Numéro 110

On l’a d’abord connu comme « preneur de son » associé à l’improvisation libre, parfois pour de grands labels tels Incus, Hat Hut ou Po-Torch, avant de le découvrir musicien (sur disque) avec le splendide Abattage (à quand une réédition ?), puis sur scène au sein de Marteau Rouge, en compagnie de Jean-François Pauvros et Makoto Sato. Dès lors, les collaborations se sont enchaînées, que ce soit aux côtés de Noël Akchoté, Roger Turner, Ramon Lopez, Raymond Boni, Joe McPhee ou Claude Parle, avec une prédilection particulière pour le duo, comme en témoignent Aliquid et 5599.

«Le comportement d’un objet est déterminé par la marge d’erreur qui le sépare de l’objectif qu’il cherche à atteindre »

Rouge, bleu, vert, jaune, violet (cell phones, rafic hariri), 6e séquence de un mini-opéra pour non musiciens (extraits), 2011

Entretien réalisé chez lui à New-York le 20 juillet 2016.

Quelles que puissent être les idées, les chemins nouveaux ou les joies défrichées grâce à l’électronique, les nouveaux paradigmes de composition, grâce à l’utilisation des diverses et nouvelles machines ou agrégats d’objets pour produire du sonore, quand ce n’est pas l’observation (l’écoute et l’enregistrement) du monde audible qui nous entoure qui sert de base à la création musicale, tous chemins passionnants qu’on se plaît à vanter tout au long de ces « Modulations en anneaux » (Ring-Modulation, déjà vingt-et-une de traversées), il y a quand même, toujours, ce plaisir tout simple de prendre un instrument de musique, une chose qui a été construite et pensée pour produire du son « musical » – et rien qu’à le dire, on soupçonne déjà que ça découle d’une division, d’une hiérarchie entre ce qui est musical et ce qui ne l’est pas, déjà une vision et définition du monde, une imposition de règles.