Les judaïmes

Les judaïsmes, des prêtres aux rabbins et aux chrétiens

par MIMOUNI (S. C.)

Les études les plus récentes sur le judaïsme après 70, date de la destruction du temple de Jérusalem, et la remise en cause de l’hégémonie du rabbinisme nécessitent de revenir sur les travaux antérieurs. En effet, le judaïsme d’après 70 ayant été tout aussi pluriel que celui d’avant, il convient de construire une histoire qui tienne compte des différents mouvements en considérant que le temple de Jérusalem a été remplacé par les synagogues, lesquelles ont existé bien avant sa destruction, tant en Palestine qu’en Diaspora. Le seul élément qui change entre l’avant et l’après 70, c’est finalement la disparition du temple de Jérusalem. Dans une telle configuration, il devient de plus en plus évident que les rabbins sont, d’une manière ou d’une autre, les descendants des pharisiens. D’autre part, les mouvements des chrétiens et des rabbins apparaissent comme des groupements interstitiels et non comme des cultes officiels, lesquels sont représentés par les synagogues. En bref, le judaïsme synagogal d’après 70, comme le judaïsme sacerdotal d’avant 70, représente le culte officiel de la nation judéenne. Les rabbins mettront plusieurs siècles à s’en emparer, et ceux originaires de Babylonie n’y parviendront qu’avec l’expansion musulmane. Encore leur influence ne s’étendra-t-elle, jusqu’aux Xe et XIe siècles, que sur les territoires conquis, à l’exclusion de l’Empire byzantin et des royaumes issus des invasions barbares.

Le judaïsme avant 70 : le temple de Jérusalem, les sacrifices, les prêtres

par BATSCH (Ch.)

Jusqu’à la destruction du temple de Jérusalem en 70 par les troupes romaines de Titus, le judaïsme est la religion nationale d’un peuple, les habitants de la Judée. C’est aussi la religion d’importantes communautés judéennes établies, souvent depuis plusieurs siècles, dans différentes cités du monde méditerranéen et proche-oriental. Cette religion qui n’admet qu’un Dieu unique est alors tout entière organisée autour des sacrifices accomplis par ses prêtres au sein du temple, également unique, de Jérusalem.

Le judaïsme après 70 : la Torah, les messianismes, les synagogues

par HAMIDOVIC (D.)

On aurait tort de croire que la destruction du temple de Jérusalem en 70 de notre ère marque la fin du judaïsme ancien et pose, de fait, la naissance d’une nouvelle religion judéenne. Comme souvent en histoire des religions, il est question de ruptures et de continuités avec le passé. En l’occurrence, la place centrale donnée à la torah, au messie et à la synagogue dans le judaïsme après 70 trouve ses racines aux IIe et Ier siècles avant notre ère. À cet égard, il y a tout lieu de parler de continuité. Cependant, il convient aussi d’expliquer la lente ascension de la torah, des attentes messianiques et de l’institution synagogale dans les communautés judéennes qui caractérisent les trois premiers siècles de notre ère.

Le judaïsme chrétien

par MIMOUNI (S. C.)

Ce que l’on appelle aujourd’hui « judaïsme chrétien », précédemment désigné sous le nom de « judéo-christianisme », est une des trois formes du judaïsme après 70, avec le judaïsme synagogal et le judaïsme rabbinique. Ces trois mouvements s’ancrent dans le judaïsme d’avant 70 mais se développent de manière différente et divergente durant les IIe et IIIe siècles. Le judaïsme chrétien va rapidement subir des divisions internes et donner naissance à son tour à des groupes divers dont il est parfois difficile de retracer l’histoire.

Le judaïsme rabbinique

par COSTA (J.)

Parmi les divers judaïsmes qui existaient en Palestine dans les derniers siècles de l’Antiquité, le judaïsme rabbinique est le plus connu car il nous a laissé une abondante littérature. Nous partirons de cette littérature pour tenter de mieux saisir quels étaient les valeurs fondamentales du judaïsme rabbinique et les hommes qui en ont été les porteurs et les vecteurs de diffusion.

Le judaïsme synagogal

par LANFRANCHI (P.)

Dernière des trois grandes branches du judaïsme des premiers siècles de notre ère, le judaïsme synagogal est méconnu. Pourtant, il constitue une part importante de la vie religieuse des communautés judéennes de l’époque, en particulier en Diaspora. Que recouvre exactement cette appellation, et que peut-on savoir de cet autre judaïsme, longtemps négligé par l’historiographie? Centré autour de la synagogue, il se donne à découvrir à travers les textes et les vestiges archéologiques.

