Je fais un usage artistique de la merde ! De ce ready-made organique, je puise l’inspiration qui conduit mon imaginaire aux confins d’une poésie du sublime et du trivial. Je me penche au-dessus de cette matière fécale en décomposition et je contemple ce paysage nouveau.
La vie par l’usage
Ceci n’est plus une merde, c’est le cosmos
Les paradoxes de Bouzloudja
Les idées que les ruines réveillent en moi sont grandes. Tout s’anéantit, tout périt, tout passe. Il n’y a que le monde qui reste. Il n’y a que le temps qui dure. Denis Diderot
Usages inusités de l’espace acec Gordon Matta-Clark
Les interventions de Gordon Matta-Clark sur le tissu architectural, urbain, ainsi que social, composent un kaléidoscope dont la fortune critique, quoique fort abondante déjà, se renouvelle sans cesse2 . Je propose l’axe du jeu, où ludique rime ici avec critique, afin d’inter- roger les actions réalisées par cet artiste témoignant d’usages inusités de l’espace.
Dans l’œil de la ville, des corps gisants
Une ethno-graphie critique de la multitude urbaine
Écotopies
Au cours des dix dernières années, plusieurs projets d’occupation citoyenne et culturelle d’espaces vacants sont apparus à Montréal. Ici comme ailleurs, les enjeux d’aménagement urbain sont anciens, liés aux multiples évolutions des villes. Les terrains vagues, en déprise puis réaffectés, se posent en dis continuité avec leur environnement. Leur dimension plurielle et polysémique les a ouverts à maintes interprétations et appro- priations artistiques, conceptuelles et interdisciplinaires où prédomine la notion de vide comme potentiel (Solà-Morales, 1995 ; Nitsch, 2005). C’est le statut indéfini de vacuité qui apporte aux terrains sans fonction déterminée la possibilité qu’ils soient comblés par l’imagi naire. Ils offrent une résonance unique en tant que lieux de possibles, tout en témoignant de mouvements socioéconomiques de chaque époque, au premier plan les logiques foncières spéculatives (Soulier, 2003 ; Haddack-Bayce, 2021).
Entredeux
L’entredeux habité constitue une dimension essentielle de notre société contemporaine, se manifestant simultanément comme espace, temporalité et matérialité. Cette condition se trouve aujourd’hui fragilisée par les mutations profondes de nos systèmes sociaux, poli- tiques et économiques. Notre exploration traverse trois espaces : la parcelle libre, le chantier et la fenêtre. Cette progression, du macro au micro, de l’urbain à l’intime, révèle comment corps et objets négocient ces espaces-temps transitoires.
Invitation
Espace d’essai, j’en profite pour te donner quelques nouvelles qui mélangent le passé au présent en pensant au futur.
Le musée ambulant
Fondé en 2017, le Musée ambulant est un petit musée d’art nomade qui a pour mission de rendre l’art accessible à toutes et à tous. Pour ce faire, il déplace les œuvres de sa collection directement dans les milieux de vie. Avec ses dispositifs d’exposition portatifs et ses différentes structures mobiles, il s’installe, par exemple, dans les gymnases d’école, dans des salles à manger de résidences pour aîné∙e∙s, dans des locaux de garderie ou encore, monte ses chapiteaux en plein air ou se faufile dans les espaces publics d'une communauté. Visant à faire tomber les barrières qui plombent l’accès à l’art, il propose des ateliers de création et des expositions qui offrent des expériences directes et incarnées. Le Musée ambulant ne se contente pas de faire circuler des œuvres ; il stimule un dialogue inclusif qui se développe dans la rencontre avec des pratiques contemporaines en arts visuels et en métiers d’art. Les liens qui se tissent entre le public, les œuvres et l’équipe de médiation permettent la redéfinition non seulement de l’usage du lieu dans lequel le Musée ambulant vient s’insérer, mais égale- ment du rapport du public avec l’idée de l’institution de diffusion artistique.
Et si la “pensée matière nous faisait perdre l’usage” ?
À l’heure actuelle, pour faire face aux enjeux écologiques, on assiste - du moins dans le vocabulaire - à une transformation en « matière » de ce que l’on appelait auparavant « déchets ». En effet, on parle aujourd’ hui indifféremment de « matière », qu’elle soit « recyclable », « compostable », « résiduelle », « rejetée », « ultime » pour insister sur le potentiel valorisable dont elle peut faire l’objet, entendue ici en termes d’« utilité », c’est-à-dire ce qui a une valeur marchande. « L’économie circulaire » que prône aujourd’hui la pensée dominante tente ainsi de régler l’enjeu de la surproduction de déchets en faisant de ces derniers, des « ressources » monnayables à réinsérer dans le processus économique. Pour ce faire, elle insiste sur la notion de « cycle », en analogie avec les phénomènes naturels, et tend à alimenter l’idée qu’il y aurait une forme d’équivalence entre « matière secondaire » et « matière première » (extraite de la nature).