Numéro 168

La chronique de Michel Amelin

par Michel Amelin

F.R Tallis et Harry Bingham à la recherche de l'inconscient Nous avions déjà dit beaucoup de bien, début 2013, de F. R. TALLIS dans Les Portes de l’Interdit paru chez 10-18, premier de ses romans d’horreur après sa série « Les Carnets de Max Liebermann » chez le même éditeur qu’il signe FRANK TALLIS. Ce docteur britannique en psychologie s’est rendu célèbre avec cette série qui tourne autour de la naissance de la psychanalyse à Vienne. Sans renier cette veine, il s’est lancé désormais dans une série fantastique sans héros récurrents dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle renoue avec bonheur avec les classiques du genre.

Le choix de Christophe Dupuis

par Christophe Dupuis

Faisons court, notre vénérable rédac’ chef a besoin de place pour ce numéro : les éditions Asphalte sont excellentes ! Depuis le début nous admirons et soutenons le travail des éditions Asphalte. Leurs dernières parutions nous invitent, une fois de plus, à vous reparler d’elles. Nous savions les deux fondatrices amatrices de littérature hispanoaméricaine, elles le prouvent de façon magistrale ces derniers mois.

ImaJn’ère - DU 13 au 15 juin 2014 - Salons Curnonsky à Angers

Organisée par L'association des littératures populaires et de l'imaginaire, la convention imaJn'ère 2014 fait la part belle à la SF et au Fantastique mais aussi au polar…

Martine lit dans le noir

par Martine Leroy Rambaud

C'est arrivé en Chine, de Marc Boulet Rivages/Noir N°965 À partir de quand passe-t-on les bornes ? Jusqu'à quelle limite supporte-t-on l'inacceptable ? Tienanmen juin 1989. Marc B, journaliste français spécialiste de la Chine se trouve à Canton alors que Pékin vit les événements sanglants que l'on sait. Loin, mais directement concerné quand même. Il accompagne Jade, jeune Chinoise qui fuit la répression, car elle fait partie, avec Peuple, son ami d'alors, des étudiants qui ont fomenté la révolte. Elle emporte avec elle l'argent récolté pour soutenir le mouvement. D'abord indifférent, la trouvant « boulotte », Marc va en tomber amoureux et l'épouser. Plus tard, Peuple les recontacte et crée avec eux, TSF, Transplantation Sans Frontières. Exit la révolution. Place au communisme sino-capitaliste.

Artikel Unbekannt dissèque pour vous

par Artikel Unbekannt

Ô rage, ô désespoir : Trilogie noire, de Léo Malet La Vie est dégueulasse. Le Soleil n’est pas pour nous. Sueur aux tripes. Difficile de faire plus explicite. Difficile d’annoncer la couleur - noire, forcément - de manière plus frontale. Et difficile aussi d’imaginer que l’on puisse aller plus loin dans le roman noir sans basculer dans l’horreur pure. Parce que la Trilogie Noire, c’est du tord-boyaux sur papier, de l’essence millésimée, et une tournée du patron servie aussi bien frappée, ça ne peut pas se refuser. Des personnages écrasés par le destin, si conscients de leurs propres failles qu’ils prennent un plaisir pervers à les agrandir, s’y débattent comme des mouches pris dans la toile d’une araignée. Inadaptés, hostiles, farouches, ils foncent tête baissée vers l’inéluctable, semant la désolation sur leur passage. Ainsi de Jean Fraiger, qui avant de s’abandonner à un suicide effroyable (« Tirez au sexe ! »), a ces mots terribles : « J’aurais tant aimé vivre ».

En bref...en bref...en bref...

par Jean-Paul Guéry

Gun Machine, de Warren Ellis – Ed. Du Masque. A l’issue d’une intervention particulièrement violente dans un vieil immeuble New-Yorkais, le lieutenant John Tallow découvre un appartement dont les murs sont tapissés de dizaines d’armes de poing. Il s’avère rapidement que ces armes ont servi dans autant de meurtres non élucidés. Aidé par deux flics de la Scienti-fique un peu fêlés, John se lance sur les traces d’un serial killer hors normes et très en colère. Scénariste de comics dont l’écriture très nerveuse fait ici merveille, Warren Ellis nous livre un bon vieux roman noir américain avec un héros bien déjanté hanté par ses démons personnels. Décoiffant ! (20.90 €)

Aux frontières du noir - La chronique de Julien Heylbroeck

par Julien Heylbroeck

Le Palais du Déviant de Tim Powers. J’ai lu « SF » Le monde a été quasiment détruit. Greg Rivas, joueur de pélican, vivote à Ellay (ce qu’il reste de Los Angeles, comme vous l’aurez peut-être deviné), dans les ruines des buildings, et gagne sa vie dans les bars borgnes. Dans le temps, il faisait des délivrances : récupérer de jeunes gens happés par l’envahissante secte de Norton Jaybush et ses terribles oiseleurs, gardeschiourmes et enrôleurs de première. Mais il a arrêté. Cependant, quand une vieille connaissance vient lui demander de retrouver la femme qu’il aimait jadis, alors Rivas rempile.

