Espace public - 11ème biennale de la Havane

La séduction des apparences

par Danny Montes de Oca

Depuis près de 30 ans, la Biennale de La Havane suscite des débats sur les plans de la théorie et de la création visuelle avec des thèmes tels que l’identité, la communication, les cultures locales et les manières de penser les nations et le monde. Elle marque aussi, depuis, les rapports entre tradition, modernité et postmodernité, ainsi que les conditions de production artistique dans un contexte postcolonial. Elle ne cesse ainsi de nous placer devant un processus qui filtre l’information.

Pratiques artistiques et imaginaires sociaux

par Jorge Fernandez Torres

Les études sur les mutations actuelles de l’art entraînent une médiation qui n’est pas simple. Les habitudes de valider et de légitimer les œuvres à partir de discours qui les ont précédées commencent à s’étioler dans un interminable jeu de fugues et de préludes. Les concepts que nous utilisions jusque- là traversent les disciplines, demeurent, puis finissent par se perdre sous la faiblesse de leur étymologie.

Systèmes périphériques et périphérie des sytèmes

par Richard Martel

D’une autre nature, la complexité des zones périphériques est une réponse aux conditionnements des institutions et de leurs normes. Fusion des contraires, remise en question des produits, la relation colporte d’unir et d’assembler à part des matières et des matériaux, une forme en appelant une autre, pour destituer nos habitudes et reconfigurer les axes de délimitation d’un produit culturel, ici artistique.

Prendre le risque de rencontrer des gens

par Helge Meyer

L’utopie de Black Market International et autres exemples d’art performance dans les lieux publics

Art public, action publique en Thaïlande

par Chumpon Apisuk

L’art public en Thaïlande a peut-être commencé vers les années trente, quand le gouvernement thaïlandais a engagé le sculpteur italien Corrado Feroci, de Florence, pour faire les esquisses des statues publiques de Bangkok en 1923, ce qui a mené à la fondation de la première école d’art moderne de style occidental en Thaïlande, maintenant l’Université Silpakorn.

Soulèvements critiques et activisme en Amérique du Sud

par Sylvio de Gracia

Depuis l’an deux mille, l’art action en Amérique du Sud a développé des liens beaucoup plus étroits avec l’activisme qu’auparavant. Les interventions artistiques dans l’espace public se sont depuis intensifiées et ont ainsi outrepassé pour de bon les frontières artistiques. Elles se manifestent auprès des mouvements sociaux et politiques de différents pays dont les exigences et objections prennent diverses formes. Certaines de ces stratégies sont des mises à jour, ou des appropriations, du répertoire historique de l’art action. D’autres, par contre, surgissent comme des pratiques novatrices, à la croisée de l’art contestataire, de la politique et de l’activisme artistique.

Les interventions urbaines, un genre artistique démocratique

par Alain Snyers

Les années soixante-dix, leur décennie de référence.

Décolonialité et expéreince esthétique : une approximation

par Dalida Maria Benfield, Raul Moarquech Ferrera Balanquuet, Pedro Pablo Gomez, Alanna Lockwaerd, Miguel Rojas-Sotelo

À la fois constitués et constituants de la question de la modernité et de sa principale prémisse – l’(anglo)eurocentrisme –, l’esthétique et l’art actuels font partie de ce système-monde dont la logique centrale est déterminée par le capitalisme et la rationalité scientifique et technologique. L’art et l’esthétique modernes, dans toutes leurs variantes, aspirent secrètement à l’universel (un art et une esthétique valides, validés et acceptés). Ils sont l’expression du modèle modernité-colonialité par leurs modes de représentation, leur corps discursif, leurs institutions et la manière de se distinguer, de produire des sujets et de créer des liens.

Les nouveaux espaces de l’interdiscipliinarité

par Edith Brunette

Les murs ne sont pas tous faits de pierres

Le chantier, terrain d’action pour l’art

par Sefan Shankland

De juin 2010 à novembre 2011, on pouvait voir, au milieu du chantier de la ZAC du Plateau à Ivry-sur-Seine, en proche banlieue parisienne, entre la future annexe du ministère des Finances réalisée par l’architecte Paul Chemetov et une opération de logements, un curieux cube multicolore de 10 mètres de côté. C’était l’Atelier/Trans305, l’un des projets proposés par l’artiste plasticien Stefan Shankland à la Ville d’Ivry-sur-Seine, pour rendre son chantier HQAC, c’est-à-dire à « haute qualité artistique et culturelle ». La démarche HQAC accompagne les étapes de l’aménagement. Elle prend des formes variées au cours d’un temps qui a commencé en 2006, avec les premières concertations des habitants et les procédures administratives de création de la ZAC (zone d’aménagement concerté), et se terminera en 2015, avec la livraison des derniers immeubles construits le long de la route nationale 305.

