La création multiforme de Louis Le Kim imprime sur l’œil des images obsédantes et métaphysiques, virtuoses et troubles. Indifférent au regain figuratif qui réinvestit le désenchantement du monde, l’artiste élabore des œuvres souveraines et dangereuses, à l’ombre du Quattrocento, du cinéma et de la poésie. À la rentrée, il bénéficiera de deux expositions, à Londres et Paris.
Robert Longo
Louis Le Kim
Juste ciel good heavens
Art en pochette
Catherine Issert, 50 ans de Galerie
Comment, à l’entrée du merveilleux village de Saint-Paul de Vence, fréquenté jadis par les plus grands artistes, hélas devenu temple du kitsch, la galerie Catherine Issert a-t-elle réussi à maintenir une programmation toujours aussi rigoureuse? L’explication en est sans doute l’esprit pionnier de sa fondatrice et directrice autant que sa fidélité aux artistes dont elle a choisi de défendre le travail. Elle fête ses 50 ans d’activité en revenant sur son histoire avec une exposition collective à la galerie (28 juin-20 sept. 2025) et une publication (Bernard Chauveau, 325 p., 45 euros). Hommage.
Festival d’Aix la biche aux neuf bijoux
The Nine Jewelled Deer (La biche aux neuf bijoux) est la dernière commande de Pierre Audi, directeur du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, brutalement décédé en mai dernier. Création mondiale pour l’édition 2025, cet opéra bouddhiste conjugue les talents de la compositrice Sivan Eldar, de la chanteuse Ganavya Doraiswamy, de l’écrivaine Lauren Groff et de la plasticienne Julie Mehretu, le tout mis en scène par Peter Sellars. Un monde ultime de magie, de désir et d’espoir à découvrir à LUMA Arles du 7 au 9 juillet, puis au Théâtre du Jeu de Paume, à Aix, du 13 au 16 juillet.
Robert Longo des miroirs qui se souviennent
À l’aube d’une possible guerre économique entre le Vieux Continent et les États-Unis, le contexte, pour un artiste américain inaugurant une exposition en Europe, est délicat. D’autant que l’artiste en question a doté l’art de son époque, au tournant des années 1980, de l’une de ses œuvres les plus emblématiques, la série des Men in the Cities. L’impressionnant écrin qu’est le Louisiana Museum à Humlebæk, près de Copenhague, accueille jusqu’au 31 août 2025, et après l’Albertina de Vienne, une rétrospective de ses fusains. Anders Kold, commissaire de l’exposition, séquence avec précision cet œuvre de plus de 40 ans qui tend au regardeur des « miroirs qui se souviennent », pour reprendre l’expression d’Oliver Wendell Holmes à propos du daguerréotype. Ces grands dessins, à l’apparence hyperréaliste, rivalisent autant avec la peinture et la photographie qu’ils se saisissent de l’histoire. Conversation.
Un compagnonnage Sigmar Polke et Bice Curiger
Bice Curiger consacre sa dernière exposition à la tête de la fondation Vincent van Gogh d’Arles à Sigmar Polke : Sous les pavés, la terre se tient jusqu’au 26 octobre 2025 et offre l’occasion de revenir sur un compagnonnage qui, pendant plusieurs décennies, unit la critique et commissaire à l’artiste.
Voir à travers l’IA
Jusqu’au 21 septembre 2025, à Paris, le Jeu de Paume accueille une grande exposition d’art contemporain sur l’intelligence artificielle : le Monde selon l’IA. Ni panorama de la création par IA, ni exposition de culture visuelle, elle s’intéresse notamment, à travers des œuvres, au rôle des « espaces latents ». Décryptage avec Antonio Somaini, professeur de théorie du cinéma, des médias et de la culture visuelle, co-auteur avec Andrea Pinotti de Culture visuelle. Images, regards, médias, dispositifs (Les presses du réel, 2022) et commissaire général de cette exposition.
Rick Owens, passion brute
Nombreuses sont en ce moment les expositions de mode à Paris. De l’art à la mode, il existe en effet des ponts dont artpress s’est régulièrement fait l’écho. Impossible, donc, de manquer l’exposition Temple of Love du créateur de mode et artiste Rick Owens, qui s’emploie lui-même à « travailler les frontières », au Palais Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris (29 juin 2025-4 janv. 2026). Retour sur son parcours, du feutre de Joseph Beuys à l’art de vivre.
Radu Jude jeux de massacre
L’Histoire serait-elle un éternel recommencement ? Le cinéaste Radu Jude a l’art de dépeindre sur le ton de la farce l’instabilité économique et le chaos politique dans lesquels est plongée la Roumanie depuis la chute de Ceausescu, coincée dans une Mitteleuropa en plein délitement. Héritier des avant-gardes roumaines et disciple de Godard, Jude est sans nul doute l’un des auteurs les plus iconoclastes de ces dernières années. Le réalisateur né en 1977 est l’invité d’honneur de la 36e édition du FID Marseille (8-13 juillet 2025) qui lui consacre une rétrospective. Son film Kontinental ’25 (2025) en fera l’ouverture avant de sortir en salles le 25 septembre.
Gabrielle Wittkop l’amoraliste
La réédition de la Mort de C. et du Puritain passionné (1975) réaffirme l’éclat tranchant d’une œuvre trop longtemps reléguée aux marges. À travers la mémoire d’un ami disparu et la quête d’absolu d’un ascète, Gabrielle Wittkop (1920-2002) déploie une littérature amorale et impitoyable, portée par le souffle glacé d’une styliste hantée par la mort.