Liberté d’expression

L’idée de réunir un auteur dramatique et un scientifique dans un huis clos de 50 minutes, afin de déclencher le processus d’écriture d’une pièce de théâtre, étonne, mais porte ses fruits. La série Binôme de la compagnie française Les sens des mots compte déjà 33 opus !

Peut-on exiger du théâtre jeunes publics qu’il use d’un niveau de langue soutenu ? Un tel despotisme linguistique ne générerait-il pas quelque impair bien plus insidieux ?

Comme un geste de relais à la barre de la revue, l’ancien et le nouveau rédacteur en chef ont codirigé ce dossier consacré à la liberté d’expression. Sujet brûlant s’il en est, cette liberté de dire, de créer, de déranger, de provoquer n’est jamais garantie, toujours à conquérir, à chérir, à protéger. Petit tour d’horizon des limites et des avancées de l’art dans nos sociétés.

Sur la scène, on a toujours voulu repousser les limites de ce qui pouvait être dit ou montré, quitte à affronter la censure. Un théâtre qui se respecte doit se mettre en question, en péril, faire preuve d’audace, friser le non-théâtre ou son impossibilité, par l’interdiction, le rejet ou l’implosion.

La liberté d’expression des créateurs qui souhaitent aborder la question de la radicalisation et du terrorisme, plus spécifiquement auprès des jeunes publics, estelle menacée ?

En prenant des exemples dans le théâtre récent d’ici et d’ailleurs, l’auteure démontre que, sur le plan de la diversité, la valeur sociale d’une parole dépend de plusieurs facteurs.

Émilie Monnet, Joséphine Bacon et Natasha Kanapé Fontaine sont trois artistes autochtones aux parcours exceptionnels, qui en ont long à dire sur le silence et l’invisibilité. L’acte de création conjugue pour elles transmission, mémoire et héritage. Contre quoi leurs voix s’élèvent-elles et à quoi résistent-elles ?

Les artistes, pas si nombreux, qui choisissent de s’adresser aux adolescents doivent se plier à des contraintes et à certaines règles pour les rejoindre. Ont-ils, par ailleurs, la liberté d’aborder des questions relatives à la sexualité sans avoir à se censurer ? Pas si sûr.

Si le recours à de « vrais gens » sur la scène actuelle constitue sans nul doute un des points névralgiques du théâtre documentaire contemporain, l’auteure souhaite moins aborder frontalement le phénomène que s’attarder sur sa périphérie, soit les dispositifs dans lesquels ces présences singulières sont invitées à prendre place.

Un criminel ayant purgé sa peine a-t-il le droit de monter sur scène ? Est-ce que le théâtre peut être un espace de modélisation et de médiation des violences criminelles (terrorisme, attentat, féminicide, génocide, etc.) ? Octroyer pareille visibilité à ces violences ne contribue-t-il pas plutôt à leur circulation ?

L’auteur, à la prolixité légendaire, se lance dans un nouveau défi : écrire en se privant des mots.

Telle l’ombre omniprésente dans les marbres antiques, les tragédies shakespeariennes, les peintures noires de Goya ou les clairs-obscurs de Rembrandt, la noirceur est un révélateur de l’âme humaine. L’acteur n’échappe pas à la nécessité de s’y plonger pour livrer une interprétation lumineuse.

Vitrine sur des femmes soldées

Depuis novembre 2016, les Femmes pour l’Équité en Théâtre, groupement non mixte de femmes de théâtre, milite, entre autres, pour l’équité sur les scènes de Montréal et de Québec. Retour sur une première année d’existence et de mobilisation.

Ils tournent en Asie, en Europe, en Amérique, du Nord au Sud. Ils se coproduisent avec des compagnies ou des théâtres en Norvège, au Mexique, en Espagne. Ils sont en résidence de création en Afrique, au Chili, au Japon. Ainsi font, font, font les marionnettistes québécois…