Le bithéisme dans le judaïsme

par BOYARIN (D.)

Selon la littérature rabbinique, le bithéisme relève de la croyance, considérée comme hérétique, en l’existence de «Deux Puissances dans le ciel», c’est-à-dire de deux personnes divines. Lorsque Alan Segal écrivit à propos de cette prétendue hérésie il y a plusieurs dizaines d’années, il la traita comme un phénomène rapporté par les textes rabbiniques mais tout à fait étranger au judaïsme rabbinique. Or, il semble au contraire que les rabbins ont inventé cette hérésie en rejetant ce qui avait été, et continuait d’être, dans une large mesure, une partie du judaïsme: le conflit était donc intérieur, et non dirigé contre un groupe extérieur préexistant.

Cyrille d’Alexandrie

par BASTIT (A.), LUISIER (Ph.)

La personnalité publique de Cyrille, son implication historique dans diverses tensions, popularisées récemment par le film d’Alejandro Amenábar (Agora, 2009), occultent parfois sa dimension intellectuelle : le patriarche combatif est en même temps, et sans doute avant tout, le dernier – et non le moindre – des grands Alexandrins, le penseur qui a su faire la synthèse d’une très riche tradition culturelle et philosophique appliquée, depuis le judaïsme hellénistique et les premières écoles chrétiennes, à la lecture de l’Écriture et au traitement des questions théoriques qui se posent dans les communautés.

Le bouddhisme sherpa

par FRANÇOIS (D.)

Les Sherpas du Népal sont surtout connus en Occident en tant qu’accompagnateurs des alpinistes en quête d’exploits sportifs, à tel point que leur nom est devenu un nom commun servant à désigner les porteurs et guides des hauts sommets himalayens. Mais ce peuple mérite d’être aussi connu pour sa culture. Celle-ci est notamment structurée par une religiosité particulière qui mêle bouddhisme et éléments hérités de croyances ancestrales locales.

Les empereurs romains et le paganisme de Constantin à Théodose

par CHADBURN (C.)

La défaite de Maxence contre Constantin à la bataille du pont Milvius, le 28 octobre 312, constitue un tournant dans l’histoire du christianisme. En effet, selon la tradition, Constantin, pour vaincre son adversaire, se serait placé sous la protection du dieu des chrétiens. C’est ainsi que le christianisme, jusqu’alors persécuté par le pouvoir impérial, notamment sous le règne de Dioclétien (284-305), devient la religion des empereurs romains, tandis que l’État continue d’être étroitement lié aux cultes païens. En quelques années, le soutien impérial permet aux chrétiens d’étendre leur influence à travers l’Empire. Cependant, celui-ci est toujours constitué d’une mosaïque de peuples aux multiples dieux et déesses. En un siècle, le christianisme va finalement l’emporter, grâce à tout un arsenal législatif compilé entre 435 et 438 dans le livre XVI du code Théodosien.

Tanit

par ZETLAOUI (M.)

Déesse tutélaire, mère protectrice, symbole de la maternité et de la fécondité, parèdre de Baal, divinité cruelle assoiffée du sang des enfants qu’on lui sacrifiait, qui donc est Tanit? Remonter aux origines de celle qui est aussi surnommée la dame de Carthage est difficile. Si historiens et chercheurs s’accordent pour voir en elle la déesse protectrice et tutélaire de la capitale punique, la signification et l’orthographe de son nom, son origine, sa personnalité, les pouvoirs qui lui étaient attribués et le culte qu’on lui rendait sont encore sujets à discussion.

Le Graal, objet magique, sacré et saint

par CHAMOUTON (Ch.)

Le Graal cristallise tout un imaginaire. Traversant les siècles, il ne cesse de fasciner par son mystère, à la croisée de l’histoire et de ses péripéties littéraires et artistiques. Objet saint, symbole d’une longue quête, celle des chevaliers de la Table ronde, relique contenant le sang du Christ ou encore vase sacré héritier des chaudrons de la mythologie celtique, il incarne la connaissance divine, spirituelle, dont l’accès est réservé aux initiés.

Katmandou la religieuse

par FRANÇOIS (D.), GIBBONS (B.), PRITCHARD-JONES (S.)

Katmandou, 2011. Au milieu de la cacophonie chaotique dans laquelle baigne la capitale du Népal, de magnifiques exemples d’art et de culture hindous et bouddhiques s’offrent au regard. Images et représentations, signes et emblèmes religieux de toutes sortes, font ici partie intégrante de la vie. Dans chaque quartier, chaque ruelle et jusque dans le moindre recoin, de petits temples se dérobent à la vue du badaud trop pressé, en regard des monuments célèbres.