Rome et l’Europe romantique

Un chantier ouvert : Rome et l’Europe, 1800-1830

par Olivier Bonfait

En partant des dernières études sur les arts à Rome au XIXe siècle, notamment celles de Stefano Susinno qui ont permis de comprendre la dimension universelle du foyer artistique romain de l’Ottocento, et des suggestions visuelles proposées par les expositions Maestà di Roma, cette mise en perspective présente une interprétation du monde de l’art romain et propose de nouvelles pistes de recherches.

Le secret de Pygmalion : Girodet, Canova e l’illusione della vita

par Chiara Savettieri

Les parallèles plastiques entre l’Endymion, le Pygmalion et Galatée de Girodet et les sculptures de Canova mettent en évidence les affinités entre le pinceau de l’artiste français et le ciseau du célèbre sculpteur italien. Toutefois, derrière ces œuvres de sujet anacréontique et à la veine sensuelle, se dénote dans les écrits du peintre une profonde mise en abîme des valeurs fondant l’esthétique néoclassique dont Canova est le représentant majeur.

Rome 1820. Les nazaréens et le paysage

par Elisabeth Decultot

Peut-on être paysagiste et nazaréen en même temps ? Si le premier cercle nazaréen fonde dans les années 1810 son esthétique picturale sur le primat de la peinture d’histoire, de nouveaux peintres, entre 1815 et 1830, voient dans le paysage une manière d’affirmer leur singularité face à certaines modalités du nazaréisme tout en affichant leur fidélité aux principes originels de cette esthétique. C’est ce rapport ambigu de perpétuation et de subversion de la tradition que le présent article entend analyser.

Charles-Philippe Larivière, grand prix de Rome de 1824, ou les dangers d’un séjour en Italie

par Isabelle Lodde

La correspondance de l’artiste et le fonds d’atelier de Larivière, pensionnaire de 1825 à 1830, permettent de saisir sur le vif les ambiguïtés de l’ambition d’un prix de Rome, partagé entre ses aspirations personnelles au moderne et une carrière plus sûre mais un art plus conventionnel, alors que la bataille romantique se joue au Salon. Une liste de la correspondance et un catalogue sommaire des œuvres réalisées en Italie donnent une évidence matérielle à cette hésitation entre l’art et l’institution.

Le principe d’imitatio selon Tintoret

par Anne Corneloup

Le corps de saint Marc et celui de Rangone. Ou le principe d’imitatio selon Tintoret. Dans chacun des quatre épisodes hagiographiques peints par Tintoret pour la Scuola grande di San Marco revient le portrait inséré du confratello, sans doute Tommaso Rangone. Cette étude examine comment, partant de ce quadruple motif obligé, le peintre s’est plu à établir entre la figure du contemporain et celle du saint d’étranges rapports. Tintoret redéfinit ainsi ce que serait une imitatio véritable, et, bien loin de vouloir humilier tel orgueilleux commanditaire, il en donne au contraire le portrait « idéalisé ».

Les tableaux italiens du Settecento dans les ventes parisiennes au XVIIIe siècle

par Ingrid Lemainque

Contrairement à la littérature artistique qui laisse croire que la France des Lumières aime peu le Settecento, une étude statistique des ventes parisiennes de 1730 à 1799 montre que la production artistique la plus éclairée de l’Italie du XVIIIe siècle, de l’Orizzonte à Pannini et de Solimena à Crespi, fut exposée et recherchée par certains collectionneurs. Un répertoire des œuvres et des collectionneurs fait prendre conscience de l’importance de ce marché.

La correspondance d’Henri Focillon

par Annamaria Ducci

La correspondance d’Henri Focillon avec ses parents lors de son premier périple italien (1906-1908) et ses dessins donnent à voir l’imaginaire du jeune Focillon, depuis son inscription dans la tradition de l’Italianische Reise aux métaphores géologiques du temps hitorique. Des visions métaphysiques de Piranèse aux déclinaisons de Corot sur le paysage, du paysage classique à l’idée d’un univers autonome des formes, ce sont les nœuds intellectuels du futur grand historien d’art qui peu à peu, se dessinent au cours de ce Grand Tour.

De Rome à Boulogne-Billancourt : itinéraire de l’Éros d’Alfred Janniot

par Dimitri Salmon

En s’attachant aux détails des tribulations d’un envoi de Rome, l’auteur retrace le destin d’une œuvre, de sa non-exposition à la Villa Médicis à son acquisition récente au musée des Années 30, où elle a retrouvé son identité historique, en passant par l’histoire d’une famille d’architectes caractéristique du style des années 30, les Boileau. L’Éros, pourtant assura la célébrité d’Alfred Janniot et de son art de la sculpture décorative monumentale.

Architecture and Religion in the 17th – century Rome

par Evonne Levy

Dans quelle mesure la rhétorique de l’architecture baroque a marqué les études sur la création architecturale religieuse à Rome au XVIIe siècle. L’influence du Concile de Trente et la dialectique entre l’urbanisme et l’édifice singulier, la symbolique et l’efficace de l’architecture selon les ordres de la Contre-Réforme, l’approche personnelle et spirituelle des architectes : ces multiples thématiques offrent un examen approfondi et contrasté de l’historiographie depuis Argan et Wittkover.

Peinture et spiritualité en Italie au XVIIIe siècle

par Philippe Malgouyres

Dans cet état critique de la recherche à partir des catalogues et des monographies sur une question souvent négligée, la peinture religieuse en Italie au XVIIIe siècle, l’auteur souligne l’écart entre les études récentes sur la spiritualité dans le Secolo dei Lumi et les approches des historiens d’art qui refusent de reconnaître la dimension religieuse de cette création, alors que la commande soutient une abondante production de grands retables et de toiles de dévotion, et qu’une iconographie catholique nouvelle se met en place.

L’art et l’église en France au XXe siècle, de Maurice Denis à Jan Dibbets

par Paul-Louis Rinuy

La querelle sur « l’art sacré » a masqué l’abondance et la diversité de la création religieuse en France au XXe siècle qui du coup n’était pas reconnue dans sa dimension artistique. Mais depuis une dizaine d’années, ces œuvres ont échappé aux seuls discours de la critique ou de l’histoire pour devenir un objet de l’histoire de l’art du XXe siècle. Retracer l’évolution de cette hagiographie permet de mieux comprendre l’histoire de l’art sacré moderne en France et d’ouvrir des pistes de recherche dans une histoire en cours d’élaboration.