Langage plastique

Thomas Hirschhorn et la politisation du langage plastique

par Alexandre Poulin

Précarité, urgence et accumulation sont des termes qui ponctuent la pratique de Thomas Hirschhorn depuis la fin des années quatrevingt. D’origine suisse, l’artiste développe une pratique artistique fortement politisée, caractérisée par une utilisation singulière de matériaux utilitaires. En réaction à la production industrielle de la sculpture minimaliste et postminimaliste, il s’oppose à ces artistes qui délèguent une part de leur production à des spécialistes et ingénieurs. Ce qu’il utilise se trouve à même la réalité et ne requiert aucun savoir-faire spécialisé autre que l’assemblage spontané de ses matériaux de prédilection. Son exposition Crystal of Resistance présentée l’été dernier dans le pavillon suisse de la 54e Biennale de Venise ne rompt certainement pas avec ces particularités.

Farewell photography ? À propos du langage photographique qui vient

par Alexis Desgagnés

On le sait, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, les champs économique et culturel de la photographie ont été considérablement ébranlés par l’introduction de nouvelles technologies numériques. En peu de temps, celles-ci ont remplacé les anciens appareils argentiques dans les inventaires des marchands de caméras aussi bien que dans la plupart des foyers, de nouveaux besoins – notamment le partage en ligne des images – appelant logiquement la production et l’utilisation de nouveaux équipements. Dans ce contexte, il est désormais de moins en moins rare de payer une bouchée de pain, chez le brocanteur ou sur eBay, certains appareils argentiques pourtant achetés jadis à fort prix. Aussi, le jour de la collecte des ordures ménagères, on ne s’étonne plus de voir des agrandisseurs faire le trottoir aux côtés des sacs à ordures, des téléviseurs analogiques et des matelas tachés d’urine. Montrez la cassette d’une pellicule 35 mm à un écolier, il vous dira probablement qu’il s’agit d’un taille-crayon. Farewell photography1…

Dessein du dessin : le dessin d’observation comme posture performative

par Hélène Matte

La performance est un art visuel. C’est du moins ce qu’en déduit le Conseil des Arts du Canada qui l’a confinée à cette catégorie à l’automne 2010, l’excluant des « arts interdisciplinaires » qui font maintenant place au cirque et deviennent les « arts intégrés ». Soit, la performance est visuelle. N’est-elle pas tout aussi sonore ? N’est-elle pas tactile ? Ne verse-telle pas, parfois, dans le littéraire ? N’est-elle pas simplement littérale ? Certes, l’identifier aux arts de la scène aurait créé l’émoi. D’aucuns auraient décrié l’opprobre, les uns défendant la chasse gardée du théâtre, les autres ne voulant surtout pas y souiller sa pratique alors que chacun mange du même pain (divisant toutefois la mie et la croûte). Cela dit, que la performance soit associée aux arts visuels demeure cohérent. Nombreux de ses praticiens sont issus du domaine et, par la force des choses, les universités l’ont incluse, depuis peu, dans leurs programmes d’enseignement1. Or, qu’est-ce qui définit une discipline ? La personne qui la pratique ou l’oeuvre qui en résulte ? Les oeuvres ne sont-elles pas tout aussi hybrides que les artistes sont polyvalents ?

Masse obscure : de la plasticité de l’événement matériel résineux

par Laurent Pilon

Les formes sensibles dans l’espace de Giorgia Volpe : matière et expérience

par Micèle Lorrain

Ce texte présente un aperçu du travail in situ de l’artiste Giorgia Volpe qui témoigne de l’expérience liée au savoir-faire et qui se traduit dans les matériaux et les formes qui le composent. Il s’attarde d’abord à des travaux de l’artiste qui tiennent compte des matériaux et de leur capacité à traduire une expérience vivante. Par la suite, le texte développe la question des relations entre expérience sensible et transmission d’un savoirfaire au sein du projet La renverse : où va la marée quand elle s’envole ?, réalisé en collaboration avec les pêcheurs d’anguilles du Kamouraska, au Québec.

