La Grande-Bretagne

La Grande-Bretagne vue par les Français : transformation d’une image

par Douglas Johnson

Un jour devant un professeur distingué, membre du Collège de France, je me suis étonné du petit nombre d'historiens français qui s'intéressaient à l'histoire de la Grande-Bretagne. Il m'a répondu qu'il n'y avait qu'un seul pays dont les Français ignorent l'histoire encore plus qu'ils n'ignoraient l'histoire britannique : la Belgique. Mais je vois qu'actuellement les Français s'intéressent à ce qui se passe chez leur voisin d'outre-Manche. « L'Angleterre brûle-t-elle ? », titrait Le Nouvel Observateur lors des premières émeutes soi-disant racistes, et ce genre de reportage est réapparu chaque fois que les émeutes se sont reproduites. « Un étranger dans le pays où il est né » fut le titre de L'Humanité décrivant le cas d'un jeune Antillais de la deuxième génération, renfermé dans le ghetto de sa «cité-gangrène».

La stabilité institutionnelle masque-t-elle une société en crise ?

par Hugh Berrington

On emploie trop souvent dans le débat politique le terme stabilité de manière imprécise. Or il existe au moins trois sortes de stabilités : celle du régime, celle du Gouvernement et celle de la politique elle-même. Et malheureusement on confond souvent les genres. Il est fréquent de considérer que la stabilité d'un Gouvernement correspond à une homogénéité et à une cohérence dans la politique conduite ; on peut tout aussi bien mal interpréter une longévité gouvernementale et en déduire celle d'un régime.

Le système de partis : “désalignement ou réalignement” ?

par David Butler

La vie politique britannique est dans une phase de fluctuations continuelles. Bien que, avec Mme Thatcher, le pays connaisse une de ses périodes les plus longues de gouvernement fort et stable, l'incertitude quant à la permanence de la structure partisane existante n'a jamais été plus grande. C'est en partie attribuable au comportement des hommes politiques mais encore davantage au comportement des électeurs (dans la mesure où on peut séparer les deux).

Le “thatcherisme » à l’épreuve du pouvoir : « incrémentalisme ” et radicalisme

par Jacques Leruez

La notion d' « incrémentalisme » est née de l'observation de la politique économique américaine des années 50 et on considère l'économiste américain C. E. Lindblom comme son « inventeur ». Lindblom voyait dans la théorie rationnelle de la décision selon laquelle le décideur se prononce en fonction d'objectifs définis avec précision et classés par ordre de priorité dès qu'un problème a été identifié un modèle idéal dont on peut certes tenter de se rapprocher mais qui reste plus prescriptif que descriptif du processus de décision réel.

Fonctionnement du Gouvernement et rôle du Premier ministre sous Mme Thatcher

par Michaël Lee

L'absence d'une constitution écrite en Grande-Bretagne explique pourquoi le Gouvernement central est le plus souvent conçu comme le siège des relations entre l'ensemble des ministres et les quatre institutions qui donnent vie à leur autorité : le Parti au pouvoir, le Parlement tout entier, la fonction publique (Civil Service) et, last but not least, les médias (l'idée que la presse forme le « quatrième pouvoir du royaume » n'est pas une idée neuve). Les Gouvernements sont jugés sur leur performance à l'intérieur de ces quatre dimensions. Il en est de même du Premier ministre. En fait, c'est le Premier ministre qui, normalement, donne le ton de ces relations. « La fonction du 10, Downing Street... est de faire fonctionner le Gouvernement de cabinet ». Le cabinet comprend les chefs des quinze ministères les plus importants auxquels s'ajoutent cinq ministres (ou davantage) sans portefeuille ou avec des responsabilités ministérielles réduites.

La Grande-Bretagne, pays du “gouvernement local ”?

par Roderick Rhodes

La Grande-Bretagne a la réputation d'être la « mère des Parlements » et le « pays du gouvernement local ». Si on s'accroche à cette expression d'un chauvinisme dépassé, il est possible d'arguer que, à l'inverse de la commune, les collectivités locales britanniques sont de grande dimension, plurifonctionnelles et riches, puisqu'elles disposent, grâce aux impôts locaux, de la liberté de lever elles-mêmes une proportion importante d'un revenu substantiel.