La page de Jean-Marc Laherrère

par Jean-Marc Laherrère

Cette chronique printanière est française. Avec une superbe découverte, et la confirmation d’un talent éclatant. Découverte à la « Série noire » avec le premier roman d’un inconnu. La Faux soyeuse d’Éric Maravelias. Fin des années 1970, Franck est un petit loubard de Cachan. Il zone avec ses potes, traficote, glande, évite de rentrer à la maison où rien ne l’attend. Avec eux, il traine chez Léon, le bistro où ils ont leurs habitudes, pour boire un coup, fumer et espérer entrevoir Cathy leur muse, leur fée, la fille du patron. En 1999, Franck est détruit, junkie, sidaïque. L’héroïne est passée par là, l’addiction de plus en plus forte, les trafics, les coups de plus en plus minables pour se payer sa dose. Elle a abimé puis détruit le lien social qui existait. C’est maintenant chacun pour soi. Des zombies trainent dans les rues, des vengeances, des coups bas, et Cathy n’est même plus là pour illuminer leur quotidien. Vingt années de descente aux enfers, jusqu’à la fin, inéluctable.

Du roman policier au film noir, la rubrique de Julien Védrenne

par Julien Vedrenne

Les Proies : Don Siegel revisite Thomas Cullinan En 1966, l’homme de théâtre américain Thomas Cullinan fait paraître Les Proies, un premier roman qui hésite entre drame et gothique sur fond de conflit pendant la guerre de Sécession. Le roman ne passe pas inaperçu de Clint Eastwood qui, à l’époque, multiplie les collaborations avec le réalisateur Don Siegel, à qui il demande une adaptation. Loin de l’inspecteur Harry, le caporal Yankee Johnny McBurney va jouer les trouble-fête d’une tout autre manière. Manipulateur par excellence, ce jeune homme aux origines irlandaises qui, dans le roman, a vingt et un ans, est recueilli blessé à une jambe dans une école qui tient lieu de pensionnat de jeunes filles, quelque part dans un État du Sud en pleine guerre de Sécession, au milieu de combats âpres. Désireux de séduire et de plaire, il va se jouer de jeunes demoiselles qui ne sont pas pour autant innocentes. Cette vaste fresque romanesque et psychologique offre à Clint Eastwood la répartie d’actrices d’exception pour des jeux à la psychologie dramatique perverse.

Paul Maugendre a lu pour vous...

par Paul Maugendre

La collection « Chemins Nocturnes » chez Viviane Hamy fête ses vingt ans ! Et pour le prouver, Viviane Hamy a décidé de mettre les petits plats dans les grands, ou inversement car à compter du 1er mars 2014, jusqu'au 30 janvier 2015, trente-cinq romans, oui j'écris bien trente-cinq, seront proposé à un petit prix : 8,90 €. Je pense que cela réjouira tous les lecteurs qui sont passés à côté de ces livres lors de leur parution et qui pourront s'adonner à leur plaisir sans aucun complexe financier.

Les (re)découvertes de Gérard Bourgerie

par Gérard Bourgerie

QUELQUE CHOSE À CACHER de NICOLAS MONTSARRAT. Guilde du Livre Lausanne 1967 Stampville (USA). Carter y vit seul dans une maison au bord de la rivière. Un soir de juin, il aperçoit une jeune fille qui fait du stop. Il s'arrête, frappé par son air désemparé. Pris d'une stupide impulsion, il lui dit : « Montez / - Où allez-vous ? / - Tout droit. » En fait, la fille ne va nulle part. Elle lui dit, d'un ton désespéré : « Pouvez-vous m'aider ? Je suis enceinte. » Carter accepte de mauvaise grâce. La fille lui raconte ce qu'est devenu sa vie : « Je m'appelle Jo Anne ; j'ai 17 ans; le père de mon enfant m'a abandonné ; mes parents m'ont fichu dehors ; je ne sais pas où aller. » Bref : un tableau sordide. Carter en ressent une profonde pitié d'autant que la fille est laide et vulgaire.