Comment la droite ruine la culture

C’est quoi les dièzes ?

par Fanny Taillandier

En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe.

Chowra Makaremi

par Aïnhoa Jean-Calmettes

Sortir du XXe siècle

Diop en Duras

par Marouane Bakhti · visuels: Bettina Pittaluga

La cinéaste Alice Diop a signé huit documentaires et un film de fiction, Saint-Omer, récompensé du Grand Prix du Jury à Venise en 2022. À 45 ans, elle monte pour la première fois sur les planches cet hiver dans Le Voyage de la Vénus noire. Puisque « nous sommes obligés de trouver des moyens nouveaux pour dire la même chose », Diop aménage les formes pour raconter l’intime, l’histoire et l’identité. Échange transatlantique à l’ombre de sa bibliothèque, dans sa maison de Montreuil.

Comment la droite ruine la culture

par Thomas Corlin

Malgré des baisses de subventions majeures, les statistiques de l’intermittence restent stables. Pourtant, sur le terrain, la précarité corrode déjà des secteurs spécifiques : le socioculturel, la régie, la danse contemporaine. Faute d’argent, le solo est la forme ad hoc de l’austérité budgétaire. Comme quoi, Rachida Dati aura malgré tout inspiré un courant esthétique. Suite de notre enquête sur la lente mise à mort du milieu culturel.

God save Palestine

par Émile Poivet

Un récent rapport dénonce le fonctionnement à deux vitesses de la police britannique : les émeutiers d’extrême droite sont très rarement poursuivis, en vertu de leur patriotisme ; les militants propalestiniens et les activistes climat passent leur vie dans les prétoires. Ainsi va la guerre culturelle : on est à deux doigts d’élever l’émeute raciste au rang des traditions vernaculaires. La responsabilité du gouvernement travailliste est immense dans cette affaire. Reportage à Londres autour du 5 novembre, anniversaire de la conspiration des poudres de Guy Fawkes, et à la veille des grands procès.

Lignées de front

par Morgane Bona · visuels: Johanna-Maria Fritz

Sur le front ukrainien, il y a des hommes de toutes générations. Les pères de famille y sont allés sous la contrainte et parfois à reculons ; leurs fils, exaltés par le drapeau et l’urgence de la situation, ont pris les armes volontairement. Mouvement est allé à la rencontre de la jeunesse combattante, celle qui passe ses permissions au cimetière, a de l’arthrose à 18 ans, mange des bonbons et veut rendre fiers ses parents. La guerre modèle les hommes à son image.

Marie Quéau

Sylvain Creuzevault

par Aïnhoa Jean-Calmettes · visuels: Louis Canadas

Le théâtre de Sylvain Creuzevault nous avait habitués à une promesse ambiguë de grand soir. Des paroles jusqu’à la saturation. L’idéal porté à démesure. Le verbe trop haut pour la chair. Les idées trahies par les corps : dis-moi « révolution », je sortirai ma bite. Parle-moi de Dieu, je te répondrai avec un pet. De pièces en pièces, le metteur en scène de 43 ans remonte l’histoire à rebrousse-poil : Robespierre dans Notre terreur, Marx dans Le Capital et son singe, Dostoïevski qui regarde, en visionnaire, « par-delà le socialisme athée » dans Les Frères Karamazov. Le théâtre de Creuzevault dessine sa propre généalogie communiste, une « histoire à soi » des vaincus. Dernièrement, avec L’esthétique de la résistance et Edelweiss, France Fasciste, il s’est joué du récit officiel de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, le voilà qui accoste dans l’Italie des années 1960 et 1970. En s’emparant de Pétrole de Pier Paolo Pasolini, il porte encore au plateau une œuvre impossible. Pourquoi ? L’homme est peu disert sur cette question : « Parce que j’en ai le goût ». Dans une enfilade de notes, l’auteur dresse le portrait d’une société prise en étau entre les pressions du Vatican et les désirs d’émancipation, entre tradition et consommation. En toile de fond, un pouvoir corrompu, des relents coloniaux, l’action directe des Brigades rouges et le vrai terrorisme : celui de l’État. Au centre, un homme partagé entre ses aspirations à la réussite et ses désirs interlopes, la petite musique lancinante du refus de parvenir. De ce roman inachevé - le poète italien meurt avant sa publication dans des circonstances troubles - Sylvain Creuzevault tire sa pièce la plus désespérée. L’intensité est devenue fébrilité, les corps s’absentent, le rire abîme les dents.

L’Irak haute gamme

par Iris Lambert · visuels: Charles Thiefaine

Dans un pays labouré par la guerre, les milices et les désillusions politiques, une voix continue de circuler entre les fractures : celle, rauque et magnétique, de Sajda Obeid. Icône nationale venue des marges, la chanteuse fédère les Irakiens dispersés, des rues de Bagdad aux posts TikTok de la diaspora. Star clandestine et businesswoman aguerrie, Sajda est le régime le plus stable du pays depuis Saddam Hussein. Virée dans la capitale irakienne, sur la banquette arrière.

Claire Bishop

par Thomas Corlin · visuels: Alex Hodor-Lee

Quand l'art soigne sa gauche

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