La fin du “Civil Service ” apolitique et fermé?

par Yvonne Fortin

Le Civil Service britannique a longtemps constitué le symbole par excellence d'une fonction publique apolitique et fermée. Ce dernier qualificatif signifiant que les agents sont recrutés à la fin de leurs études et non pas après un début de carrière effectué, par exemple, dans le secteur privé et qu'ils demeurent dans l'administration jusqu'à leur retraite.

La désyndicalisation en Grande-Bretagne

par Noëlle Burgi

Au cours des cinq dernières années, les syndicats britanniques affiliés à la confédération syndicale tuc (Trades Union Congress) ont perdu 17 % de leurs adhérents. Une chute qui contraste avec la progression observée depuis la guerre et qui pourrait laisser croire un peu hâtivement peut-être à l'amorce d'un déclin irrésistible. En réalité, le niveau constaté en 1984 correspond à un taux de syndicalisation (45,8 %) légèrement supérieur à la moyenne des années 50 et 60. Et s'il y a chute des effectifs, ce n'est pour l'instant que par rapport à la poussée extraordinaire des adhésions durant les années 70.

Le pouvoir judiciaire et les libertés au Royaume-Uni

par Jacqueline Dutheil de la Rochère

Le pouvoir judiciaire, gardien des libertés, s'incarne au Royaume- Uni dans la personne des juges des cours supérieures. Peu nombreux, soigneusement sélectionnés pour leur compétence et leur orthodoxie, ils jouent un rôle d'autant plus important que, dans le système britannique, les libertés sont traditionnellement peu codifiées par le législateur. Le pouvoir d'influence des juges est d'autant plus grand qu'Us se prononcent sans référence à une constitution écrite ou à une quelconque déclaration des droits de valeur supérieure à celle de la loi : au Royaume-Uni plus qu'ailleurs les juges font le droit.

Les médias audio-visuels à la croisée des chemins

par Martin Harrison

Il reste peu de certitudes dont la Grande-Bretagne puisse s'enorgueillir aujourd'hui. Même la croyance que ses « agents de police sont formidables » en a pris un sérieux coup face aux piquets de grève des mineurs et dans les rues d'Hansworth et de Brixton. Mais il lui reste cependant une certitude : qu'elle possède le système de radio-télévision le meilleur ou le « moins mauvais » du monde.

Les institutions insulaires des Etats du sud de la Méditerranée occidentale

par Claude Olivesi

Il existe en Europe quelque cinquante minorités « repliées » sur des côtes, dans des îles ou dans des confins montagneux. Cette localisation résiduelle a longtemps été considérée comme un facteur de décadence, sinon d'élimination. Rattachées pour la plupart (ou jusqu'à une date récente) à une métropole étatique, à un centre de décisions plus ou moins lointain, elles ont vécu l’État, comme une entité extérieure, lointaine, étrangère à leur corps social. Cette nouvelle rationalité n'a pas réussi à gommer totalement l'originalité de ces minorités européennes.

Les sondages politiques en Grande-Bretagne

par Monica Charlot

Les sondages d'opinion ont été, en Angleterre comme en France, importés des Etats-Unis où ils étaient déjà reconnus, grâce à Gallup, vers la fin des années 30. L'équivalent britannique de I'ifop est alors BIPO (British Institute of Public Opinion) et le Stoetzel d'outre-Manche s'appelle Henry Durant. Le premier sondage préélectoral a lieu à Fulham, en 1938, lors d'une élection législative partielle : il annonce une victoire d'une jeune candidate travailliste, Edith Summerskill et convainc du même coup le directeur du News Chronicle, Sir Gerald Barry, de la précision de cette nouvelle méthode de connaissance de l'opinion publique.

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