Doual’art, l’art dans la cité

par Serge Olivier Fokoua

L’événement a rassemblé à Douala des artistes camerounais et internationaux autour de travaux en résidence, de colloques, de workshops, de performances et d’expositions en salle et à l’extérieur. L’événement portait sur le thème de l’eau, un thème bien choisi, car la ville de Douala est naturellement bien arrosée par des précipitations importantes et bordée par un estuaire. Mais paradoxalement, cette ville manque cruellement d’eau courante pour alimenter les populations.

Tricycle Market, le marché des triporteurs

par Fernand Beaudel1

L faut ajouter au modèle préindustriel un troisième secteur – le rez-de- chaussée de la non-économie, sorte de terreau où le marché pousse ses racines, mais sans le saisir dans sa masse. Ce rez-de-chaussée reste énorme. Au-dessus de lui, la zone par excellence de l’économie de marché multiplie les liaisons à l’horizontale entre les divers marchés ; un certain automatisme y lie d’ordinaire offre, demande et prix. Enfin, à côté ou mieux au-dessus de cette nappe, la zone du contre-marché est le règne de la débrouille et du droit du plus fort. C’est là que se situe par excellence le domaine du capitalisme – hier comme aujourd’hui, avant comme après la Révolution industrielle.

L’expérience du quartier des spectacles

par Josianne Poirier

Depuis 2003, un ambitieux projet de quartier culturel se déploie au centre-ville de Montréal : le Quartier des spectacles (QDS). Présenté comme le « cœur de la métropole culturelle », celui-ci se veut une « plaque tournante de la création, de l’innovation, de la production et de la diffusion »1. Il vise également à redorer l’image de la ville, à favoriser le tourisme et à affirmer le statut de Montréal comme ville créative. Il apparaît cependant que la relation qu’il entretient avec la création et ses artisans soit ambiguë. Notamment, les nouvelles places publiques aménagées dans le secteur de la Place des Arts, si elles sont porteuses d’un grand potentiel de représentation et de rencontre avec le public, soulèvent de nombreux enjeux. Parmi ceux-ci, la nature des œuvres mises en valeur et sélectionnées pour « animer » ces places est un élément central de même que les disciplines convoquées pour y parvenir. Dans ce quartier des spectacles, n’aurons-nous droit qu’à un long spectacle ininterrompu ? Et ce long spectacle, saura-t-il nous faire découvrir autre chose que sa propre image de marque ?

Occupons Québec

par Johanne Chagnon

LA GROTTE était le nom donné à un espace de création et de réflexion installé sur le site d’Occupons Montréal par Johanne Chagnon d’Engrenage Noir. Cet abri noir au toit cuivré, meublé et fort bien installé, juste au pied du monument (métamorphosé) de la reine Victoria, était disponible à toute personne souhaitant proposer une intervention artistique à l’intérieur, à la porte, autour, etc. Quand il n’y avait pas d’intervention programmée, La Grotte devenait un espace-temps suspendu, avec son horloge aux aiguilles arrêtées, où il était possible de se déposer, en retrait du brouhaha extérieur, pour des échanges intimes.

L’espace public comme imaginaire et pratique artistique sociale

par Guy Sioui Durand

Le « nouvo Saint-Roch », comme on l’appelle sous l’ère Labeaume, doit beaucoup en 2011 à l’occupation socioartistique de ses espaces publics, parcs, places et rues. Le tout a commencé fin mai au jardin Saint-Roch et dans les rues avoisinantes avec « Où tu vas quand tu dors en marchant... 2 » en ouverture du Carrefour international de théâtre de Québec. Les tableaux vivants, les installations et les chorégraphies théâtrales composèrent une déambulation extérieure éclatée aux frontières du performatif. La manifestation sonnait la charge contre la banalité de la quotidienneté urbaine par l’art. D’autres « infiltrations » artistiques et « occupations » politiques se poursuivront pendant l’été et l’automne pour se clore fin décembre, avec les installations hivernales de ...Nous irons au bois au même endroit.

L’appropriation de l’espace collectif comme relation avec le spectateur chez Armand Vaillancourt

par Marie-Eve Beaulé

Créateur de dialogue, l’art en est un, évidemment. Il est aussi créateur de percepts chez le spectateur, desquels découlent des affects. Et, certainement, ces interactions avec le spectateur ont toujours été présentes. C’est dans les formes plastique et iconographique que l’évolution s’est déroulée, en ajoutant une dimension sociale à l’œuvre d’art. Au Québec, l’art sculptural est dans la rue depuis les années cinquante. En constante relation avec le spectateur, la pratique artistique d’Armand Vaillancourt est exploratrice du travail de l’artiste dans l’espace public et de sa capacité à modifier les perceptions passées.

Une entrevue à la rencontre de Philippe Côté

par Bernard Schûtze