La sculpture comme événement. Comment les objets sont activés dans l’oeuvre de Mathieu Valade

par Victoria Stanton

Cet article porte sur le travail de Mathieu Valade, fait de sculptures et d’installations, et sur les qualités performatives et expérimentales inhérentes à ses oeuvres. Une description de certaines d’entre elles servira à mettre en lumière l’importance de la présence du spectateur dans le travail de l’artiste, présence nécessaire pour activer et résoudre l’oeuvre en question.

Art, performativité, plasticité, langage : code d’accès

par Richard Martel

Sous le voile, la lutte. Les photographies de Shadi Ghadirian

par Julie Crenn

Shadi Ghadirian (née en 1974 à Téhéran, Iran) est, depuis quelques années, devenue une actrice majeure de la photographie iranienne et internationale. Son travail est exposé aux quatre coins du monde et figure dans toutes les plus grandes foires et biennales d’art contemporain. Nous proposons ici de parcourir son cheminement artistique et les problématiques abordées, et de présenter sa dernière série intitulée Miss Butterfly (2011).

Izidorio Cavalcanti : le provocateur de sens

par Madalena Zaccara

Pernambouc est l’un des États de la région au nord-est du Brésil où vit et travaille l’artiste Izidorio Cavalcanti. L’État est caractérisé pour être le berceau du Mouvement régionaliste créé ar le sociologue brésilien Gilberto Freyre. Ce mouvement est marqué par la recherche de la préservation des traditions régionales. Pernambouc est aussi l’un des premiers espaces sociaux brésiliens à connaître la modernité, dans le sens de la mise à jour de ses langages artistiques avec l’avantgarde européenne.

Boîte de transmission : écrits sur Thorax de Jean-Pierre Gauthier

par Christof Migone

L’art est un conduit, un entre-deux, un « transposant ». Entrées, sorties – en et de lui-même, l’art n’est rien. Le statut zéro de l’art, son néant, ne doit pas causer de courroux, d’inquiétude ou d’anxiété : c’est une boîte de Pétri riche et grouillante. C’est la recherche qui mélange les plans avec les fluctuations, le hasard et les obsessions. Elle tourne, encore et encore. Elle confond le complexe et le simple.

Alice de Visscher : fragments de mélancolie dans la performance [Concours jeune critique]

par Guilhem Molinier

Présenté par VIVA! Art action et Inter, art actuel, le Concours jeune critique visait à ncourager l’analyse textuelle des pratiques performatives en offrant une plateforme professionnelle aux critiques de la relève. Les critiques émergents étaient invités à rédiger un compte rendu analytique sur une ou plusieurs performances présentées dans le cadre de la 3e édition de VIVA! Art action. Félicitations au gagnant !

Stratégies installatives chez Jean-Marc Mathieu-Lajoie

par Lisanne Nadeau

Lorsqu’en 2003 JMML choisit de sortir de l’ombre après quelques décennies de silence, sa participation à la 2e Manif d’art de Québec a l’effet d’une bombe1. On devra s’interroger sur ce phénomène. En quoi consiste ce statut d’événement qu’acquiert, depuis, chacune de ses propositions ? Il semble en fait que l’effet ne tarisse pas.

L’imagination du monde [URD Théâtre]

par Alain-Martin Richard

D’abord le chaos. Un magma indicible : atomes en fusion, particules élémentaires en explosion et en extension qui définissent l’univers de nanoseconde en nanoseconde. L’espace et le temps s’entrechoquent en un imbroglio magnifique, matrice sans morphologie qui prendra la couleur du mouvement perpétuel. La matière se donne corps, ou plutôt se donne des corps qui seront des variantes infinies du même désir, issu de ce sursaut initial, de cette masse improbable qui contenait déjà toute la matière dans un point aussi petit qu’un neutrino. La matière totalement réduite à sa présence pure et son inconscience absolue ne peut plus se contenir elle-même et se propulse dans le hasard. Qui deviendra, entre autres, l’humanité.

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