Léa Drucker

Croire en la poésie

L’ unique pièce de théâtre de Claude Simon parle de séparation existentielle et symbolique et puise dans la propre histoire de l’auteur, son rapport à la mort, à ses parents, à la guerre. Ecrivain, mais aussi photographe et peintre, Claude Simon a matérialisé dans son écriture la séparation dont il parle par un mur placé entre les deux salles de bains des protagonistes, deux couples, celui des parents et celui du fils. Pour Alain Francon, qui met en scène la pièce, il faut chercher comment ce texte se dit et se produit pour en faire apparaître le sens.

Après avoir raconté et incarné la Révolution française à lui tout seul dans son précédent spec- tacle, Maxime d’Aboville creuse ce sillon histo- rique pour sa première mise en scène, celle des Justesde Camus.

Un micro, une actrice et un sujet qui donne les nerfs. Laurène Marx est experte en stand-up triste. Pas be- soin de faire rire pour capter les gens. Qu ’elle joue ses propres textes ou qu ’elle dirige une autre actrice, la conscience est toujours percutée. Comme avec l’em- blématique et autofictionnel Pour un temps sois peu qui dénonce les discriminations vécues par les per- sonnes trans et qu ’elle reprend au festival d’Automne, comme Jag et Johnnydans lequel Jessica Guilloud ra- conte son retour dans une famille maltraitante ou la création du Portrait de Rita.

Dès le 12 septembre au Théâtre des Nouveautés, Isabelle Gélinas partagera l’affiche avec Gérard Darmon et Stéphan Wojtowicz dans une nouvelle pièce d’Hadrien Raccah, Un Château de cartes. “Ra- rement dans ma carrière j’ai cru en un tel spectacle“ , confie la comédienne. L’ancienne élève de Michel Bouquet, qui n’a pas oublié sa consigne de toujours chercher la comédie dans le drame et le drame dans la comédie, trouve ici l’occasion en or de mettre en œuvre cette devise.

Julien Gosselin, nouveau directeur du théâtre de l’Odéon, présente sa première saison auréolée d’ une nouvelle charte graphique. On y retrouve Angélica Liddell, Sylvain Creuzevault, mais aussi des nouveaux venus comme Vimala Pons. Lui- même présentera dès l’automne deux spectacles, Le Passéd’après Léonid An- dréïev et Musée Durasune œuvre fleuve de 10 heures faites avec ses élèves du Conservatoire. L’occasion de revenir sur son théâtre qui empreinte à la littérature mais aussi à la vidéo et à la musique.

En tournage de la série Placée de Léa Fazer, à Neuchâtel et avant les dernières répétitions en août, Isabelle Carré évoque son rôle dans Un pas de côté, d’Anne Giafferi, qu ’elle crée en compa- gnie de Bernard Campan au Théâtre de la Re- naissance.

Un acteur célèbre demande à son fils écrivain qu’il n’a pas vu depuis vingt ans de l’aider à écrire ses mémoires. Peut-être un prétexte pour retrouver cet enfant pour qui il a été trop absent et aussi essayer de tisser un lien avec son petit-fils lui-même apprenti comédien. Je me souviendrai de presque tout, c’est une déclaration d’amour d’ un père à son fils. Une comédie dramatique dirigée par Julien Boisselier avec Pierre Arditi, Nicolas Briançon et Miguel Vander Linden.

Deux jeunes intellectuels assassinent par défi un de leurs camarades et organisent dans la foulée une soirée mondaine. Le corps, caché dans un cof- fre, échappe aux yeux des invités... Sauf à ceux, perspicaces, de leur ancien professeur Emile Ca- dell. La Corde, le célèbre film d’Hitchcock était avant tout une pièce, qui nous revient en France, avec Grégori Derangère dans le rôle jadis immortalisé par James Stewart.

Un étudiant présente à un jury un projet de recherche sur le naufrage de la frégate L’Utile en 1761 à l'est de Madagascar. Abandonnant sur une bande de sable d’1km2 sans cesse balayée par les cyclones 80 mal- gaches qu ’il destinait à l’esclavage, l’équipage retour- nera en France sans états d’âme. Quinze ans plus tard, le chevalier de Tromelin ira chercher les survivants : il en retrouvera sept. Auteur, metteur en scène et aussi anthropologue, Elemawusi Agbedjidji redonne la pa- role à ceux qui ont vécu cette tragédie : le comman- dant en second de la frégate et une esclave malgache. Leurs récits sublimement écrits s’entrecroisent pour donner toute la mesure du traumatisme vécu.

Au Théâtre du Châtelet, du 7 au 19 octobre, Judith Chemla fera partie de la distribution d’Hamletdans la mise en scène de Kirill Serebrennikov. Le rôle du jeune prince danois va se démultiplier en différents comédiens et en plusieurs langues – anglais, russe, allemand, français – et le texte de Shakespeare sera adapté pour un théâtre musical composé par Blaise Ubaldini. Une création événement.