotte Dufrène (« mon amie » comme dit le dernier manifeste), est, des oeuvres de Roussel, une des mieux abouties : Phanodorme, Hypalène, Vériane, Rutonal, Sonéryl, Somnothyril, Neurinase, Acetile Veronidin.

Repères biographies

par Pierre Bazantay

Le paraguay entre la nostalgie et le cri

par Felipe Navarro

Rencontre avec Ruben Bareiro Saguier La poésie et la prose de Rubén Bareiro Saguier portent le signe indéniable de son pays, le Paraguay. L'enfance rurale, les horreurs de la tyrannie (le dictateur Alfredo Stroessner est au pouvoir depuis 1954), les mystères et les mythes des premiers habitants du pays, les Guaranis, hantent les pages de ses livres. Rubén Bareiro Saguier vit à Paris. Certaines de ses oeuvres sont disponibles en français, notamment Pacte du sang (Éditions du Cerf, 1971), la Tête dedans\Maspéro, 1982) et Prisons (Caractères, 1987).

Ruben Bareiro Saguier

par Juan Marey, Ruben Bareiro Saguier

Mort du serpent argenté et résurrection de son sang Traduit de l'espagnol (Paraguay) par Juan Marey

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La revue d'histoire et de critique musicales Fragments de l’“Atys” de Lulli · schopenhauer · collège de france · lulli
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1907-01
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