La route, c’est le pied !

En 2018, le photographe Guillaume Megevand se rend à Iten, sur les hauts plateaux de l’Ouest du Kenya, attiré par le coureur de fond suisse Julien Wanders, un jeune phénomène de la discipline que l’on surnomme « le Kenyan blanc ». Dans la ville, qui passe pour être la mecque de la course à pied et vers laquelle convergent les meilleurs athlètes du monde, il découvre une ambiance incroyable, baignée de couleurs uniques.

Carnet de route

Le piéton se réapproprie la route. D’une part, parce que celle-ci le prend davantage en compte, mue par la force inexorable de la multimodalité qui prévaut aujourd’hui dans les politiques urbanistiques. D’autre part, parce que le « randonneur » s’ouvre à d’autres horizons, ne voyant plus forcément la route comme un espace de perdition à fuir impérativement. Un nouveau ménage se crée ainsi, plein de promesses, dont nous vous proposons dans ces pages, de sonder les racines.

« Je suis le piéton de la grand’route » scandait Rimbaud dans les Illuminations. Y serait-il le bienvenu aujourd’hui ? Sur route carrossable, le piéton est devenu une drôlerie, un importun. Pourtant, la poésie est présente dans tous les usages : arpenteurs de grands chemins, randonneuses, pèlerins, vagabonds... Leur image et leur symbolique traversent les champs de la littérature, de la philosophie, des beaux-arts, du cinéma et de la politique. Quel meilleur moment pour inviter le piéton à redevenir marcheur sur le bitume, esthète d’un usage redevenu quotidien ?

Durant 10 ans, Jean-François Xavier Delamarre a conjugé deux passions, la photographie et l’auto-stop. Inconnu du grand public, ses portraits, touchants par leur force naturaliste, laissent transparaître une expérience subtile, fruit non seulement d’un certain regard esthétique, mais aussi d’un immense talent relationnel. Car il en faut, aujourd’hui, pour convaincre un(e) automobiliste de vous emmener, et pour lui faire prendre la pause, dans la foulée.

Un road trip de légende est devenu le cadre d’une des aventures sportives les plus ardentes. Née en 2014, The Speed Project est d’ores et déjà une course pédestre iconique, dont les valeureux participants reviennent changés à tout jamais.

Un fantôme dans les ruines de l'Amérique

La route n’existerait sans leur labeur, on aurait tendance à l’oublier. Les ouvriers de la route, souvent fiers, toujours valeureux, font partie de ces travailleurs « de l’ombre » que la période du Covid-19, pour certains, a mis quelque peu en lumière. Depuis longtemps nous voulons rendre hommage à ces « gueules » que l’on croise toujours trop vite sur le bord de la route. C’est désormais chose faite grâce à l’équipe de Colas (Suisse) SA, qui nous a accueillis sur son site de Vernier, dans la banlieue genevoise.

Rien ne prédestinait Gabrielle D’Ieteren et Charlotte van Marcke de Lummen, deux femmes issues de la bonne société belge, à se lancer sur les pistes ensablées de l’Afrique, au début des années 1950. À bord d’une VW Coccinelle, elles ont pourtant relevé ce défi insensé, reliant Bruxelles au Cap, en passant par Alger, en à peine plus de deux mois, accrochant même une victoire au classement final. L’histoire les attendait au tournant.

Initialement perçue comme complexe, la multimodalité fait de plus en plus d’adeptes grâce, entre autres, à la multiplication et au développement des offres de transports publics. Cette tendance est également encouragée par le développement des infrastructures, l’émergence de nouveaux engins « tendance » et de sites de partage de véhicules en tout genre, destinés à l’ensemble des usagers de la route. Combiner les moyens de transports semble se démocratiser depuis le début des années 2000, et faire ainsi de plus en plus d’adeptes.

Dans le numéro d’hiver 2019, après avoir célébré les 115 ans d’Harley-Davidson, je vous laissais avec une réflexion sur leur moto électrique à venir. « Peut-on avoir un moteur au bruit si caractéristique comme marqueur de reconnaissance ET être écologique, discret et électrique ? Harley-Davidson sera-t-elle toujours Harley-Davidson ? » Maintenant que la LiveWire est enfin sur le marché, que l’on peut l’essayer sur route librement, voir même l’acheter, pour les pionnier(e)s des innovations moto et automobiles, je suis en mesure de l’évoquer plus concrètement.

Livre-culte, roman génial paru en 1974 après avoir été refusé par plus de cent vingt éditeurs américains, road-trip improbable à la croisée d’une chevauchée à moto à travers les États-Unis et d’une quête métaphysique brassant Hegel, Kant, Einstein, Poincaré, le bouddhisme, Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes sent à la fois le cambouis et les concepts ailés de la philosophie, le carburateur et Bouddha.

N’ayant jamais quitté les Amériques avant ses 40 ans, le Québécois Jean Béliveau a entrepris sur un coup de tête un tour du monde... à pied. Nous sommes en l’an 2000. Après une dépression et un échec professionnel, Jean Béliveau réalise pendant son jogging que les routes comme celles qu’il foule relient le monde entier. Une idée prend forme : il pourrait se rendre jusqu’à New York — et pourquoi pas plus loin — à la course. Une visée plus humanitaire se greffe bientôt à son projet, et un mois plus tard, le jour de ses 45 ans, il fait le premier pas de ce voyage qui changera sa vie et l’amènera à traverser 64 pays, et cinq continents.

Avec le soutien de Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture