Jacques Mitsch

On connaît le parcours atypique de Marc Barbé: sa carrière en tant que menuisier aux États-Unis, avant de rentrer en France, devenir traducteur, acteur, et enfin réalisateur. L'acteur-réalisateur-menuisier, cela pourrait n'être qu'une anecdote si l'on ne sentait pas que c'est aussi parce qu'il a vécu plusieurs vies que ses personnages et ses films sont ainsi.

Après une conséquente rétrospective des films de David Perlov au Centre Pompidou à l'automne 2005, certains d'entre eux ont été acquis par le musée national d'Art moderne et notamment les six chapitres de son Diary (1973-1983), totalisant plus de cinq heures d'une Tare densité. Ce journal filmé, que les éditions Re: Voir viennent de sortir en ovo, représente un ensemble documentaire décalé, autobiographique et familial sans équivalent sur Israël, son cinéma et sa vie. C'est également un réseau de réflexions sur le cinéma, la manière de le vivre et de le pratiquer, en toute indépendance; c'est aussi un essai sur l'amitié et certains liens familiaux très privilégiés.

Un court métrage, The Big Shave et deux moyens métrages, Italian American et American Boy sont présentés dans le DvD Martin Scorsese: courts métrages et documentaires. Trois films de durées inégales, trois entrées idéales pour appréhender le Scorsese des années 70, mais également pour dessiner plus largement une certaine évolution de ce qu'il est aujourd'hui convenu d'appeler le Nouvel Hollywood.

A cannes, on aura rarement autant parlé des courts métrages que cette année. Effet d'optique sans doute. Il faut dire que les 33 films de 3 minutes commandés à d'illustres cinéastes pour le 60° anniversaire suffirent à créer l'événement autour d'un format généralement moins exposé. Pourtant, les films courts, comme chaque année, étaient partout, réser-vant, dans chaque section, quelques agréables surprises. À T'image d'une édition dont tout le monde loua la bonne tenue, cela justifiait bien que l'on s'y arrête dans le détail.

Thème de prédilection d'une large veine du jeune cinéma, courts et longs confondus, l'adolescence se trouve à nouveau au centre de plusieurs sorties de l'été.

Vingt ans de courts métrages, des dizaines de documentaires, de fictions... et un long métrage en écriture: il était temps de dresser le portrait de Jacques Mitsch, cinéaste inclassable qui mélange les genres avec délices et fantaisie. Avec l'accent ensoleillé de Toulouse, il nous parle du format court, de l'humanité et des monstres cachés, du documentaire et de la fiction, de la vérité et du mensonge. Décryptage.

La jetée de Chris Marker

Il y a des images qui sont des jardins qui n'ont rien à voir avec ce que nous vantent les marchands de graines sur les marchés. Ces images arrachent nos fausses tacines, nos dérisoires identités, nos risibles certitudes. Ce sont des herbes folles, affolantes. À voir, humer, respirer, méditer, savourer, caresser, ces trois jardins (suspendus au-dessus de nos mauvaises plantations comme on dit mauvaises fréquentations), ces trois vidéos de Marie Herbreteau (France), Daniela Muttis (Argentine) et Nahed Awwad (Palestine), il apparaît que l'essentiel de nos existences consiste à dépoter-libérer le sublime qui est en nous.

Avant de fermer l'eau, le gaz et l'électricité, puis de courir tout oublier du court métrage dans des lieux qu'on leur souhaite tout à fait dépaysants, nos programmateurs préférés auront eu plus ou moins de travail ces dernières semaines, suivant les options choisies par leur autorité de tutelle concernant leur grille estivale.